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Rodrigues: du jamais vu, le prix de l’ourite monte à pic
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Rodrigues: du jamais vu, le prix de l’ourite monte à pic
Encore une affaire d’ourite. Il ne s’agit pas de cuisson dans une bouilloire cette fois-ci, mais d’une pénurie dans l’île aux ourites… avec comme conséquence, une hausse vertigineuse du prix de ce fruit de mer à Rodrigues. Pendant le confinement à Maurice, le demi-kilo d’ourite se vendait à Rs 35. Par la suite, il est passé à Rs 60 – Rs 70 le demi-kilo. Malheureusement pour le consommateur, l’ourite se commercialise désormais à Rs 125 les 500g.
D’après les Rodriguais et les commerçants de l’île, cette hausse est survenue depuis quelques semaines quand des hommes d’affaires de Maurice ont voulu acheter des ourites pour les revendre sur le marché mauricien. L’un d’eux a mis le prix fort pour obtenir le plus d’ourites auprès des banians et des pêcheurs. Ils ont également recruté des agents qui sillonnent l’île pour eux. Les exportateurs rodriguais ont également dû leur emboîter le pas. D’après un Rodriguais, des agents se rendent même en mer pour acheter directement des pêcheurs.
Cette situation de «l’offre et de la demande» a causé une pénurie sur le marché local. Elle n’affecte pas uniquement les consommateurs, mais également des entrepreneurs. «Il y a beaucoup de femmes avec peu de moyens qui achetaient quelques kilos d’ourites quand elles se vendaient entre Rs 60 et Rs 70 le demi-kilo pour faire du piment-ourite en pot, des ourites grillées ou des ourites séchées. Elles ne peuvent plus le faire», raconte-t-il. Selon un pêcheur d’ourites d’Anse-Baleine, un village du Sud, les exportateurs ou les banians achètent ce fruit de mer entre Rs 85 et Rs 100 le demi-kilo. «Je ne sais pas à combien ils le vendent sur le marché, mais nous le vendons à ce prix-là parce qu’il y a de moins en moins d’ourites dans le lagon», commente-t-il.
Business d’exportation
Du côté des consommateurs, Karl Gentil, le président de l’Association des consommateurs, affirme que les autorités doivent agir. «Les Rodriguais n’arrivent pas à consommer de l’ourite. C’est impensable. J’avais l’habitude d’aller en acheter chez un particulier, mais il m’a fait comprendre qu’il n’y en a plus en raison de l’exportation.» Pire, Karl Gentil ajoute qu’il a eu des informations selon lesquelles l’ourite de Rodrigues est mis en sachets à Maurice pour être revendu dans son pays d’origine. «Beaucoup de personnes exigent que le prix de l’ourite soit fixé par le gouvernement régional, mais cela ne servira à rien si les inspecteurs ne font aucun contrôle», déplore-t-il.
Effectivement, le gouvernement régional a songé à fixer le prix de l’ourite, mais rien n’est définitif, explique Richard Payendee, le commissaire de la Pêche et des parcs marins. Il avoue que c’est une première à Rodrigues. «Il y a plusieurs facteurs à prendre en considération. Les Mauriciens visitant l’île en nombre consomment beaucoup d’ourites et ils rentrent chez eux avec quelques kilos dans leur valise. De plus, il y a un business d’exportation qui s’est développé juste après la fin du confinement», explique-t-il.
Le gouvernement régional a mis un comité sur pied pour prendre les mesures appropriées. Outre la possibilité de contrôler le prix, le gouvernement songe aussi à réguler l’exportation d’ourite en période de pénurie pour protéger la population locale. L’introduction d’un système de permis pour l’exportation est également envisageable. De plus, l’Assemblée régionale de Rodrigues recrutera prochainement des fonctionnaires pour sévir contre ceux qui s’adonnent à la pêche illégale à l’ourite. «Nous dépensons Rs 15 millions annuellement pour protéger les ourites. Nous ne voulons pas que cela ne serve à rien. D’ailleurs, avec la fermeture depuis vendredi, on verra comment évolue la situation», déclare le commissaire Payendee. Pour le pêcheur d’Anse-Baleine que nous avons interrogé, les Rodriguais et les touristes pourront savourer pleinement ce fruit de mer à l’ouverture de la pêche à l’ourite à la fin du mois prochain.
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