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Analyse: Le meeting des Avengers, un demi-échec

4 février 2021, 22:30

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Analyse: Le meeting des Avengers, un demi-échec

L’organisation du groupe d’avocats surnommés «Avengers» interpelle. Si beaucoup saluent leur mérite à mener un combat en quête de la justice, en revanche, depuis dimanche dernier, d’aucuns questionnent leur stratégie et celle de leurs alliés. Pour de nombreuses personnes, le meeting à La Louise a été, à la fois, une demi-victoire et un demi-échec ; notamment à cause de la durée, du nombre d’orateurs et de la cascade de révélations à assimiler. Les Mauriciens ne sont pas habitués à des meetings aussi longs, dit-on. Puis, certaines révélations ne l’étaient pas, comme l’accident de la route de Pravind Jugnauth qui avait déjà été rapporté dans l’express en juillet 1996

Pour Jocelyn Chan Low, historien, présent à La Louise dimanche dernier, il aurait été difficile de ne pas accorder la parole à tous ces orateurs. «Ce groupe n’est pas un parti politique, donc pas structuré. Ainsi, selon moi, il fallait donner à tout un chacun la chance de parler. Il y a eu des révélations, mais j’estime qu’il y en avait trop et l’homme ne peut pas tout assimiler.» Il considère que le meeting a trop traîné et c’est la raison pour laquelle des personnes ont commencé à vider les lieux bien avant la fin. 

Dharam Gokhool, ancien ministre et observateur politique, tout en saluant le travail de ce groupe, est, lui, d’avis que ces avocats doivent savoir comment partager les informations. «Ils doivent avoir une stratégie de communication bien définie. Sinon, comme j’ai constaté dimanche, le public sera confus. Il ne faut pas qu’il y ait plus de quatre ou cinq orateurs. Aussi, ils doivent mettre l’accent sur un thème particulier et le développer en détail.» 

Interrogé pour savoir s’il existe une similitude entre ce mouvement et celui d’avant 1982, il dira que nous sommes loin de cette année là. Selon lui, «on est encore loin d’une échéance électorale et de tels mouvements gagnent en élan à l’approche d’un scrutin». 

De son côté, Krish Ponnusamy, lui aussi observateur politique, soutient qu’un meeting doit avoir un objectif bien précis pour atteindre son public. «La question que je me pose est : est-ce que le public a tout cru de ce qu’a rapporté ce groupe d’avocats ? Car, souvent, la vérité prend du temps à être vérifiée. Il ne faut pas aller trop vite et tirer des conclusions hâtives. Alors que j’étais fonctionnaire et que je suivais avec attention l’affaire Sheik Hossen, une personne avait soutenu que la police secrète et le Premier ministre d’alors étaient derrière l’incendie du journal Le Mauricien. Il y avait tellement de build-up autour de cette affaire là qu’une majorité de Mauriciens croyaient vraiment ce que racontait cet homme. Et c’est à la suite d’une commission d’enquête qu’on a su toute la vérité et l’homme était qualifié de psychopathe.» 

Il ajoute que c’est bien qu’il y ait une telle équipe, mais que ses membres doivent «tout vérifier avant de parler». 

Par ailleurs, un parlementaire du Parti travailliste estime que la teneur des discours de certains doit être davantage mesurée. «On ne parle pas de ‘fer disan koulé’ ou encore ‘nou ki zot mari’». Ce genre de langage est mal perçu parmi la grande majorité de la population. Il trouve aussi que certains jeunes avocats visent une carrière politique. 

Un ancien ministre fait, quant à lui, ressortir que les principaux orateurs ont un passé peu glorieux et qu’un parmi eux a même été critiqué dans le rapport Lam Shang Leen. «Comment faire confiance à ces gens-là ?» se demande-t-il.