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Rezinah Ahmed se livre sans réserve sur le Bangladesh

29 janvier 2021, 21:07

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Rezinah Ahmed se livre sans réserve sur le Bangladesh

Rezinah Ahmed, haut-commissaire du Bangladesh, a convoqué la presse, mercredi, pour annoncer les différentes activités qu’organisera le hautcommissariat cette année. L’occasion aussi de parler des relations bilatérales et des travailleurs bangladais, certes, mais aussi de révéler des facettes méconnues de ce pays d’où Maurice fait venir un grand nombre d’ouvriers. À ce jour, environ 25 000 travailleurs bangladais se trouvent sur notre sol. Tour d’horizon.

 Dates importantes

Le centenaire de la naissance du père de la nation bangladaise, Bangabandhu (titre signifiant ami du Bangladesh) Sheikh Mujibur Rahman, né le 17 mars 1920, sera bientôt célébré. Cet anniversaire n’a pas pu être célébré l’année dernière, en raison du Covid-19. Par ailleurs, le pays célèbrera le 50e anniversaire de son indépendance le 26 mars prochain.

 Relations bilatérales

Nos pays partagent des relations bilatérales très amicales et Rezinah Ahmed estime qu’il n’y a pas de grande différence entre Maurice et le Bangladesh. «On partage la même histoire, le même héritage et la même culture. Je ne me sens pas comme une étrangère. C’est très facile de s’adapter à Maurice. Et on se plaît ici.» Elle renouvelle sa reconnaissance au gouvernement qui a donné à une rue portlouisienne le nom du père de la nation bangladaise, le 17 décembre dernier.

 Éducation

Le Bangladesh offre 69 bourses aux étudiants internationaux, excluant 11 pays de l’Asie du Sud. Les étudiants en médecine peuvent, en effet, entreprendre des études au Bangladesh Medical College et au Bangladesh Dental College qui sont deux institutions de renom. À ce jour, aucun Mauricien n’étudie au Bangladesh, et vice-versa. La date butoir pour la soumission des candidatures, cette année, est le 5 février. Par contre, une dizaine de Comoriens font leurs études au Bangladesh.

 Memorandum of Understanding (MoU)

Quelques MoU entre nos deux pays sont prévus. Parmi, un air service agreement. «Celui-ci est prêt à 90 %. Quand cet accord sera signé, on s’attend à des vols directs entre nos deux pays», laisse entendre Rezina Ahmed. D’autres sont en attente en raison du Covid-19. 

Social

Tout comme en juin 2019, à l’occasion de la Journée mondiale du donneur de sang, le haut-commissariat organisera une collecte de sang. Également au programme, le nettoyage des plages avec l’aide des 25 000 travailleurs bangladais. «Ils sont très intéressés à prendre part à des activités sociales pour aider Maurice.» Sans compter des repas qui seront servis dans des homes.

Relations commerciales

Les relations commerciales sont loin d’être satisfaisantes, mais les deux pays travaillent pour les améliorer. Nous importons des crevettes et des médicaments en petites quantités du Bangladesh. Une autre avenue de coopération serait la fourniture de chalutiers. «Le Bangladesh occupe le marché global de construction de bateaux à hauteur de USD 1,6 milliard et 1 % du marché mondial des petits bateaux dont Maurice a besoin pour la pêche.»

 Accident à Pailles

Quatre ouvriers bangladais victimes de l’accident survenu à Pailles le 5 novembre dernier reçoivent toujours des soins à l’hôpital Victoria. L’état de deux d’entre eux inspire de vives inquiétudes.

 Tourisme

«Maurice perd des touristes bangladais car le visa est émis en Inde. Il y a une barrière psychologique qui les retient d’envoyer leur passeport en Inde. J’ai déjà approché le gouvernement mauricien pour l’émission de visas en ligne. Quand je suis arrivée à Maurice, les agences de voyages m’ont demandé de faciliter le visa et ils amèneront des milliers de personnes.» Elle estime que les Bangladais sont très intéressés à visiter Maurice. «Même le tourisme médical aurait marché car les Bangladais se rendent en Inde pour des traitements mais aussi à Bangkok et à Singapour.»

 Travailleurs étrangers

«On ne reçoit pas de plaintes de grandes compagnies mais des petites entreprises et on enquête immédiatement. C’est faux de dire que les travailleurs étrangers sont maltraités. D’ailleurs, certains ont vu leur contrat être renouvelé à plusieurs reprises et ils ont travaillé à Maurice pendant dix à treize ans. Avec 25 000 travailleurs étrangers, il y aura forcément des problèmes mais ceux-ci ne sont pas graves», estime Rezinah Ahmed. Quid des ouvriers qui disparaissent dans la nature ? «Il y en a environ 1 000. Des Mauriciens recrutent ces Bangladais en leur promettant plus d’argent. Ce sont des gens pauvres.»

Rezinah Ahmed a demandé au ministère du Travail de «look into the matter» comme on dit pour empêcher le recrutement des Bangladais qui disparaissent.

 Croissance économique

Ces 12 dernières années, le Bangladesh a fait des progrès remarquables. «La croissance économique a varié entre 5,5 % et 8%. Et les cinq dernières années, au-delà de 7%. En 2020, notre croissance économique tournait autour de 8,5 % et il avait été prédit que ce chiffre allait monter en 2021. Malheureusement, avec le Covid-19, notre taux de croissance sera de 5,2 %.»

 Investissement

Deux investisseurs mauriciens dans le textile, CMT et Ciel, sont présents au Bangladesh. En revanche, à Maurice, il n’y a pas que quelques-uns avec maintenant la citoyenneté mauricienne qui ont des petites entreprises avec une quinzaine d’employés.

 Projets

Parmi dix projets prioritaires au Bangladesh, sept sont en voie d’implémentation. Le coût: USD 40 milliards. «C’est notre argent», précise Rezinah Ahmed. Il y a, notamment, le Padma Bridge mesurant 6,5 km qui va connecter la capitale au nord du Bangladesh.

 Covid-19

Ce sont surtout des Bangladais dans les villes qui ont été affectés par le Covid-19. «Dans les villages, ils n’observent pas les gestes barrières mais ils travaillent la terre sous le soleil. Leur défense immunitaire est plus solide que ceux des régions urbaines. Même à Maurice, aux Seychelles et à Madagascar, aucun ouvrier bangladais n’a contracté le Covid-19»