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La semaine décryptée
Lundi 22 février
Six ans et elle passe déjà la nuit sur la plage
La drogue synthétique et les effets pervers des médias sociaux constituent les deux facteurs les plus importants dans la dislocation de la société traditionnelle mauricienne. Quelle analyse faire d’un incident dans l’Est qui fait l’objet d’un long reportage dans l’édition du lundi 22 février de l’express ? Il s’agit du cas d’une fille de 6 ans qui est partie passer la nuit sur la plage avec une adolescente de 16 ans.
L’adolescente de 16 ans a utilisé le subterfuge d’un shopping à Flacq pour embarquer la fille de 6 ans dans son aventure à la plage. Il paraît que la fille de 6 ans allait souvent passer du bon temps chez l’adolescente.
En décryptant divers incidents, on constate que les parents mauriciens sont de plus en plus incapables de faire face à la délinquance de leurs enfants, de leur addiction à la drogue synthétique et surtout à leur participation à des activités sexuelles à un âge de plus en plus précoce.
Les institutions sociales traditionnelles dont des structures d’encadrement religieux de même que les agences de l’État comme le ministère responsable du bien-être des enfants de même qu’une autre grosse institution dirigée par un membre d’une puissante famille politique sont complètement dépassées par les événements. On se contente bien de tenir des discours ou faire des déclarations de bonne intention aux médias mais la situation échappe à leur contrôle.
Seul un gros effort d’ingénierie sociale pourrait stopper le pourrissement de la société mauricienne. L’exiguïté du territoire donne un avantage certain au niveau d’une stratégie d’ingénierie sociale. Mais les ressources à cet effet à Maurice sont presque inexistantes bien que nous comptions quelques bluffeurs ‘batte-batté’ dans la pure tradition mauricienne. Il faudrait confier cette tâche à de vrais sociologues sortis des meilleures universités de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Ils vont coûter définitivement bien moins que les respirateurs défectueux de Pack & Blister et voués au scrap mais qu’on a achetés à prix d’or.
Mardi 23 février
Legend Hill : gros sous, mignons d’hommes politiques ?
On construit littéralement sur la montagne à Tamarin et l’express consacre deux articles sur la question, l’un sur la manifestation des habitants hostiles à un tel projet et un texte du géographe Prem Saddul qui donne des détails techniques sur les risques de catastrophes, dont des glissements de terrain.
Pour qu’un tel projet aille de l’avant, il y a plusieurs explications. La plus rassurante serait que l’Economic Development Board (EDB) ait minutieusement étudié le projet, satisfait que techniquement le danger d’éboulement est écarté. Et que le projet contribuera énormément à l’économie du pays.
À l’autre extrême, le projet constitue une menace physique certaine mais la priorité actuelle, comme dans le cas des contrats liés au Covid-19, c’est d’offrir autant d’opportunités de busines que possible. Dans ce cas, il se pourrait que les promoteurs réels soient des mignons d’hommes politiques.
On ne devrait pas exclure la possibilité que le projet serait tout à fait remarquable avec l’utilisation de toutes les technologies nécessaires afin d’éviter des glissements de terrain. Mais que ce projet dérange des intérêts rivaux pas contents du tout de l’arrivée de nouveaux acteurs sur la scène.
Quant aux manifestants, ils ont raison d’exprimer leur mécontentement car le danger d’une catastrophe écologique est perçu comme réel en l’absence d’explications techniques nécessaires. Ces manifestants devraient servir d’exemple aux Mauriciens ‘moutons’ qui se laissent faire sans protester.
Mercredi 24 février
Avec l’Inde, un nouveau modèle de business
L’express du jour consacre pas moins de deux pages entières à la visite à Maurice du ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar (à g.). C’est dire que cette visite marque un tournant dans les relations entre les deux pays.
Au fait, bien que l’Inde ait toujours offert son assistance technique à Maurice depuis plus de 70 ans, ce pays a aussi mis l’accent sur les échanges culturels. C’est la première fois qu’un accord portant sur les relations économiques entre les deux pays est formellement signé. Il s’agit du Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement (CECPA).
Selon les termes de cet accord, Maurice pourrait exporter sans contrainte douanière 616 produits dont le rhum et le vin, des fruits et du thon. Alors que l’Inde pourrait exporter sans entrave quelque 315 produits.
C’est un commencement et il faudrait attendre des années avant que le rhum Goodwill et le divin-banane mauricien ne réussissent à conquérir le marché indien. Le rhum mauricien avait défrayé la chronique en Inde en 1983 dans le sillage de la mort de la jeune actrice Divya Bharti qui avait fait une chute de son appartement situé au cinquième étage d’un complexe résidentiel à Mumbai. On avait alors parlé de suicide, de meurtre ou encore d’intoxication à l’alcool. En effet, elle venait de visiter Maurice et des bouteilles de notre rhum avaient été retrouvées chez elle. Épisode triste mais gageons que la communauté des affaires à Maurice saura exploiter le filon indien.
Jeudi 25 février
Les maladies et les trous de mémoire en Cour
Deepak Bonomally, un ancien joueur costaud de la Fire Brigade, et Neeta Nuckchhed, une hôtesse de l’air – un job pas destiné à des faiblards – ont connu des problèmes de santé et de mémoire lors de leur comparution en cour de Moka où une enquête judiciaire est menée sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen.
Il est regrettable que ces deux témoins aient connu de tels problèmes car généralement ils ont été ultra-performants dans les affaires, réalisant des exploits auprès des institutions de l’État au niveau de l’octroi de contrats.
Cette affaire met aussi en exergue le phénomène de soumission de certificat médical lors des enquêtes et des procès. Le cas le plus spectaculaire dans l’histoire aura été la comparution de Sir Harry Tirvengadum sur une civière, scénario digne d’un film de Bollywood. Hagard, mal rasé, le look malade sûrement accentué par de l’huile de coco sur la chevelure, Sir Harry offrit une telle scène que le juge le plus implacable aurait pu fondre en larmes. Ce fut un certificat médical delivered live and direct.
Depuis des décennies, le problème de certificat médical est en grande partie lié au grand nombre de médecins que connaît le pays. Le business des jeunes exerçant dans le privé est marqué par un manque de clientèle, d’où la tentation d’émettre des certificats de complaisance.
Vendredi 26 février
Meet the Mauritian Goebbels
Paul Joseph Goebbels, un proche collaborateur d’Adolf Hitler, est reconnu comme l’un des plus grands propagandistes de l’histoire. C’est Goebbels qui dirigea la machine de propagande d’Hitler. Selon Goebbels, si on répète ad nauseam un message fabriqué de toutes pièces, les gens vont finir par croire qu’il s’agit d’un fait véridique.
Le Goebbels mauricien, toutes proportions gardées, serait Anooj Ramsurrun (photo), le présent directeur général par intérim de la MBC. L’express du vendredi 26 février consacrait sa une à la MBC que le journal qualifie de ‘machine de propagande’. En effet, depuis 1964, jamais l’unique station de télévision du pays n’a été aussi outrancièrement utilisée par le gouvernement pour assurer sa propagande. Et dans cette tâche, Anooj Ramsurrun, qui ne détient aucun diplôme dans le journalisme ou les sciences sociales, s’est révélé d’une extrême efficacité pour vendre le produit Jugnauth.
Il s’en est fallu de peu que la MBC annonçât aux Mauriciens que le père Laval s’était réjoui de l’acquittement de Pravind Kumar Jugnauth par le Privy Council dans l’affaire MedPoint. Au fait, c’est à Navin Beekarry, directeur de l’ICAC, que le Premier ministre devait son salut. Mais l’opération de la MBC au caveau du Père Laval était l’œuvre d’un Goebbels local.
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