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Samuel Bashfield: «Agalega sera bel et bien une base militaire»
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Samuel Bashfield: «Agalega sera bel et bien une base militaire»
L’article intitulé «Agalega : A glimpse of India’s remote island military base», publié le 2 mars par The Interpreter, n’a pas laissé insensible. Les lecteurs auront surtout retenu les images satellite qui ont conduit l’auteur à sa déduction qu’Agalega abritera bel et bien une base militaire.
Qui est donc Samuel Bashfield, celui qui signe l’article ? Nous l’avons contacté et, moins de 24 heures plus tard, il était revenu vers nous. D’emblée, il s’est excusé de n’avoir pas pu nous répondre plus tôt, étant, dit-il, un nouvel étudiant doctorant au National Security College de l’Australian National University (ANU).
Ses travaux de recherche portent principalement sur l’archipel des Chagos. Il en a rédigé une série d’articles comme «The Diego Garcia dispute hits cyberspace», The Interpreter, 21 janvier 2021; «Mauritian Sovereignty over the Chagos Archipelago? Strategic Implications for Diego Garcia from a UK-US Perspective», 2020, Journal of the Indian Ocean Region; «Mauritius, Diego Garcia and the Small Matter of Nukes», The Interpreter, 26 mai 2020; ou encore «Australia’s Cocos Islands Cannot Replace America’s Troubled Diego Garcia», The Diplomat, 16 avril 2019.
Concernant son article sur Agalega paru dans The Interpreter, une publication du Lowy Institute basé à Sydney, en Australie, qui se présente comme un groupe de réflexion indépendant et non partisan, Samuel Bashfield se dit très surpris de l’intérêt suscité dans le monde entier. «Pour un simple article d’opinion rédigé par un nouvel étudiant, l’intérêt suscité était tout à fait inattendu», confie-t-il.
À la question de savoir comment, dans son papier, il a pu conclure qu’Agalega sera une base militaire, la réplique de Samuel Bashfield est sans équivoque. «Je pense que l’imagerie indique qu’Agalega sera bel et bien une base militaire. Mais certains peuvent ne pas être d’accord, ou dire qu’il est trop tôt pour le dire.» Il va plus loin en disant «aimer regarder au-delà des déclarations du gouvernement, et regarder les preuves à Agalega que cette imagerie dépeint».
Pour l’auteur, bien que les représentants du gouvernement puissent dire que l’Inde entreprend ce projet pour aider les garde-côtes mauriciens ou les Agaléens, il est d’avis qu’il s’agit «d’un simple sousproduit de cette collaboration, qui est réellement conçue pour faciliter la projection de la puissance indienne dans le sud-ouest de l’océan Indien». Car pour Samuel Bashfield, «l’altruisme est rare dans les relations internationales». Il pense que «les nations se préoccupent avant tout d’accroître leur pouvoir relatif que d’aider les autres».
Quant au projet de recherche entrepris par le National Security College de l’ANU sur l’océan Indien, avec le soutien du ministère australien de la Défense et s’étalant sur deux ans dont parle l’auteur à la fin de l’article, Samuel Bashfield précise qu’il vise à explorer les futurs plausibles, les changements de pouvoir et les conséquences de l’ordre multipolaire émergent dans l’océan Indien.
Rappelons que dans son article, Samuel Bashfield écrit que l’Inde considère la nouvelle base comme essentielle pour faciliter les patrouilles maritimes aériennes et de surface dans le sud-ouest de l’océan Indien, et comme un avant-poste de renseignement. Il s’appuie sur les images satellite (photos) récentes qui indiquent l’ampleur et les capacités des piste d’atterrissage, jetée et autres infrastructures en construction à Agalega. Le chercheur fait ressortir que des équipements et installations comme pour le stockage de carburant ou pour la communication et le renseignement devraient être visibles sur les futures images satellite.
Mais surtout, que cette installation dans cet archipel mauricien constituera un point d’étape important pour la nouvelle flotte indienne P8I, qui a récemment effectué sa première patrouille conjointe avec la France depuis La Réunion voisine. Toujours selon lui, Agalega facilitera également les patrouilles maritimes au-dessus du canal du Mozambique, qui est désormais un passage très fréquenté par les grands navires commerciaux, notamment les pétroliers.
L’archipel de notre République permettra également à la marine indienne d’observer les routes maritimes autour de l’Afrique australe, qui représente aujourd’hui une part importante des importations d’énergie de la Chine. Il ne manque pas de faire ressortir que jusqu’à présent, les détails du projet ont été étroitement contrôlés par l’Inde et Maurice.
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