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Affaire Kanakiah: quel a été le rôle du constable «P» ?

19 janvier 2021, 20:30

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Affaire Kanakiah: quel a été le rôle du constable «P» ?

Reshmee Kanakiah a été tellement traumatisée par la mort de son jeune époux, mais surtout par le traitement reçu par la police, qu’elle avait préféré ne pas s’exprimer. Toutefois, maintenant, elle a décidé de sortir de son silence et veut tout raconter au public. Voici un incident qu’elle nous a relaté et qui demande des explications de la part du commissaire de police ou du contractuel Heman Jangi.

Cadavre méconnaissable

Le corps de Pravin Kanakiah n’était déjà pas joli à voir quand on l’a retrouvé à La Roche-Qui-Pleure. Mais après l’autopsie, il était encore plus méconnaissable. La mère de Pravin et même l’épouse, toutes deux déjà fortement secouées psychologiquement, surtout avec les doutes entourant le soi-disant suicide allégué du fonctionnaire, avaient, à la réception du corps de l’entreprise de pompes funèbres Moura, eu une réaction certes compréhensible mais qu’elles jugent maintenant irrationnelle.

Elles avaient déclaré aux policiers que ce n’était pas le corps de leur Pravin. Avant de se remettre et d’admettre que c’était bien le sien. Cet épisode a d’ailleurs été utilisé par certains policiers pour jeter le doute sur la famille Kanakiah, en la qualifiant d’hystérique. Mais c’est ce qui s’est ensuite produit juste après, qui est encore plus indigne, pour dire le moins, de la part de certains membres de la police.

Entrée en scène du constable «P»

En entreprenant des démarches pour une contre-autopsie du corps de son époux, à pratiquer par le docteur Satish Boolell, Reshmee Kanakiah s’est retrouvée face à un constable franchement hostile à la station de Plaine-Magnien. «Aucun respect, aucune considération pour une proche de victime. Il a même haussé le ton en entendant parler d’avocat», nous dit-elle. Alors que le policier commençait à prendre la déposition de Reshmee Kanakiah, il a pris son téléphone pour appeler quelqu’un.

Après la conversation téléphonique, le constable a recommencé à écouter la veuve Kanakiah, mais d’une seule oreille, sans ne plus rien noter. Jusqu’à ce qu’un homme en civil déboule dans le bureau et prenne la place du constable en uniforme, qui a abandonné cette tâche et a disparu de la scène.

Le policier en civil ne s’est même pas, présenté et ce n’est que plus tard que Reshmee Kanakiah apprendra qu’il s’agissait du constable «P» basé au poste de Plaine-Magnien.

Balade en panier à salade ?

Après avoir enregistré la déclaration de Reshmee Kanakiah ou, du moins, après avoir fait semblant de le faire sur un papier qui était déjà rempli d’écritures, le constable lui a dit qu’il allait la déposer chez elle dans le fourgon de la police. Et il a insisté malgré le refus de Reshmee qui, elle, voulait rentrer en voiture, avec son beau-frère et sa belle-sœur.

Au final, Reshmee a accepté, mais elle a été surprise de constater que «P», n’ait pas voulu qu’elle soit accompagnée par l’un de ses beaux-frères, dans le fourgon de la police, bien qu’il y avait de la place. À part «P», et un autre policier qui conduisait le fourgon, une femme policière, s’est assise à côté de Reshmee, à l’arrière.

Enlèvement, séquestration et intimidation ?

À un certain moment, au lieu de prendre la direction de Plaine-Magnien, le fourgon a continué tout droit. Quand Reshmee s’est adressée à «P» pour comprendre, celui-ci lui a répondu qu’il avait quelque chose de personnel à faire et qu’il la ramènerait chez elle ensuite. Malgré les protestations de Reshmee, le fourgon a continué sa route et «P» a ordonné au chauffeur de s’arrêter devant un commerce à Trois-Boutiques.

Le constable est descendu, puis est revenu, quelques minutes plus tard, avec une bouteille d’eau et un verre qu’il a proposé à Reshmee. Celle-ci a refusé en déclarant: «Je ne veux pas boire quoi que ce soit. Je veux rentrer chez moi. Je suis déjà très stressée. Je dois m’occuper de mon fils de deux ans et préparer les rituels pour les funérailles de mon mari.» Et sur le chemin du retour, au lieu de prendre la direction de Plaine-Magnien, le fourgon a bifurqué à gauche vers Plein-Bois.

C’est alors que Reshmee a commencé à s’inquiéter sérieusement. Haussant le ton, elle a demandé aux policiers de s’arrêter, mais le fourgon a continué sa route. Reshmee a alors menacé de sauter du fourgon si celui-ci ne s’arrêtait pas, cela même s’il continuait de rouler. Après avoir réitéré ses menaces, la policière qui était à côté d’elle, s’est enfin réveillée, exigeant que l’on s’arrête. Et «P» a fait stopper le véhicule.

Reshmee en est sortie et n’a plus voulu qu’on la ramène chez elle, disant que son beau-frère et son frère étaient juste derrière eux et qu’ils les suivaient. C’est à ce moment-là que «P» s’en est rendu compte et qu’il s’est adressé à Reshmee sur un ton de reproche :«Ou bofrer ti pé suiv nou !»

Pas de plainte contre les collègues

La veuve Kanakiah s’est ensuite dirigée vers la voiture de son beau-frère et s’est directement rendue au poste de police de Plaine-Magnien pour consigner une déposition contre la bande à «P». Au poste de police, le policier n’a pas voulu prendre sa déposition lui disant : «Pa kas latet, mo pou koze ar li (NdlR : P).» Quand Reshmee Kanakiah en fera plus tard part à la MCIT, encore une fois, on la convaincra de ne pas déposer plainte contre le constable P et ses collègues.

Contacté, Shiva Coothen du département de communication de la police a conseillé à Reshmee Kanakiah d’aller faire une déposition auprès de l’Independent Police Complaints Commission. Ce qu’elle compte faire bientôt. En attendant, ses proches et elle se demandent encore la raison de la manœuvre de «P» et de ses acolytes. Y a-t-il eu tentative d’intimidation, de faire peur, ou pourquoi pas autre chose ? Aura-t-on un jour la réponse ?