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Productivité et compétitivité: Ces jeunes et leurs projets de société
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Productivité et compétitivité: Ces jeunes et leurs projets de société
Leurs projets communautaires ont été primés le samedi 23 janvier et ils ont reçu leur récompense des mains du Premier ministre, Pravind Jugnauth. Ils sont trois groupes de participants ayant bénéficié d’une formation en leadership lors de la deuxième édition du «National Leadership Engine», une initiative du National Productivity and Competitiveness Council. «L’express» a sollicité les trois team leaders pour évoquer leurs projets.
1er prix
Centre de jeunesse de Souillac : «shellter ansam pou meyer lamer»
On a choisi le mot Shelter avec un double ‘l’ car au début, les gens pensaient qu’on parle d’un home pour des personnes. En inscrivant Shellter, cela renvoie à la mer grâce au mot anglais Shell», nous explique d’emblée Jairajsingh Jugroop. Leur projet concerne, en effet, la création d’un habitat artificiel pour les poissons. «L’idée au départ c’était d’attirer des poissons et subséquemment, des touristes qui allaient venir les regarder. Mais ensuite, on a aussi pensé aux coraux qui se meurent. Et on a ainsi voulu donner un coup de main pour rétablir l’écosystème marin. On a alors construit un habitat artificiel devant l’hôtel La Pirogue à Flic-en-Flac et, grâce à la réalité virtuelle, on a suivi la croissance des poissons dans cet habitat qui va à l’avenir se transformer en récif coralien», explique ce diplômé en Hospitality and Tourism Management, qui est à la recherche d’un emploi.
Comment ce groupe de jeunes a-t-il choisi son projet? Son leader nous confiera que lorsque la compétition a été lancée, ils ont trouvé qu’il y avait deux problèmes ma- jeurs auxquels fait face la société: l’environnement et la santé mentale. «On a discuté avec le ministre de la Santé qui nous a fait part que les gens parlent difficilement de leur santé mentale. Pendant cette même période, il y a eu l’échouage du MV Wakashio. On a alors préféré nous réorienter vers l’environnement. On a parlé aux différentes parties prenantes, à savoir des pêcheurs, des plaisanciers, des Mauriciens lambda. On a sollicité l’aide d’experts pour nous guider dans la réalisation du projet», souligne le jeune homme. En octobre dernier, le groupe a aussi effectué une campagne de sensibilisation dans le village de Flic-en-Flac. À présent, d’autres hôtels leur demandent de reproduire le même projet chez eux. «Tout dépend des conditions de la mer. Pour le moment, on a eu un permis pour mener ce projet à Belle-Mare, mais c’est très coûteux. On attend d’avoir des sponsors.»
2e prix
Centre de jeunesse de Mahébourg : «don li so coco»
Alors qu’ils cherchaient un nom pour leur projet, les paroles de la chanson Coco, interprétée par Elijah et Otentik Groove, leur sont venues aux oreilles. Ils sont les cinq membres du groupe de Mahébourg qui ont réalisé des pots pour remplacer ceux en plastique. «On voulait faire quelque chose contre l’utilisation du plastique. On a fait des recherches pour savoir ce que nous avons en abondance à Maurice et qui pourrait servir d’alternative. Il y a la bagasse, les feuilles de bananiers et la noix de coco. En affinant nos recherches, on a trouvé qu’on peut faire des pots à partir de la fibre de noix de coco», explique Yeshna Aodhorah qui vient tout juste d’obtenir son diplôme en psychologie et qui est assistante chercheuse au Mauritius Institute of Education (MIE). Ces pots, dit-elle, ont plusieurs avantages. «Ils sont 100 % biodégradables. On peut les transplanter dans la terre directement lorsque le plant grandit car les racines poussent en harmonie avec le pot. Celui-ci est résistant à l’eau. Ce qui fait qu’il retient de l’eau pendant longtemps. Vous n’avez pas besoin d’arroser régulièrement», affirme la jeune femme.
Combien de temps cela prend-il pour réaliser des pots fabriqués à partir de noix de coco? Yeshna Aodhorah nous confie que c’est surtout l’extraction de la fibre qui prend du temps. Car le groupe le fait manuellement, contrairement aux pays où ce processus se fait à la machine. «À trois personnes, cela nous a pris cinq heures pour réaliser quinze pots», dit-elle. Mais, malgré les difficultés qui découlent de la situation du Covid-19, ajoute-t-elle, des sponsors n’ont pas hésité à les aider dans ce projet qui a suscité leur intérêt. D’ailleurs, les œuvres de ce groupe de jeunes de 22 à 25 ans ont été exposés dans des malls du groupe Ascencia.
3e prix
Centre de jeunesse de Flacq : «zenes espri zen»
Ils sont huit jeunes à avoir trouvé que la santé mentale était un problème majeur dans notre société. Ils se sont donc réunis pour en faire l’objet de leur projet. «On a parlé avec des gens autour de nous et on a trouvé que très peu d’entre eux ont recherché de l’aide, alors que d’autres préféraient prétendre que le problème n’est pas réel. Par la suite, on a préparé un questionnaire en ligne, dont les réponses nous ont permis de constater que le problème touchait beaucoup de personnes âgées entre 16 et 25 ans. On a trouvé qu’elles étaient affectées par les problèmes suivants: le stress, les conflits au sein de la famille, le bullying, les relations, l’isolement et la solitude. On a fait des programmes en vue d’at- teindre cette tranche d’âge. On a notamment pris connaissance d’un cas de bullying auquel fait face un jeune en raison de son orientation sexuelle», relate Mokshadha Shibnarain qui est en quatrième année de médecine à l’université de Maurice. Soulignons que le groupe a aussi interviewé les députés de leur circonscription ainsi que le président de la République, Pradeep Roopun, à ce sujet. Pour leur documentation, le groupe s’est tourné vers des professionnels locaux de la santé mentale, le neuropsychologue mauricien, Dr Vincent Oxenham, établi en Australie, et Munish Jindal de la compagnie indienne MentorX, spécialisée dans le coaching et le mentoring.
Lors de leurs différents jours d’activités, ces jeunes ont eu recours à des thérapies va- riées. À savoir la thérapie par l’art, la puppy therapy, la médiation, une compétition pour s’exprimer sur la santé mentale à travers la peinture, le slam, la poésie, les diary entries, entre autres. Ils ont également développé un prototype d’application mobile. «D’ailleurs, on compte l’améliorer pour permettre à des personnes de nous contacter à travers des blind chats. S’ils le souhaitent, on va alors les mettre en contact avec des psychologues et psychiatres que nous avons sollicités dans le cadre de notre projet, ou encore faire la liaison avec les services publics dans le cas de ceux qui n’ont pas les moyens de payer une consultation privée», indique la jeune femme.
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