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Réseaux sociaux: un frein à la productivité
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Réseaux sociaux: un frein à la productivité
Dans le bus, dans la rue, dans les magasins… Partout où nous allons il y a au moins une personne les yeux rivés sur l’écran de son téléphone. Avec les packages illimités, entre autres, la communication virtuelle à travers les réseaux sociaux est devenue plus facile. Même les lieux de travail n’échappent pas à ce phénomène. Plus besoin d’une connexion wifi pour se connecter. À quel point ce passe-temps addictif influence la productivité? Selon un spécialiste des ressources humaines, les réseaux sociaux dans leur ensemble constituent un frein à la productivité, mais il n’y a pas que le temps passé en ligne qui a un impact sur le fonctionnement d’une entreprise. La relation de l’individu avec les réseaux est aussi un facteur important à prendre en considération.
«Le problème date d’avant le confinement et le work from home. Les réseaux sociaux sont vraiment devenus un des facteurs qui nuisent à la concentration et à la productivité», dit notre interlocuteur. Certes, il y a le concept X-Factor Efficiency à prendre en considération. Ce concept part du fait qu’aucun employé ne fonctionne à 100 %. Il y a toujours une perturbation. «Une pause déjeuné qui s’éternise, un téléphone personnel, l’anniversaire d’un collègue, des pauses cigarettes… Les réseaux sociaux sont venus s’ajouter à cette liste», dit-il. Là où cela fait plus de dégâts, c’est dans les entreprises qui sont dans le domaine créatif ou de la recherche. «Un post sur un réseau social peut mener à d’autres et à la fin, c’est non seulement une perte de temps énorme, mais aussi cela coupe le fil de la pensée. Il faut encore plus de temps pour se remettre dans le bain après.»
Interdire les téléphones
Cependant, le spécialiste fait aussi la distinction entre ceux qui sont accros et ceux qui utilisent ces réseaux de temps en temps. «Il y a ceux qui ne peuvent pas s’en passer. Dans ces cas, il y a un problème. Mais pour ceux qui utilisent les réseaux avec modération, ou encore, pour alimenter leur travail, ils ne peuvent pas être placés dans la même catégorie.»
C’est donc pour ces différentes raisons que des sociétés ont décidé de prendre certaines décisions, comme interdire les téléphones sur le lieu de travail ou encore bloquer l’accès aux réseaux sociaux dans leurs bureaux. Et c’est surtout le cas dans les entreprises où s’effectuent des travaux manuels, créatifs ou intellectuels. Comme les usines, l’hôtellerie et les cabinets de comptabilité.
Afin de comprendre ces décisions, nous avons contacté des chefs de trois boîtes pratiquant ces métiers précités. «Avant nous n’interdisions pas les téléphones mais depuis un an nous avons pris cette décision non seulement parce que ce n’est pas hygiénique de toucher son téléphone avant de manier les produits mais aussi parce que nous avons remarqué des manquements dans la chaîne de production lorsque certaines personnes ne sont pas concentrées et sont sur leurs téléphones», explique le directeur d’une usine de volaille.
Même son de cloche du côté de deux superviseurs travaillant dans l’hôtellerie et la comptabilité. Selon ces derniers, bloquer l’accès aux réseaux sociaux personnels dans les bureaux a apporté un véritable changement avant le work from home. «Avant le confinement, quand les employés travaillaient encore au bureau, il y avait moins de fautes dans les comptes, dans les paperasses etc. Lorsque les employés ont commencé à travailler de chez eux nous avons remarqué beaucoup plus de fautes professionnelles chez la majorité d’entre eux. Lorsque nous avons fait un survey nous avons compris que c’était à cause des réseaux sociaux. Au bureau, l’accès à Facebook, Instagram entre autres est bloqué sur nos ordinateurs et il y a des superviseurs qui s’assurent que le travail est fait sans téléphone portable alors qu’à la maison ils sont distraits par cela», déclare une superviseuse dans un département de comptabilité.
Des écoliers sur instagram
C’est d’ailleurs à cause de la distraction que certaines personnes comme Warren Jhury, Logistic Coordinator, ont opté pour un téléphone ancien, qui n’a aucun accès à des réseaux. Il explique que le choix d’avoir un «3310» en 2021 est justement pour éviter qu’il manque de concentration dans son travail. «Dans une journée, j’ai plusieurs rendez-vous et je dois conduire beaucoup. Je suis conscient que le moindre manque de concentration peut m’être fatal ou encore m’attarder dans mes priorités de la journée», explique-t-il.
Il n’y a pas que sur le lieu de travail que les réseaux sociaux posent problème. Sur les bancs de l’école, les enseignants, même en primaire, s’arrachent les cheveux depuis que les diverses plateformes sont facilement accessibles. «Les enfants en primaire sont rarement sur Facebook. Mais le problème reste entier. Ils sont sur Instagram. Et depuis l’émergence de TikTok, c’est encore pire», avance une enseignante en langue kreol. Selon elle, la concentration s’est réduite comme peau de chagrin. Le problème, ajoute-t-elle, ne se résume pas qu’à l’école. Auparavant, à la maison, la priorité était aux devoirs. «Mais même là, on a noté une baisse qui est directement liée au temps passé sur les réseaux ou autres jeux en ligne. En ce moment, nous sommes en période de révision, tou ban profésèr pé rass sévé», affirme-t-elle.
L’autre problème qu’elle a constaté est qu’auparavant, les parents aussi se souciaient du temps que l’enfant passait à faire les devoirs. «Mais aujourd’hui, l’utilisation du téléphone est devenue tellement normale que même les parents le banalisent», dit l’enseignante, d’autant plus que désormais, les portables sont accessibles à tous, peu importe le niveau social.
L’autre élément qui a contribué à cette situation est les offres mobiles. «Il y a des packages à Rs 10, une somme accessible même aux petits. Depuis, ils passent encore plus de temps sur le portable, vont dormir tard. Aujourd’hui, la plupart se fient uniquement aux révisions en classe», dit-elle.
De son côté, le syndicaliste Atma Shanto ne partage pas l’avis des firmes qui empêchent les employés d’utiliser leurs téléphones. Selon lui, l’accès au téléphone et aux réseaux sociaux est un droit car non seulement la communication est importante mais il y a aussi le droit à l’information. «Dans le monde où nous vivons, les personnes n’ont presque plus le temps de communiquer entre elles en face avec le travail entre autres. Les téléphones les aident à communiquer avec leurs familles même en étant au travail et les réseaux sociaux les aident à se tenir au courant de l’actualité durant la journée.» Il ajoute avoir remarqué que plusieurs entreprises qui ont des syndicats, que les employés peuvent contacter à n’importe quel moment, sont effectivement celles qui interdisent l’utilisation du téléphone. Cependant, il déclare qu’il y a tout de même une limite. «L’employé ne doit pas utiliser les réseaux sociaux ou son téléphone de manière abusive.»
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