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Affaire Kistnen: une bande organisée sévit-elle en toute liberté et sous haute protection?

28 décembre 2020, 17:30

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Affaire Kistnen: une bande organisée sévit-elle en toute liberté et sous haute protection?

En dépit des caméras qui n’ont rien vu, des téléphones cellulaires qui refusent de parler et des policiers qui ne veulent pas enregistrer des dépositions dans l’affaire Kistnen, des Mauriciens estiment qu’il y aurait bien eu «foul play». D’autant plus que le Dr Ananda Sunnassee, médecin légiste, a déclaré en cour de Moka que Soopramanien Kistnen n’aurait pas pu se suicider dans ces circonstances. Bien plus, le décès d’au moins deux autres personnes dans des conditions suspectes n’a fait qu’ajouter aux soupçons de l’existence d’une bande organisée d’«assassins» agissant pour le compte de personnalités puissantes, déplorent plusieurs avocats.

Le cas Kistnen

Il y a eu beaucoup de rumeurs sur les informations que détenait Soopramanien Kistnen et ce qu’il allait dévoiler. Navin Ramgoolam a parlé de 1 200 Bangladais que ce dernier aurait véhiculés dans différentes circonscriptions pour voter plusieurs fois lors des élections de 2019. Bien qu’ils viennent d’un pays du Commonwealth et ont donc le droit de voter s’ils ont vécu à Maurice depuis plus de deux ans, ces étrangers n’ont le droit de le faire que dans une circonscription.

Nous avons à plusieurs reprises appelé Irfan Rahman de l’Electoral Supervisory Commission, mais il n’est pas revenu vers nous. Il semble que Kistnen possédait aussi des documents qui prouveraient que le MSM a dépassé le seuil autorisé de dépenses électorales. Ces informations suffi- raient à elles seules de remettre légalement en question l’élection de plusieurs députés et ministres du MSM.

Soopramanien Kistnen voulait aussi dénoncer de fausses factures qu’il aurait préparées pour aider les promoteurs de l’hôtel Clear Ocean de Pomponnette. Selon nos renseignements, confirmés auprès de partenaires sud-africains de ce projet, plusieurs factures auraient été émises dans le but de soutirer de l’argent des investisseurs sud-africains et de contourner le contrôle de change existant dans ce pays. Kistnen était, semble-t-il, très bien informé de tout le dossier Pomponnette.

Mais s’il y a un sujet qui semble revenir le plus souvent et dont des preuves ont même été publiées, ce sont les achats d’urgence d’équipements pour lutter contre le Covid-19. Des documents, publiés par l’express, démontrent que le ministre Yogida Sawmynaden intervenait bien dans l’allocation de contrats alors que c’est la State Trading Corporation (STC) qui en était chargée.

Justement, concernant la STC, des documents attestent que Soopramanien Kistnen avait bien été invité à participer à un «emergency procurement» pour le nettoyage et la désinfection des locaux de l’institution. Ce sujet sensible allait définitivement mettre à mal non seulement Yogida Sawmynaden mais tout le gouvernement car il démontrerait que l’on ferait du business sur le dos de la catastrophe nommée Covid-19. Même si dans d’autres pays, notamment en Angleterre, de telles accusations ont fait surface, la différence avec Maurice, c’est qu’ici, on soupçonne forte- ment les décideurs d’avoir bénéficié directement des revenus de ces contrats, comme l’a dit Navin Ramgoolam.

Le cas Kanakiah

Le fait que Pravin Kanakiah a été employé dans le département d’approvisionnement du gouvernement ne serait pas étranger à son décès. C’est en tout cas ce que pensent les avocats de la famille Kistnen, notamment Me Rama Valayden. La famille Kanakiah, elle, même si elle ne veut pas lier la mort du trentenaire à l’affaire Kistnen, ne veut toutefois pas accepter la thèse du suicide. Car selon elle, il n’y avait aucune raison pour que Pravin Kanakiah se donne la mort.

Les circonstances entourant son décès sont encore plus troublantes pour la famille. «Pourquoi avoir laissé sa voiture à Réduit et pris le bus pour aller à Gris-Gris ?» se demande un proche. «Comment se fait-il qu’on l’ait retrouvé sans sa chemise et même sans son marcel (NdlR, débardeur) qu’il portait toujours ?» Comme pour le cas de Kistnen, les images des caméras de surveillance Safe City, que ce soit à Réduit ou à Gris-Gris, n’ont été jusqu’ici d’aucune aide. Encore moins les échanges téléphoniques, déplore-t-on.

«Ne devrait-on pas procéder à une en- quête judiciaire ?» se demande-t-on dans son entourage, «puisque dès le départ, la police s’est disqualifiée en parlant de suicide alors que toute mort suspecte devrait être traitée comme homicide ?» En attendant, l’enquête de la police ne semble toujours pas avoir démarré.

 

 

Perte de contrôle…

<p>Généralement, même s&rsquo;il est prouvé éventuellement qu&rsquo;une tierce personne a commandité un meurtre, il est possible, nous dit un ancien policier, que les <em>&laquo;tueurs&raquo; </em>continuent à se débarrasser d&rsquo;autres personnes qui pourraient témoigner contre eux. <em>&laquo;C&rsquo;est comme quand le Parrain ne contrôle plus ses hommes de main&hellip;&raquo;</em> Cependant, ajoute-t-il, il ne serait pas exclu que le ou les commanditaire(s) distribue(nt) toujours les ordres pour mettre hors d&rsquo;état de nuire d&rsquo;autres témoins<em> &laquo;gênants&raquo;.</em></p>