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Covid-19: deuxième vague double détresse
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Covid-19: deuxième vague double détresse
Pauvreté, appel à l’aide, solidarité... Qui dit deuxième vague du Covid-19, dit tsunami de détresse humaine. Combat au quotidien pour des familles, mendicité pour certains. La misère saute aux yeux et prend aux tripes.
Albion.Deux femmes, une bataille. Faire de sorte que leurs proches aient de quoi subsister en cette période de confinement. Survivre. Pour recommencer à avoir un semblant de vie normale, Jennifer et Anita attendent de pouvoir retravailler, tout comme leurs époux. Pour le moment, c’est grâce au système D qu’elles parviennent à s’en sortir. À peine. «Tout l’argent que nous avions mis de côté, nous l’avons investi dans la construction de notre maison. Pour le moment, elle comprend deux chambres. Finn bizin arété parski finn éna konfinnman...» confie Jennifer. Elle est femme de ménage, qui «bat-baté dan lakaz dimounn kan gagné», son mari est maçon. Ils sont trois filles, âgées de 6 à 16 ans. Ce reconfinement les a pris de court, elle n’a rien vu venir. «Dans quelques jours, c’est sûr que nous allons cruellement manqués de provision.» Comment faire ? Elle ne sait plus…
Tout comme Anita d’ailleurs. Elle est gardienne, son mari est maçon et le couple a trois enfants, âgés de 15 ans, 12 ans et 2 ans. «Ni moi ni mon mari ne pouvons sortir pour travailler. Mo boss finn dir mwa pa vini la.» Pour le moment, ils n’ont plus de revenus. La jeune mère soutient que le lait et les couches viennent à manquer pour le petit dernier. La nourriture se raréfie. «Nou pa finn atann ki pou éna ankor konfinnman…»
Déjà, lors de la première vague, du premier lockdown, Anita et sa famille ont dû compter sur l’aide des Mauriciens pour pouvoir garder la tête hors de l’eau. «Nous avions reçu des provisions, inn bien soulaz nou.» Mais la détresse et de nouveau là… Cette jeune maman, elle, vient de donner naissance à un bébé. Un garçonnet âgé de six jours seulement… Cette habitante de Plaisance, Rose-Hill, et son mari travaillaient dans une guest-house, où ils résidaient également. Mais le commerce a fermé depuis peu et ils se sont presque retrouvés à la rue. Mais de généreuses âmes sont venus à leur rescousse, l’un d’eux leur a proposé un toit, temporairement. «Mé péna ni délo ni kouran. Bann ansien lokater finn sakaz tou avan zot alé», confie Westley, un bénévole.
Le couple et leur bébé n’ont plus aucun recours, à part la solidarité. «Ils ne peuvent pas non plus chercher du travail, partou fermé.» Le nouveau-né n’a ni vêtement, ni couche, ni lait… Il leur faudrait également des lampes rechargeables, pour ne plus vivre à la lueur des bougies dans cette maison de fortune. La pauvreté est visible dans d’autres coins du pays. Il suffit d’ouvrir les yeux. Et, certains continuent à «trasé», qu’importe si c’est pour une bouchée de pain. Pas question d’attendre qu’une main se tende. Au détour d’une rue, cette femme collecte des bouteilles en plastique, qu’elle revendra par la suite pour quelques dizaines de roupies, dans les environs de Ste.-Croix. D’autres, sans relâche, cherchent à collecter de la vieille ferraille à Riche-Terre.
Pour tromper la misère.
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