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Science: le Dr Devina Lobine déplore le manque de moyens à la disposition des chercheurs

11 février 2021, 14:30

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Science: le Dr Devina Lobine déplore le manque de moyens à la disposition des chercheurs

La Dr Devina Lobine a été récompensée, l’année dernière, par la Fondation l’Oréal/l’Unesco pour ses recherches en neuropharmacologie. Ses études portent sur les propriétés des inhibiteurs de plantes traditionnelles dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. En parallèle, elle collabore avec le Dr Fawzi Mahomoodally et des chercheurs étrangers sur une étude concernant les molécules des plantes du continent africain pour contrecarrer le coronavirus. Pour la Journée internationale des femmes et des filles de science, la scientifique en profite pour lancer un appel aux autorités pour que la recherche figure parmi les priorités. 

«Africa needs science, and science needs women», dit d’emblée la Dr Devina Lobine. Selon la chercheuse, bien que depuis la nuit des temps les femmes aient fait leur preuve dans ce domaine, certaines, qui ont contribué à l’avancement de la filière, n’ont pas eu de reconnaissance. De plus, seuls 2,4 % des chercheurs sont issus du continent africain. «Imaginez maintenant le nombre de femmes dans ce pourcentage minime», soupire-t-elle. 

Selon elle, dès le départ, les femmes entrent dans la course avec un désavantage. «Nous avons plus de responsabilités envers la société. De plus, les relations avec plusieurs institutions sont difficiles. Malgré cela, les femmes ont fait leurs preuves. Donc, oui, avec la résilience innée, nous pouvons aider au progrès», dit-elle, déterminée. Cependant, elle est consciente que dans l’intérêt de la science, il faut que les opportunités soient données aux meilleurs scientifiques, peu importe leur genre. «Mais c’est une réalité que le travail des femmes est moins reconnu. De plus, elles ont moins de chance d’accéder à des positions d’autorité dans le domaine. C’est pour cela que j’estime que Women in Science a toute son importance, car il y a un débalancement à régler.» 

Et être femme de science à Maurice, est-ce difficile ? Dr Devina Lobine estime qu’«ici, le problème est le manque de moyens, que ce soit en termes de finances ou techniques. Il faut tout d’abord aider et encourager les jeunes à se lancer dans la recherche avant de voir plus loin». Par exemple, à Maurice, il n’y a qu’une seule université avec une faculté des sciences et aucune facilité pour les recherches avancées. «Je me suis intéressée à la neuropharmacie pendant que je faisais mon PhD en Angleterre. Ici, je peux vous dire qu’il y a un manque à plusieurs niveaux», avance-t-elle. 

Par exemple, il n’y a pas assez de grants ou de fonds destinés à financer les études entreprises. «On peut entamer une étude mais après un an ou deux, on n’a pas les moyens de faire les ‘follow-up’.» Puis, il n’est pas possible de faire des demandes pour obtenir des grants à l’international car, de toute façon, il n’y a pas les moyens techniques nécessaires pour poursuivre les études. «C’est ce qui décourage les jeunes et explique un peu le problème de brain drain dont le pays souffre. Ils se disent qu’ailleurs, ils auront des facilités que Maurice n’offre pas. Même moi, si je n’étais pas déterminée et patiente, je serais ailleurs.» Des idées, elle en a à la pelle. «Regardez, par exemple, nous avons un nouvel hôpital dédié au cancer. Pourquoi est-ce que toutes les parties prenantes ne viennent pas de l’avant avec un programme conjoint pour que les médecins et chercheurs puissent travailler ensemble pour faire avancer les études sur le cancer ?» propose la Dr Devina Lobine. Encore une fois, la condition est d’avoir les fonds et les équipements requis… 

Au-delà de ses recherches actuelles, Dr Devina Lobine évoque aussi son rêve scientifique : trouver un vaccin ou un remède contre le SIDA, cette maladie qui, malgré les avancées et les progrès réalisés pour empêcher sa propagation, continue à affecter des populations entières.