Publicité

Ameenah Gurib-Fakim: «Les débouchés pour une scientifique sont minces à Maurice»

11 février 2021, 09:15

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Ameenah Gurib-Fakim: «Les débouchés pour une scientifique sont minces à Maurice»

Ameenah Gurib-Fakim est détentrice d’un doctorat en chimie organique, ancienne doyenne de la faculté des sciences à l’université de Maurice, auteure de plusieurs livres. Elle a aussi obtenu le Prix L’Oréal-Unesco «Pour les Femmes et la Science» en 2007.

Étant une scientifique, pensez-vous que les femmes puissent s’épanouir dans le domaine de la science à Maurice ? 
Le choix de carrière pour la femme scientifique est assez réduit à Maurice et se limite surtout à l’enseignement jusqu’au niveau universitaire. Elle peut aussi s’engager dans la recherche au niveau universitaire et gravir les échelons. Or, s’il y avait une véritable politique de développement des filières scientifiques, on aurait assisté à une meilleure assimilation des talents dans les entreprises à visées technologiques. Nous n’en sommes pas encore là et c’est dommage. Ne parlons pas de la fuite des cerveaux… 

Selon les données disponibles, de plus en plus de filles optent pour les sciences. Est-ce une indication qu’elles sont plus douées dans ce domaine ? 
Au niveau académique, les filles, en général, ont de meilleures notes que les garçons et plus particulièrement dans les filières scientifiques. C’était mon observation lorsque j’étais encore à l’université de Maurice. Les filles restent très appliquées et adoptent une approche systématique dans l’apprentissage des sciences. C’est sans doute l’une des raisons expliquant ces données. 

Est-ce difficile d’accéder à des postes de haut niveau dans ce secteur ? 
Accéder à n’importe quel poste de haut niveau présente un défi pour la femme à Maurice et ailleurs. L’espoir est permis dans les pays qui ont adopté une politique sincère d’émancipation de la femme à tous les niveaux mais le gros du travail reste à faire dans la promotion des compétences féminines. Toutefois, les grandes institutions multilatérales se rendent compte que l’intégration des talents féminins reste un atout considérable dans l’économie des pays qui savent en tirer profit. 

D’un point de vue personnel, quelle est la scientifique que vous admirez ? 
J’ai une pensée spéciale pour Wangari Maathai, la première femme du continent africain à obtenir le Prix Nobel de la paix. Elle reste un symbole de résilience et de persévérance. Elle s’est battue pour la cause environnementale et c’est grâce à son dévouement et à sa conviction que la conscience environnementale a pris naissance dans son pays, qui est le Kenya. 

Que devenez-vous ? 
Étant une scientifique de profession, je suis encore très sollicitée à l’étranger comme auparavant. Maintenant, je suis libre d’accorder plus d’attention aux causes qui me tiennent à cœur. 

Est-ce dur d’être une femme en politique ? 
Vous n’avez qu’à regarder le nombre de femmes dans notre auguste Assemblée nationale pour tirer vos propres conclusions !