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La semaine décryptée

11 avril 2021, 19:36

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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité  comme rapportée dans les médias du 4 avril 2021 au vendredi 9 avril 2021.

LUNDI 5 AVRIL

Agaléga et l’Inde

Ce lundi 5 avril, Agaléga a vu l’arrivée d’un certain nombre d’employés de la firme indienne Afcons qui entreprend actuellement de grands travaux de construction portuaire et aéroportuaire dans cette île de Maurice. La présence indienne à Agaléga alimente depuis quelques années une certaine controverse à Maurice mais en ce lundi spécial, s’ajoutait un élément tout à fait nouveau – le risque de propagation du virus Covid-19 par des Indiens.

Avant même l’arrivée du navire transportant les ouvriers indiens, une forte rumeur avait voulu que l’un d’eux avait été testé positif au Covid-19 et qu’il avait été mis en quarantaine dans une cabine. On en avait même fourni le numéro. Puisque la crédibilité du gouvernement en matière de communication en général, sur la gestion du Covid-19 en particulier, a fortement diminué, les propos rassurants sur le cas indien n’avaient aucunement entamé les soupçons des Agaléens. Et ce ne serait pas la dernière fois que la présence indienne à Agaléga susciterait une controverse.

Et dire qu’Agaléga a raté de peu avant 2005 de devenir une destination touristique exclusive pour milliardaires. Avec évidemment la modernisation du port et de l’aéroport.

MARDI 6 AVRIL

Du Chivas et du Black au SVICC

La salle a été certainement nommée pour honorer un swami en Inde mais cela ne l’a pas empêché d’accueillir des fêtes bien arrosées à la manière mauricienne. En effet, le centre de conférences Swami Vivekananda a fait courir pour la fête de fin d’année quelque 1 800 membres du personnel du CEB en décembre 2020.

Cette fête a coûté Rs 5,2 millions, ce qui fait quelque Rs 2 888 par tête de participant. À moins qu’un malin s’est livré à un savant exercice de ‘triangage’ majeur, avec une telle somme dépensée, chaque convive aurait dû avoir droit à une bouteille de champagne ou, si amateur de Scotch, à 750 ml de Chivas Regal ou de Black Label.

Ces chiffres ont été fournis au Parlement le mardi 6 avril par le ministre des Utilités publiques, Joe Lesjongard. De ces Rs 5,2 millions, on a utilisé Rs 3,9 millions pour le manze-bwar, Rs 254 000 pour le transport et Rs 823 000 pour la location et la sécurité. Selon le ministre, la fête de fin d’année de 2019 avait coûté Rs 2 millions de plus au CEB. Ce qui laisse croire qu’en 2019, c’est le Royal Salute qui coulait à flots.

MERCREDI 7 AVRIL

Les enfants cobayes encore

Malgré toutes les pétitions et tous les appels en faveur du renvoi des examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC), Leela Devi Dookun-Luchoomun, ministre de l’Éducation, est allée de l’avant avec ces épreuves. Des milliers d’enfants et de parents ont vécu dans l’angoisse car les risques de contamination étaient bien réels. Surtout dans un contexte où des membres du personnel médical sont eux-mêmes devenus des sources d’infection comme cela a été particulièrement le cas à l’hôpital de Souillac.

S’il reste encore à établir l’étendue des dégâts que la mobilisation des enfants et des parents à l’occasion du PSAC aura causés, l’événement le plus médiatisé s’est produit à l’école Philippe Rivalland RCA, à Beau-Bassin, l’une des star schools du pays, et c’est bien à cette école qu’une surveillante contaminée a eu la responsabilité de prendre sous sa charge un enfant à besoins spéciaux.

La ministre devait qualifier cette affaire de «petit incident». On se rappellera de l’épisode télévisé quand des ministres avaient applaudi l’annonce faite par le Premier ministre à l’effet que des cas mortels d’infection au Covid-19 avaient été recensés à Maurice.

JEUDI 8 AVRIL

L’ICAC ne chôme pas

En dépit de toutes les critiques qu’elle essuie de la part des partis de l’opposition, l’Independent Commission against Corruption (ICAC) ne chôme pas, comme le prouve une saisie de voitures annoncée ce jeudi, lors d’une opération anti-Sada Curpen. D’ailleurs, il est fort intéressant de constater que la cour même de l’ICAC à Réduit ressemble à un vaste garage à en juger par le grand nombre de différents types de véhicules qui y sont stationnés. Il s’agit de véhicules saisis, leurs propriétaires étant soupçonnés d’avoir bénéficié d’actes de corruption ou de fraude.

À tous ces véhicules viennent maintenant s’ajouter dans le sillage Curpen une Honda Vezel, un trac- teur JCB, trois voitures appartenant à l’épouse d’un policier, quatre du policier lui-même, une Nissan Tiida, une Citroën DS 5, une Toyota Vitz et un scooter Aprillia.

Si les voitures non-dédouanées ou interdites d’importation sont régulièrement vendues par la MRA, on ne sait encore ce que l’ICAC fait des véhicules saisis. Evidemment, on attend la fin d’un procès pour décider de la marche à suivre. Une vente à l’encan des voitures saisies par l’ICAC suivant un procès pour corruption et surtout si des hommes politiques y sont impliqués, pourrait connaître un succès d’affluence. Cela pourrait bien attirer des snobs voulant se pavaner au volant d’un bolide allemand ou italien ayant appartenu au ministre X ou la limousine allemande de 6 litres d’un ancien directeur de corps paraétatique du genre à allouer des contrats à la manière de Safe City ou Pack & Blister. Une telle allemande serait bien sollicitée.

VENDREDI 9 AVRIL

Les 443 Rodriguais bloqués à Maurice

Rodrigues fait partie intégrante de la République de Maurice. Les citoyens de la République néslà-bas jouissent des mêmes droits que ceux de l’île principale qui s’appelle Maurice. Les Rodriguais sont donc des Mauriciens à part entière. 443 Rodriguais se retrouvent actuellement bloqués à Maurice, ne pouvant regagner leur île en raison du confinement qui interdit actuellement les vols vers la deuxième île de la République.

Le sort de ces 443 Rodriguais devrait interpeller tous ceux qui souscrivent aux principes élémentaires d’humanisme et de solidarité. On aurait pu comprendre la situation si toute l’île de Rodrigues avait été décrétée zone rouge en raison d’une forte épidémie de Covid-19 y prévalant. Or, Rodrigues n’a heureusement connu aucun cas de contamination locale.

Il aurait été bien possible pour le gouvernement de Maurice d’organiser des vols spéciaux pour assurer le départ de tous ces Rodriguais. Èvidemment après avoir pris toutes les précautions d’usage, dont tests PCR, vaccination contre le virus et période de quarantaine. Car conserver Rodrigues comme une destination vraiment Covid-free constituera un atout majeur pour cette île tout en offrant aux habitants de l’île principale l’opportunité de visiter sans crainte de Covid ce coin de paradis.

Pour pouvoir financer le départ des Rodriguais, ce n’est certainement pas les fonds qui manquent au gouvernement. On n’a pas hésité une seconde à offrir Rs 400 millions au club Liverpool d’Angleterre pour quelques secondes de spots publicitaires dans des stades vides.