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Droit de savoir
Des journalistes, à travers le monde, continuent d’être arrêtés, torturés, tués. Que ce soit l’État, les rebelles, les mafieux ou les milieux politiques, les journalistes restent, très souvent (trop souvent!) des femmes ou des hommes à abattre. Ce qui les motive, pour la plupart, c’est le droit de savoir. Le droit de savoir que dans tel endroit du monde, des populations sont dominées, emprisonnées, tuées pour les mêmes raisons: un groupe veut marquer sa suprématie sur un autre. Peu importe que l’on justifie ensuite cette suprématie par du politique, du religieux, du territorial, de l’ethnique, du linguistique, du racial, de l’économique : c’est la suprématie qui reste le maître-mot. Certains, aussi, peuvent se défendre lorsqu’on les attaque pour ne pas être dominés, et même, comme le suggérait Thomas Hobbes concernant la manière d’être des hommes dans l’état de nature, d’aucuns anticipent pour dominer à leur tour. Il n’y a pas de justice dans ce bas-monde, pourrait-on arguer spontanément. Le droit, c’est le droit du plus fort, c’est celui qui arrive à maquiller par des lois internationales (ou nationales) sa suprématie. La justice serait, ainsi, une autre des grandes illusions produites par les hommes, que l’histoire, depuis la plus haute Antiquité, ne cesse de confirmer.
Sans avoir les yeux aveuglés par un idéalisme béat, la justice est ce qui permet aux hommes de régler des différends et des problèmes entre eux. Éprouver l’idée de justice, c’est savoir au plus profond de soi qu’une situation est injuste, et trouver les moyens de la réparer, quand c’est possible. Et le droit de savoir des journalistes fait appel à ce sentiment pour, ensuite, utiliser les techniques mises en place pour enquêter et tenter de mettre à la lumière, avec une marge d’erreur, des choses qui ne tournent pas rond, des cas qui posent problème, et pour des choses encore plus essentielles, le droit de savoir permet d’informer les fois où des populations sont tout «simplement» rayées de la surface de la terre. C’est pour cela que le travail du journaliste est surtout nécessaire à tout pays, même dans ceux où, ouvertement, on leur interdit le droit d’opérer. Dans les pays où ce droit existe et où il est opérationnel, la vigilance ne doit pas du tout baisser, car il existe des moyens de pression, parfois énormes, pour empêcher un travail d’investigation de se faire, car il est gênant. Voilà, peut-être, le mot à retenir concernant le journaliste: gênant. On sait très bien que parfois enquêter sur ce qui est gênant peut sauver des vies. Y a-t-il un journal, sur la planète, qui s’appelle «la gêne» ? C’est, en tout cas, le sous-titre de tout journal qui veut faire son travail.
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