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Maltraitance envers les animaux: La MSAW et Maneesh Gobin aux abois

15 janvier 2021, 22:00

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Maltraitance envers les animaux: La MSAW et Maneesh Gobin aux abois

Ils devront répondre devant la loi. La Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) et le ministre de l’Agro-industrie et Attorney General, Maneesh Gobin, ont été convoqués en Cour suprême, le 17 février, par la juge Johanne MoutouLeckning, pour une injonction contre la méthode de «catch and euthanize» et des maltraitances qui se déroulent à la MSAW. Une demande d’injonction qui a été préparée par les hommes de loi Mes Yash Appadoo et Rex Stephen, qui représentent le président de l’organisation non-gouvernementale Quatre Tilapat, Linley Moothien.

Ce dernier a dénoncé, depuis l’année dernière, à plusieurs reprises, les maltraitances envers les animaux au sein de cet organisme gouvernemental. Linley Moothien, qui a juré un affidavit, attend avec impatience la séance en cour prévue le 17 février. «C’est une grande avancée. À plusieurs reprises, nous avons essayé de parler à l’amiable mais rien n’a été fait. Nous avons pendant des mois travaillé sur ce dossier avec mes avocats, surtout après ce qu’il s’est passé le 16 octobre dernier.» En effet, le 16 octobre 2020, selon Linley Moothien et d’autres sources concordantes, un haut gradé de l’Animal Welfare Unit a réquisitionné l’assistance de Quatre Tilapat et de la police pour se rendre à la MSAW de Vallée-des-Prêtres, car il était au courant de nombreuses maltraitances envers les animaux à cet endroit. Les chiens devaient être récupérés pour être transportés dans le sanctuaire de Linley Moothien. Toutefois, malgré la présence de la police et des fonctionnaires de l’Animal Welfare Unit, l’accès à la fourrière de Vallée-des-Prêtres a été refusé. Le haut gradé de l’Animal Welfare Unit, sous l’égide du ministère de l’Agro-industrie, a été muté deux jours plus tard. «Il est temps d’agir car le ministre de l’Agro-industrie couvre les agissements barbares de la MSAW», s’insurge Linley Moothien.

L’activiste de la cause animale, Reda Chamroo, affirme, pour sa part, être content que la MSAW aille en justice. Ayant lui-même à plusieurs reprises essayé de communiquer avec l’organisme et le ministère de l’Agro-industrie, par le biais de lettres et de descentes dans leurs locaux. «Nous sommes partis là-bas à plusieurs reprises, mais ils ne nous ont pas laissés entrer. Nous nous sommes également rendus au ministère, mais le ministre ne nous a pas reçus. Nous avons envoyé plusieurs lettres, mais pas de réponse. Dernièrement nous avons requis l’assistance de l’Animal Welfare Unit, mais elle nous a ignorés.»

Par ailleurs, le mutisme de Maneesh Gobin est aussi dénoncé par Shakeel Mohamed. En tant qu’avocat, il avait envoyé une lettre au ministre le 18 décembre. Il n’a reçu aucune réponse jusqu’ici. La lettre en question faisait état de plusieurs propositions du client de Shakeel Mohamed concernant le remplacement de la MSAW en demandant des rencontres avec Maneesh Gobin. Elle était aussi accompagnée de captures d’écran de vidéos prises en novembre et décembre 2020, montrant la maltraitance qui prévaut au sein de la MSAW. «Depuis le 18 décembre, je suis resté tranquille par rapport à cette lettre. Je n’ai pas voulu en faire une affaire politique, comme je m’en occupe en tant qu’avocat. Mais pendant tout ce temps le ministre n’a même pas daigné répondre à la lettre. Ne pas répondre, cela s’assimile à une conspiration pour cacher les vérités qui se passent entre les murs de la MSAW et tolérer la violence faite aux animaux.» Selon Shakeel Mohamed, le ministre avait l’obligation de répondre car la MSAW reçoit l’argent des contribuables.

Selon l’Animal Welfare Act 2013, la MSAW est considérée comme la société que le gouvernement finance pour, selon la section 13 (1) de cette loi «promouvoir le bien-être et le bon traitement des animaux et empêcher la cruauté envers les animaux».

Pas confiance en l'animal welfare unit

Au sujet de la relation entre la MSAW et l’Animal Welfare Unit, bien que les deux entités soient gouvernementales, l’Animal Welfare Unit ne fait aucunement confiance à la MSAW. «Je ne vais pas entrer dans les détails, mais quand nous avons des cas de maltraitance, les fonctionnaires préfèrent envoyer les animaux dans les sanctuaires non gouvernementaux qu’à la MSAW. C’est pour une raison évidente», révèle une de nos sources à la division vétérinaire.

Contacté pour avoir son sentiment par rapport à l’injonction et pourquoi il n’a pas répondu à la lettre de Shakeel Mohamed, le ministre Maneesh Gobin a répondu, par le biais d’un de ses préposés, qu’il ne ferait aucun commentaire sur l’affaire qui ira en cour. Il affirme de plus qu’il n’a reçu aucune lettre de l’avocat Shakeel Mohamed. De son côté, la MSAW n’avait pas encore répondu à nos questions, concernant l’affaire en cour et les accusations de maltraitance, à l’heure où nous mettions sous presse. 

 

Le nouveau chairman, Didier Pursun, injoignable 

Il avait pourtant promis, à l’express, qu’il allait répondre à toutes les questions de la presse, une fois à son poste. Mais Didier Pursun, nouveau président de la MSAW, avoué de profession, sollicité une nouvelle fois, hier, n’a pas répondu à nos nombreux appels

 

Les propositions d’Idéal Démocrate

Elles consistent en différents éléments dont certains vont au-delà de la MSAW, mais qui, pris dans leur intégralité, contribueraient à régler le problème des chiens errants à Maurice, sou ligne le parti Idéal Démocrate. Plusieurs membres de ce parti ont consacré une étude et rédigé - un rapport sur la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW), en discussion avec plusieurs organisations non-gouvernementales. Les recommandations sont les suivantes :

(a) La réforme totale de la MSAW en une institution gérée et administrée, non pas par les nominés politiques comme c’est le cas actuellement, mais par des personnes compétentes en la matière et surtout qui aiment les animaux.

(b) La conversion de la clinique de la MSAW en un hôpital pour animaux qui opérerait sur une base 24/7 et l’utilisation des «kamion lisien», tant haïs et honnis, comme ambulances pour récupérer les animaux malades.

(c) La création de refuges «Non-Kill Shelters» régionaux qui tomberaient sous l’égide des conseils de district et des municipalités et financés par les fonds CSR.

(d) Utilisant le modèle néerlandais qui a fait ses preuves, mettre en place une politique de «Catch-Neuter- Release» systématique à travers l’île en faisant appel aux ONG internationales telles que le HSI (Humane Service International). À cela, s’ajouterait une taxe importante sur l’achat des chiens de race, encourageant ainsi l’adoption des chiens qui sont dans les refuges.

(e) La mise en place d’un service dédié aux animaux pour sauver ceux qui sont maltraités par leurs maîtres. La violence grandissante dans notre société affecte aussi les animaux, sans défense. Cette «escouade» serait aussi responsable de l’élevage illégal.

(f) La reconversion, à travers un entraînement approprié, d’un nombre de chiens errants en «Support Dogs» qui, selon leur caractère, peuvent facilement agir comme soutien dans les écoles pour les enfants en détresse scolaire, pour les personnes âgées ou autrement capables ou même comme compagnons dans les centres de réhabilitation comme le CYC ou le RYC.

(g) Responsabiliser les maîtres en amendant l’Animal Welfare Act pour des sanctions plus sévères en cas de maltraitance avérée sur les animaux.

(h) Inclure le respect des animaux dans le cursus scolaire car cette éducation-là commence dès le plus jeune âge.

(i) Encourager l’installation d’une école de vétérinaires sur le territoire mauricien pour pous ser plus de jeunes à se tourner vers des études en ce sens au vu du manque de vétérinaires actuel. - Il est urgent d’apporter des solutions sur le long terme. Quand on connaît le coût des études à l’étranger, il serait judicieux de proposer ce type d’orientation à Maurice.

Des chiens errants par dizaine de milliers

La Humane Society International (HSI), organisation internationale qui milite pour les droits des animaux, avait effectué une étude qui a démontré que Maurice possède 260 000 chiens environ. Alors que l’ancien ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, avait avancé le chiffre de près de 300 000 chiens, dont 80 000 sont des chiens errants, au Parlement, en 2016.

Manque de vétérinaires ?

Serait-ce un autre problème à la MSAW ? C’est ce que semblent penser certaines sources. Tout a commencé quand, avec consternation, Yash, un habitant de Flacq, et sa fiancée ont appris qu’il n’y avait pas de vétérinaire disponible à la MSAW, mardi. «Nous avons ramassé un petit chat accidenté sur la route à Alma, il y a quelques jours. Le chaton avait besoin de plusieurs soins médicaux, je lui en ai donné mais comme j’ai des chiens qui ne l’aiment pas je me suis dit que c’était mieux de l’emmener dans un endroit où il recevra des soins et où on pourra le garder.» Cependant, en arrivant à la MSAW, il dit avoir appris avec stupeur des employés, qu’il n’y avait pas de vétérinaire disponible. «Les employés m’ont dit qu’il n’y avait pas de vétérinaire et que cette situation perdurait depuis longtemps.» Selon une source, c’est effectivement courant qu’il n’y ait pas de vétérinaire disponible 24/7. «Des animaux viennent et meurent sans qu’on sache ce qu’ils ont eu.» Une autre source nous révèle pour sa part que si un vétérinaire est présent, c’est seulement durant 30 minutes par jour. «Zot nek vini get gete. Souvan pou bann urzans zot pa la.»Ce problème de manque de vétérinaires faisait partie des questions posées à la MSAW et pour lesquelles, nous attendons toujours les réponses.