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David de Gaye: «En médecine, la réalité augmentée contribuera à de grandes avancées»
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David de Gaye: «En médecine, la réalité augmentée contribuera à de grandes avancées»
D’origine mauricienne, David de Gaye, consultant en stratégie digitale, a participé au projet «Folding at home», qui a contribué à la recherche pour le vaccin du Covid-19. En quoi consiste ce projet ? Quel est l’apport des technologies à la médecine ? Et le développement de l’intelligence artificielle et la réalité augmentée dans l’île ? Explications.
Qu’est-ce que le Folding at home (F@H) ?
À la base, le projet vise à modéliser les protéines en représentation 3D. Quand celles-ci se plissent, leur forme détermine leur fonction. Folding at home a trouvé un moyen de calculer toutes ces possibilités. Mais cela fait beaucoup de calculs, ce qui aurait nécessité 36 ans au total. Une plateforme de federated computing a été élaborée. Ceci implique qu’on a travaillé sur le plus puissant superordinateur de la planète pour comprendre le Covid-19 et développer de nouvelles thérapies. Chacun pouvait utiliser son ordinateur pour aider à combattre la pandémie.
Comment vous êtes-vous retrouvé dans ce projet ?
J’avais commencé à faire du minage de cryptomonnaies sur mon ordinateur. Pendant deux ans, tous les soirs, mon ordinateur travaillait, lorsqu’inutilisé, pour miner plusieurs cryptos. Début 2018, après une suite de problèmes de hardware où j’ai perdu tous mes disques en même temps, j’ai finalement perdu tous mes gains et le mining n’était déjà plus aussi intéressant à faire, la complexité s’accentuant régulièrement. Plutôt que de laisser mon ordinateur sans rien faire, j’ai cherché comment je pouvais mettre la puissance de calcul de ma machine au profit d’autres choses.
Je suis tombé sur plusieurs projets de recherche scientifique. J’y ai donc participé. C’est incroyable et fou de savoir que je peux participer et contribuer à certains des projets les plus importants de notre espèce, à mon humble niveau et avec un simple PC. C’est à la portée de tous, à tous les âges. Avec les nouvelles technologies, nous pourrions voir encore plus de projets d’envergure dans le futur où chacun contribuera à la recherche, dans l’intérêt de tous.
Concrètement, quel a été le rôle des informaticiens dans la recherche pour un vaccin contre le Covid-19 ?
Les informaticiens ont créé et déployé des solutions afin de créer de vastes réseaux de calculs distribués sur la base d’un principe similaire au minage de cryptomonnaies. Cependant, ce sont des gens, comme vous et moi, «qui ont fait» le travail. N’importe quel individu a pu mettre la puissance de calcul de son ordinateur à la disposition du réseau au travers d’un petit software simple à télécharger et créer un genre de «superordinateur». Bénéficiant de ces milliers de calculs distribués quasi simultanés et permanents, les équipes de recherches ont pu obtenir les résultats en bien moins de temps qu’avec les méthodes traditionnelles jusque-là.
On parle d’une avancée de plusieurs décennies, dont l’impact est tel qu’il se pourrait bien que ce soit la plus grande découverte de l’histoire de l’espèce humaine. Par conséquent, on a pu aider pour la recherche sur le Covid-19. Sur ce plan spécifique, il y avait le projet EVE Online avec des mini-jeux à l’intérieur. Cela se déroule dans l’espace avec une communauté de joueurs dans le monde. Il y avait des représentations graphiques des protéines liées au Covid-19. À partir de là, toutes ces possibilités ont été mises en ligne sous forme de constellations d’étoiles. En fait, les humains sont plus efficaces que les machines à faire cela. En jouant ainsi, les participants ont permis de catégoriser les protéines, et ont contribué à l’avancement des vaccins contre la pandémie.
D’autres Mauriciens y ont-ils collaboré ?
Je n’en ai pas encore rencontré en tout cas mais ce ne serait pas surprenant. La plupart de ces plateformes sont publiques et peuvent être utilisées par tous ceux avec un ordinateur et une connexion Internet.
Cette avancée illustre à la fois la progression de Maurice mais aussi le manque d’accès aux technologies, particulièrement visible pour les cours éducatifs en ligne durant le confinement. Votre avis ?
Cela dépend des pays. On n’a pas toujours accès aux informations par rapport à ce genre de projets. À Maurice, on est bien fourni en technologie. Quand je travaillais chez CIM, une étude avait démontré un taux de pénétration du mobile de 118 %. Quasiment tout le monde a un smartphone et un accès à Internet. Évidemment, cela dépend de ce qu’on en fait après. On a cette opportunité fabuleuse d’accès à toute la connaissance du monde pour un coût relativement bas. Les frais vont continuer à diminuer. Parallèlement, la technologie va continuer à aller encore plus vite. On arrive à des méthodes simplifiées d’utilisation d’intelligence artificielle et d’algorithmes plus performants.
Paradoxalement, je suis conscient qu’il y a des couches de la société qui n’ont pas le même accès à la technologie que les autres. Même si elle devient plus bon marché, cela reste relativement cher pour la plupart des portefeuilles. Mais je pense que cela va diminuer aussi. Dans les prochains mois, il y aura une percée dans le domaine de l’énergie renouvelable, notamment en termes d’avancée sur les batteries et la 5G qui changera énormément de choses. À la vitesse s’ajoutera une amélioration de la qualité de l’information. D’ailleurs, on a vu les avancées en biologie à travers le projet Folding. Et il y aura beaucoup de recherches qui évolueront très vite. Les possibilités sont énormes en médecine, avec des solutions potentielles pour les cancers, le diabète entre autres problèmes de santé des humains.
Les formations en «Internet Of Things, Big Data», algorithme débutent depuis peu. Qu’en est-il des lacunes du pays à ce niveau?
Sur le plan de la formation, définitivement, on a une lacune. Mais j’ai envie de dire qu’elle est la même qu’un peu partout dans le monde. Au niveau des universités, ce n’est pas un sujet nouveau. Le terme d’intelligence artificielle date des années 1950. À Maurice, certaines institutions s’y sont mises et c’est relativement nouveau. Au final, est-on si en retard que cela ?
Après, dire qu’on n’a pas accès aux technologies ne doit plus être une excuse en 2021. Vous avez des cours en ligne, gratuits ou payants, etc. offerts par des grands instituts comme le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Il appartient à chacun de déterminer à quel point il peut utiliser la technologie notamment en éducation. Pour ceux avec un accès limité, des projets se mettent en place notamment avec des salles informatiques dans les cités, etc. On travaille sur une initiative sociale d’intelligence artificielle qui réunira un groupe de Maurice et de Dubaï.
Comment l’intelligence artificielle et la réalité augmentée vont-elles s’ouvrir davantage à Maurice en 2021 ?
À partir de cette année, de gros changements sont attendus dans ces domaines. Par exemple, l’élaboration des nouveaux casques en réalité virtuelle va s’accélérer. Avec le facteur Covid-19, les gens font beaucoup de télétravail. Il fallait trouver des solutions pour qu’ils puissent continuer leurs tâches, tenir des réunions, etc. On voit une grande émergence de ces casques qui permettent aux gens un accès virtuel au bureau ou tout autre lieu de réunion. C’est un créneau qui évoluera vite. D’ailleurs, les prix des casques situés dans les $1 000 à $3 000 (Rs 40 000 à Rs 120 000 environ) l’an dernier seront plus abordables. Facebook a investi massivement dans ce domaine. Une trentaine, voire quarantaine, de modèles de casques devait sortir en décembre 2020. Cela va amener une vulgarisation et un aspect plus pratique pour les gens.
Et en termes de réalité augmentée, on peut désormais le faire à travers une page Web au lieu d’avoir à télécharger une application. Ceci nous mène directement à un contenu 3D qui peut être utilisé en marketing et augmenter les journaux, les objets. En médecine également, la réalité augmentée contribuera à des grandes avancées. C’est un peu comme dans des films de style Minority Report… sauf que là ce n’est plus de la fiction.
Bio express
<p>David de Gaye, dont le père est Mauricien, est né en Europe. Après l’Angleterre, il part en France avant de revenir à Maurice. Détenteur d’un diplôme en psychologie à Bordeaux, il a également effectué des études en Marketing à la Chambre de Commerce de Maurice. Passionné des technologies depuis son jeune âge, il s’est spécialisé en digital marketing et a travaillé au sein d’entreprises internationales et locales dont le groupe CIM. David de Gaye exerce comme consultant en stratégie digitale.</p>
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