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La semaine décryptée

26 avril 2021, 13:30

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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du 19 avril 2021 au vendredi 23 avril  2021.

Lundi 19 avril

La parade Gaud reste… 
On ne voit plus la Réunionnaise Catherine Gaud (photo) lors des points de presse de Kailesh Jagutpal mais sa parade concernant les morts reste. Ainsi, quand ce lundi 19 avril meurt encore une dialysée – il s’agit d’Avishna Jena – on sort l’explication qu’elle serait morte de «maladie vasculaire cérébrale». C’est Catherine Gaud qui a commencé avec ces explications, donnant même des détails cliniques sur les morts – ce qui est évidemment contraire à l’éthique et même à la loi car apparemment la Réunionnaise ne serait pas enregistrée auprès du «Medical Council». De ce fait, elle n’est pas supposée avoir accès à des dossiers médicaux personnels. Au fait, un conseiller auprès d’un ministre n’est pas autorisé à demander à des fonctionnaires de lui soumette des dossiers. Le conseiller est là pour… conseiller. Qui plus est, la Réunionnaise n’a non seulement porté sur la place publique des données médicales sur des personnes décédées – ce qui a dû mettre bien de familles mauriciennes dans l’embarras en sus des moments pénibles avec la disparition de leurs proches – mais elle s’est aussi attaquée au professionnalisme et au sens du devoir des médecins et des membres du personnel soignant. C’est sans doute ces graves maladresses qui ont poussé le ministre à défendre bec et ongles le personnel médical au point de refuser toute enquête indépendante sur les cas allégués de négligence dans le traitement des patients.

Mardi 20 avril

Le caméléon Mookhesswur Choonee
Ce mardi 20 avril est marqué par la démission de Mookhesswur Choonee «de toutes les instances» du Parti travailliste. Dans les traditions mauriciennes, quand on utilise le terme «toutes les instances», cela entend un très profond désaccord avec le parti concerné. Or, comme dans le cas Nando Bodha, on n’avait vu aucun nuage dans le ciel travailliste avec la grande rupture. Dans sa lettre de démission, Choonee a fait allusion au fait qu’il ne se sentait plus à l’aise dans le parti. Mais quand il a été questionné par le Dr Navin Ramgoolam sur quel élément il ne se sentait pas à l’aise, l’ancien ministre a choisi l’escapade pour venir dire plus tard qu’il démissionnait car il allait assumer les fonctions de président de la «Global Organisation of People of Indian Origin» (GOPIO). Or, feu Mahen Utchanh a été président de la GOPIO tout en s’engageant dans la politique partisane à Maurice. 

Ceux qui connaissent Choonee de près avancent une autre raison derrière sa démission. Il aurait été récupéré par le Sun Trust. On explqiue que Choonee s’est tojours comporté en caméléon politique, changeant de couleur dépendant des circonstances. Il a ainsi fait le va-et-vient entre le MSM et le Parti travailliste. Dans l’édition de 2021, il serait peut-être arrivé à la conclusion qu’il serait un «write-off» côté travailliste et qu’il ferait mieux de se faire chatwa dans l’espoir que le règne Pravind durera encore des années.

Mercredi 21 avril

Sawmynaden un homme pieux 
Ce mercredi 21 avril, l’ancien ministre Yogida Sawmynaden, interrogé depuis quelques jours par la «Major Crimes Investigation Team» (MCIT), a été invité à fournir des éclaircissements sur son emploi du temps le jour, c’est-à-dire le vendredi 16 octobre, où Soopramanien Kistnen, un agent du MSM, a été porté disparu. 

Les Mauriciens en général accordent une grande importance à la religion et rares seraient nos citoyens se réclamant «athées scientifiques». Sur le plan de la religiosité, l’ancien ministre Sawmynaden se démarque des autres à en juger par le temps qu’il consacre au service de Dieu. Ainsi, ce vendredi 16 octobre où Soopramanien Kistnen a cessé de donner signe de vie, Yogida Sawmynaden avait assisté au Conseil des ministres. Puis vers 13 h 30, il mit le cap sur le kovil (temple) de Rivière-des- Anguilles. Il y est resté jusqu’à 21 h 30. Puis il s’est rendu au kovil de La Sourdine, à l’Escalier. Il a quitté ce kovil à 22 h 30. Le choix des kovils de la circonscription de Rivière-des-Anguilles/Souillac (n°13) par le ministre pour se rapprocher de Dieu relève évidemment d’une décision personnelle qu’il serait malsain d’analyser. Il habite à Floréal et représente la circonscription de Moka/ Quartier-Militaire. Si on part d’explications simplistes de communalisme et de castéisme scientifique tel que pratiqué par la classe politique, on comprendrait que les responsables des kovils dans le n°13 seraient bien justifiés dans leur acte s’ils allaient solliciter l’assistance du ministre Renganaden Padayachy, député de la circonscription et qui dispose d’une résidence secondaire à Gris-Gris dans le n°13 même.

Jeudi 22 avril

Air Abdoula
Ce jeudi 22 avril 2021 marque un an, jour pour jour, depuis que la compagnie Air Mauritius (MK) a été mise sous administration volontaire sous la houlette de Sattar Hajee Abdoula (SHA). Membre en vue de «LaKwizinn» et qui selon certains indices aurait même délogé Sherry Singh (photo) dans la hiérarchie, SHA préside aussi aux destinées de la State Bank of Mauritius (SBM). Air Mauritius et la SBM constituent les deux entités de l’État avec les avoirs les plus massifs. 

«L’express» du 22 avril 2021 consacre d’ailleurs un excellent dossier sur l’état de la situation avec un article expliquant comment l’aviation mondiale redémarre avec davantage de liens rétablis. En Grande-Bretagne, ce serait «business as usual» dans quelques semaines alors qu’on fête tapageusement la reprise dans les pubs. Le cas Air Mauritius inspirerait sans doute des étudiants en management et finance pendant longtemps. Contrairement à ce qu’on laisse croire, Air Mauritius était déjà malade avant même que le Covid-19 ne prenne son envol. La révocation de Megh Pillay, excellent administrateur, de la tête de la compagnie nationale d’aviation suivait la logique d’accaparement des ressources par «LaKwizinn». La mort de MK était programmée. Reste à savoir comment Air Abdoula finira ses jours. Le scénario le plus plausible serait son acquisition – pou dipain-diber – par une compagnie arabe. Il se pourrait aussi qu’on assiste à un dépeçage du cadavre, des morceaux et des quartiers étant vendus à gauche et à droite toujours à bas prix mais avec commissions intéressantes. L’un des secrets les mieux gardés à Maurice, c’est combien touche SHA comme administrateur d’Air Mauritius. Si jamais MK se retrouvait dans l’incapacité d’honorer la facture de SHA, elle n’aurait d’autre choix que lui payer en espèces, possiblement avec un ATR72-500.

Vendredi 23 avril

Cocky stonewalling, then ‘tire-caleçon’ ? No!
Kailesh Jagutpal a systématiquement rejeté toute idée d’enquête indépendante sur certains aspects de sa gestion du Covid-19, surtout sur le cas des dialysés ayant perdu la vie après avoir été contaminés à l’hôpital de Souillac qui s’est révélé un véritable abattoir. L’attitude déployée par le ministre s’inspire d’une technique employée depuis longtemps dans la fonction publique. Cette technique, c’est le «stonewalling», c’est-à-dire ériger un mur de pierre pour protéger les fonctionnaires. Il est utile de souligner que le ministre Jagutpal a été un fonctionnaire de la Santé avant de s’engager dans la politique. 

Or, ce vendredi 23 avril, le ministre a annoncé l’institution d’un «Fact-Finding Committee» (FCC) sur le cas des dialysés. La première réaction des Mauriciens a été que le ministre s’est retrouvé désavoué lors de la réunion du Conseil des ministres et qu’il a été contraint de se livrer à un exercice de «tire-caleçon» comme on le décrit dans la belle langue créole. Il se peut que la création d’un FCC ferait partie d’une brillante stratégie pour mettre un terme à tous les débats et à toutes les polémiques que suscite le cas des dialysés ayant succombé dans le sillage du Covid-19. En effet, répondant à chaque demande d’investigation sur les dialysés, le ministre et le gouvernement répondraient qu’il y a déjà un FCC qui enquête et qu’il vaut mieux aller faire des représentations auprès de ce comité. En même temps, l’institution du FCC tue dans l’oeuf toute demande d’enquête judiciaire ou de commission d’enquête sur la question. Bien sûr, le gouvernement veillera bien que ce FCC fonctionne en mode chatwa et qu’il prendra tout son temps pour soumettre un rapport.