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Dépréciation: le passage obligé de la roupie
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Dépréciation: le passage obligé de la roupie
Notre devise locale ne fait pas le poids sur le marché des changes. Elle dépend du dollar ou de l’euro pour l’import et l’export. Compte tenu de la situation mondiale, elle perd forcément de sa valeur…
Il ne faut pas se faire d’illusions. Les bouleversements qui se sont produits le mercredi 6 janvier au Capitole, temple même de la démocratie américaine, n’auront aucun effet sur la vente et l’achat de la roupie face au dollar américain. Hier encore, il fallait Rs 39,95 pour obtenir un seul dollar américain. Autrement dit, si un Américain débarquait à Plaisance, avec un seul billet de $ 100, il pourrait empocher Rs 3 995. Avec une telle somme, il pourrait payer un taxi pour se rendre à l’hôtel le plus proche, prendre un petit-déjeuner copieux et revenir à l’aéroport pour reprendre sa route. En revanche, le Mauricien qui débarquerait à New York, avec un billet de Rs 100, n’aurait en retour que $2,50, à peine de quoi s’acheter une chopine d’eau potable.
C’est cela le taux de change, à savoir le prix à payer pour s’approprier une devise étrangère. Ce qui se passe avec le dollar américain est un phénomène que l’on peut observer par rapport au taux de change entre la roupie et les devises des grandes puissances économiques du monde. La plateforme où ont lieu l’achat et la vente des devises est un espace où la roupie mauricienne arrive difficilement à s’imposer et à imposer sa loi.
C’est plutôt l’inverse qui se produit et c’est cela la dépréciation. Il faut toujours plus de roupies pour obtenir une seule de ces devises indispensables pour des transactions avec l’étranger. On aurait pu se consoler, par exemple, en se disant qu’entre l’Inde et Maurice, la roupie peut faire bonne figure puisqu’il suffit de Re 0,55 pour s’acheter une roupie indienne. Mais l’homme d’affaires de la Grande péninsule n’est pas si bête pour fixer ses prix en roupies indiennes. Il préfère être payé en dollars américains. C’est une posture commune à neuf sur dix ou 10/10 des hommes d’affaires qui font du business avec un Mauricien.
Pour évoluer sur le marché des changes, une devise doit faire état de la performance de son pays au niveau de plusieurs facteurs, dont le taux directeur imposé par la Banque centrale, la croissance économique, la dette publique, la balance courante ou encore le taux d’inflation. Dans tous ces domaines, la République de Maurice ne peut prétendre rechercher une parité de valeur avec les devises étrangères, c’est-à-dire vouloir que pour obtenir un dollar, un euro, une livre sterling ou 100 yen, il suffit de poser une roupie sur la table. Car la demande pour la roupie ne peut se faire que pour les transactions locales et pas ailleurs. Et pour faire des affaires en dehors du territoire, il faut parler en termes de dollar américain et, dans une moindre mesure, de l’euro et de la livre sterling.
Autrement dit, le gouvernement de Maurice ne pourra pas approcher le gouvernement de Joe Biden pour dire que dorénavant, il faut une parité totale entre la roupie et le dollar américain. Dans ce domaine, ce n’est pas la raison d’État qui compte mais la loi du marché qui oscille entre la demande et l’offre. Dans ce jeu d’influences, la roupie laisse des plumes. N’était-ce l’intervention régulière de la Banque centrale sur le marché des devises pour inonder le marché de billets verts, la dépréciation de la roupie aurait été plus conséquente que dans le cadre actuel.
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