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Affaire Kistnen: les instructions d’achat venaient du ministère du Commerce pas de la STC

5 février 2021, 19:46

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 Affaire Kistnen: les instructions d’achat venaient du ministère du Commerce pas de la STC

 

Le choix des sociétés pour la fourniture d’équipements médicaux durant le confinement a été fait par le ministère du Commerce, et pas par la State Trading Corporation (STC). C’est, en substance, ce qu’a répondu Krishnamurthy Ragaven, officier en charge de l’administration de la STC, aux questions de Me Azam Neerooa du bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP). Il intervenait, ce jeudi 4 février, dans le cadre de l’enquête judiciaire sur le décès de Soopramanien Kistnen, au tribunal de Moka.

Durant cette période, les contrats ont été alloués sans passer par des appels d’offres, a expliqué Krishnamurthy Ragaven. Le fournisseur a été choisi parmi une liste de sociétés. Qui fournit cette liste «restreinte» ? a demandé Me Neerooa. Réponse : «Je fais une recherche sur le Net pour avoir les détails.» Face à quoi, Me Roshi Bhadain, l’avocat de Koomadha Sawmynaden, est revenu sur cette procédure. «Comment est-il possible que vous recherchiez des informations sur des compagnies dont les noms ne figuraient pas à ce momentlà sur le Net ? This is important, this is a murder case…»

Venant à la sélection du prestataire de services pour nettoyer et désinfecter la STC, Me Azam Neerooa a voulu savoir si la compagnie opérée par Soopramanien Kistnen et Vinessen Subboroyan a bien coté à Rs 39 par mètre carré, soit un prix plus élevé que la compagnie Neetee Select. «Oui», a répondu Ragaven. Et c’est Neetee Select qui a remporté, pour Rs 565 539, le contrat consistant au nettoyage des entrepôts de la STC situés à Roche-Bois et à Ébène. Ce qui confirme donc que Kistnen avait perdu le contrat d’avance.

Krishnamurthy Ragaven a confirmé par la même occasion que Bo Digital a remporté, en l’espace de cinq jours, des contrats valant en tout Rs 308 millions pour la fourniture d’équipements médicaux, soit du 2 au 6 avril 2020. À une question de Me Azam Neerooa, Krishnamurthy Ragaven a répondu que la STC n’a pas vérifié au préalable si Bo Digital était bien active dans le domaine médical car, comme il l’a dit, les instructions provenaient du ministère du Commerce et étaient avalisées par le National Committee.

Même le board de la STC n’intervient pas car ce sont des tâches administratives. «La STC n’est qu’un agent payeur qui est remboursé par la suite.» C’est le «National Committee for Emergency Procurement mis sur pied pendant le confinement qui donne son aval au directeur de la STC qui peut alors allouer le contrat», a expliqué Ragaven (NdlR, c’est le High-Level Committee sur le Covid-19, présidé par le Premier ministre, qui était impliqué dans la procédure d’achats d’urgence durant le confinement).

 

 

 

«Sawmynaden n’a plus de Constituency Clerk depuis 2018» dixit Sanjay Karria

C’est l’assistant parlementaire du Premier ministre lui-même qui l’a dit au tribunal de Moka, ce jeudi 4 février. Le ministre du Commerce n’avait plus de «Constituency Clerk». Cette révélation de Sanjay Karria confirme donc les propos de Simla Kistnen, qui a martelé à plusieurs reprises qu’elle n’a jamais travaillé comme assistante parlementaire pour Yogida Sawmynaden ou pour tout autre député ou ministre. Cela détruit en même temps l’argument des agents du MSM qui ont tenté, à travers leurs vidéos, entre autres, de faire croire que le salaire de Constituency Clerk a bien été remis à Simla Kistnen mais à travers une tierce personne dont Soopramanien Kistnen lui-même. Donc, pas de travail, pas de nécessité de payer Simla Kistnen.

Pourtant, le salaire a été régulièrement versé sur le compte de Yogida Sawmynaden. Il reste donc au tribunal de Moka de confirmer que Simla Kistnen a bien été enregistrée comme assistante parlementaire. Si c’est le cas, il n’y aura plus de chemin de sortie pour le ministre du Commerce. Tous ces développements ont lieu alors que l’ICAC et le CCID piétinent toujours dans leur propre enquête. Au préalable, la magistrate a dû envoyer la police chercher le Constituency Clerk de Pravind Jugnauth car celui-ci avait décliné la convocation. La raison : il était en deuil pour 40 jours en raison du décès de sa mère.

 

 

 

Simla Kistnen confie à la police les e-mails échangés par son défunt mari avec Yogida Sawmynaden

Le laptop appartient au fils de Kistnen mais il était souvent utilisé par son père pour correspondre. Un de ses correspondants a été Yogida Sawmynaden. Dans un des e-mails que «l’express» a d’ailleurs déjà publiés, le défunt reçoit des instructions claires et nettes du ministre du Commerce concernant les démarches pour l’achat d’équipements contre le Covid-19. L’ordinateur portable avait en fait été remis à la Major Crime Investigation Team depuis un mois mais, selon une source, l’appareil était toujours sous scellés et n’avait pas été consulté.

Le caporal Norbert Manoovalloo avait déclaré au tribunal de Moka qu’il voulait accéder à la boîte mail mais qu’il n’avait pas le mot de passe. C’est pour cela que Simla Kistnen s’est présentée ce jeudi aux Casernes centrales. Elle n’a pas eu à le faire de son laptop mais d’un autre PC appartenant à la police. Après que les enquêteurs ont vérifié les e-mails et fait des copies, Simla Kistnen a ‘signed off’ et s’est retirée.

N’existe-t-il pas un risque que le mot de passe soit copié sur le PC qui a été utilisé au poste de police ? Non, nous rassure-t-on du côté des proches de Simla Kistnen. Car un système de sécurité sophistiqué a été mis en place. Quant au laptop, il reste en possession des policiers même si les informations les plus importantes ont déjà été récupérées par la police à partir de l’adresse e-mail de Kistnen.

 

 

Après l’appel lancé à son frère, Koomadha Sawmynaden attaqué dans une vidéo

Le grand frère avait, mercredi 3 février, demandé au petit frère Yogida d’aller tout déballer à l’ICAC et au CCID et de laisser tomber le MSM. Pour toute réponse, Koomadha Sawmynaden a été la vedette de la sixième vidéo, sous forme de teaser, préparée et diffusée probablement par des agents du MSM. On l’y accuse d’avoir garanti Kistnen auprès d’un casseur et d’être venu chez le défunt agent pour demander à ce dernier de rembourser la somme due.

«Je ne savais pas que les casseurs prenaient des garanties personnelles contre des prêts», commente Koomadha Sawmynaden sur un ton ironique. «En tout cas, je remercie les auteurs de cette vidéo d’avoir choisi une bonne photo de moi !» Il rejette les allégations et est convaincu que c’est son appel lancé à son frère qui a provoqué le montage en urgence de cette vidéo. «Mon appel aura tellement dérangé qu’ils n’ont pas eu le temps de faire une vidéo en 24 heures et ont donné rendez-vous pour le 11 février pour plus de détails.»

Il ajoute que ce ne sont pas ces vidéos qui le feront fléchir. «Je demande à ces auteurs de songer à améliorer leur présentation, surtout en ce qui concerne le présentateur.»