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Élections des conseillers des Français de l’étranger: l’importance que la diaspora soit représentée

28 mai 2021, 21:00

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Élections des conseillers des Français de l’étranger: l’importance que la diaspora soit représentée

Il y a deux semaines, la Mauritius Global Diaspora avait organisé des «mock elections» pour permettre aux Mauriciens résidant à l’étranger de voter. Cette demande, longtemps formulée par la diaspora, n’est toujours pas d’actualité pour les autorités. Pourtant, d’autres pays, à l’instar de la France, permettent non seulement à leurs ressortissants expatriés de voter pour l’élection présidentielle, les élections législatives pour élire les députés, notamment les députés des Français établis hors de France, mais également de voter pour les conseillers des Français à l’étranger dont la mission est d’être des élus locaux et de proximité qui connaissent, soutiennent et représentent ces ressortissants Français de l’étranger auprès des ambassades et consulats du pays à l’étranger. Alors que le scrutin en ligne est en cours, deux candidats, Michèle Giraud-Malivel, d’Ensemble océan Indien, et Xavier Dubourg de la Tour, de Près de Vous Français de Maurice et des Seychelles, ont accepté de parler de l’importance du rôle de conseiller. Les deux candidats, pourtant rivaux politiques, s’accordent sur l’importance de représenter leurs compatriotes loin du pays.

  • La présentation des élections 

Les élections pour désigner les conseillers ont débuté. Du 21 au 26 mai, les Français résidant à Maurice ont pu voter par Internet. Le 30 mai, c’est au Lycée des Mascareignes, à Moka, que ceux qui souhaitent voter physiquement devront se rendre. Pour les élections actuelles, quatre listes de sept candidats ont été présentées. Quatre conseillers seront élus et représenteront les Français résidant à Maurice et aux Seychelles pendant cinq ans. Selon les dispositions en vigueur, le mandat d’un conseiller est de six ans, mais avec la pandémie, le précédent avait été rallongé d’un an, d’où le fait que le mandat suivant sera raccourci. 

À Maurice, la diaspora française compte officiellement 9 600 ressortissants inscrits à l’ambassade. Les listes, menées par des têtes de liste, peuvent être indépendantes ou avoir une affiliation politique avec un parti français. Les deux autres listes pour ce scrutin sont Avenir commun, menée par Marcel Misslin de Robillard, soutenue par la République en marche et le Mouvement démocrate et Écologie et développement durable, conduite par Philippe Calle, sous l’égide d’Europe écologie les Verts. 

Ces conseillers, étant des grands électeurs, votent aussi pour les sénateurs des Français de l’étranger. Ces derniers, avec les députés des Français à l’étranger, sont les points de contact des conseillers en France. Au total, 442 conseillers seront élus à travers le monde.

  • À quoi sert un conseiller ? 

«C’est très simple. Nous devons voir les besoins de la communauté française à Maurice et faire en sorte d’y répondre», avance Michèle Giraud-Malivel. Les besoins peuvent prendre plusieurs formes : assister ceux qui viennent de s’installer au pays dans leurs démarches. «Par exemple, l’inscription dans les écoles, aides pour les démarches des allocations, s’assurer de leur protection sociale et faire de sorte que la Caisse des Français de l’Étranger fonctionne bien, entre autres» explique-t-elle. Xavier Dubourg de la Tour rajoute que les conseillers sont de vrais élus de proximité bénévoles. «C’est un rôle comparable à un élu de village.» Ce rôle devient encore plus important lorsque les conseillers sont face à des dossiers jugés délicats. L’exemple que cite le candidat est un dossier de divorce. «Nous aidons à préparer le dossier car les deux parties n’ont pas forcément envie de donner tous les détails personnels à un fonctionnaire de l’ambassade.» 

En plus du travail de terrain et de proximité, le conseiller a aussi un rôle plus global. Il est l’intermédiaire entre les Français à Maurice et les autorités françaises. «Les besoins des Français à Maurice diffèrent de ceux vivant au Nigéria, par exemple. Donc, il faut pouvoir comprendre avant de porter les problèmes bien spécifiques aux autorités afin qu’elles prennent des dispositions», dit Michèle Giraud-Malivel. Souvent, rajoute Xavier Dubourg de la Tour, ces affaires sont évoquées avec les contacts en France des candidats qui font avancer les demandes. 

D’ailleurs, à Maurice, les conseillers ont eu du fil à retordre avec la pandémie du Covid-19 et le confinement. Tout comme Michèle Giraud-Malivel, Xavier Dubourg de la Tour avance qu’il avait pris des dispositions pour que des médicaments arrivent à Maurice pour ceux qui en avaient besoin. «Notamment des injectables et il a fallu que je prenne des dispositions pour maintenir la chaîne de froid», souligne-t-il. Michèle Giraud-Malivel, elle, centralisait aussi les demandes des Français à Maurice afin d’y répondre plus facilement. Cela a aussi aidé à lancer les procédures d’urgences ou encore, évacuer des familles vers La Réunion.

  • Le rayonnement du pays 

Il y a certes les aides, mais le rayonnement de la culture du pays d’origine est aussi un aspect fondamental du travail des conseillers. «Peu importe où nous vivons, nos racines ne changent pas. Un Français à Maurice aura toujours ses racines en France, tout comme un Mauricien en France aura ses racines à Maurice», dit Xavier Dubourg de la Tour. Par exemple, Michèle Giraud-Malivel avait, lors de son mandat, fait installer la table d’observation de la bataille du Grand-Port au Mahébourg Waterfront. 

Cependant, le rôle du conseiller n’est pas hermétiquement réservé aux Français résidant à Maurice. «60 % des élèves des lycées français sont Mauriciens. Sans eux, il n’y a plus de lycée. Nous devons donc veiller et nous battre pour que les prix restent corrects», fait ressortir la candidate en tête de liste d’Ensemble océan Indien. Ou encore, suivant le naufrage du MV Wakashio, les entreprises françaises spécialisées dans le domaine avaient été sollicitées pour leur expertise par les conseillers.

  • La logistique 

C’est la grande question qui revient toujours sur le tapis à chaque fois que la question est abordée. Comment faire pour que la diaspora vote. L’État français a confié la création du système à une compagnie espagnole. Un «trial run» a eu lieu et le fonctionnement a été satisfaisant. Les électeurs inscrits ont reçu un identifiant par mél pour se connecter sur le site. Quant au mot de passe, il a été envoyé par SMS. 

Est-ce que ça marche ? Les avis commencent à diverger. Selon Michèle Giraud-Malivel, avec le confinement, l’habitude de tout faire en ligne s’est développée et, de ce fait, cette année a vu un nombre record de votes en ligne. Cependant, Xavier Dubourg de la Tour, lui, explique que le système n’est pas tout à fait au point. «Par exemple, il y a eu des cas où, à cause des bugs, les personnes ont dû renouveler leur vote le lendemain. De plus, si les coordonnées ne sont pas à jour, cela pose problème», indique-t-il. En plus du vote en ligne, il y a aussi un jour de vote physique de prévu le 30 mai.

  • Et à Maurice ?

Les deux candidats sont catégoriques : avoir des représentants pour la diaspora est primordial car aider pour les démarches, assister en cas d’urgence et faire vivre la culture est difficile à faire au niveau individuel. Est-ce que Maurice peut envisager un tel scénario ? «Les systèmes de conseillers marche car nous n’opérons pas sous vide. Nous ne sommes que le premier échelon d’un escabeau et disposons d’un réseau mondial», affirme Michèle Giraud-Malivel. 

Le système qui pourrait marcher, selon la conseillère sortante, est l’élection de députés dont le travail serait d’écouter les besoins de la diaspora et les transmettre au gouvernement, comme cela avait été évoqué par plusieurs experts l’année dernière. De son côté, Xavier Dubourg de la Tour estime qu’Il faut distinguer les votes pour les députés et la mise en place d’une représentation des Mauriciens à l’étranger qui est plus complexe. En revanche, un système de vote pour tous ceux qui vivent à l’étranger n’est pas compliqué dans les pays où des postes diplomatiques existent.