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Covid-19 - Seconde injection du vaccin: une bonne dose de questions

29 mai 2021, 22:00

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Covid-19 - Seconde injection du vaccin: une bonne dose de questions

Le vaccin contre le Covid-19 a été au centre des discussions durant ces quelques jours. Maurice a commencé la semaine avec une patiente qui a subi un AVC après avoir reçu sa seconde dose d’AstraZeneca et l’a terminée avec des expatriés rentrés au pays qui se demandent s’ils pourront recevoir leur seconde dose ou pas.

Ce ne sera pas la Fête des mères qu’ils avaient prévue demain. Toujours hospitalisée, la patiente qui a subi un AVC après avoir reçu sa seconde injection d’AstraZeneca le 24 mai, ne sera pas avec sa famille ce dimanche. Une situation très dure pour son époux, qui s’en remet difficilement après ces événements. «Ma femme était une femme débrouillarde avec la joie de vivre et qui aimait travailler et sortir. Savoir qu’elle ne pourra plus mener une vie normale nous a tous bouleversés», déclare l’époux.

Les cadeaux de la Fête des mères avaient déjà été achetés. L’époux de la quadragénaire avait déjà prévu leur journée de ce dimanche. Il avait choisi un cadeau pour elle ainsi que pour sa fille qui a un petit garçon. Mais l’heure n’est plus à la fête. «Mo ti fini prevwar, mo dir mem si nou dan difikilté, bisin asté enn kado. Nou ti pou fer enn ti zafer an fami mai ala nou bann plan inn sanzé. Pou bisin ale guet li lopital e pa koné kan li pou sorti.»

Lors du point de presse du National Communication Committee, mercredi, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a affirmé que le vaccin pourrait ne pas être la cause de l’accident vasculaire cérébral de la dame et il a demandé au public de ne pas spéculer. Les médecins de l’hôpital où est admise la patiente ont aussi affirmé à l’époux qu’il est possible que l’AVC soit survenu parce qu’elle souffrait d’hypertension avant de se faire vacciner.

Cependant, l’homme campe sur le fait que son épouse se portait très bien avant le vaccin. «Elle ne souffrait d’aucune pathologie et elle était pleine de vie, je peux vous l’assurer.» C’est d’ailleurs pour cela, dit-il, qu’il est impossible pour sa femme de penser une seconde qu’elle ne pourra plus travailler. En effet, depuis que l’on a découvert lundi qu’elle avait une veine cassée dans la tête, les médecins ont prévenu la famille qu’elle ne pourra plus travailler et qu’elle sera sans doute sujette à des crises d’épilepsie. Une nouvelle qui est tombée comme un coup de massue pour cette femme de ménage qui n’aime pas rester sans rien faire.

Vendredi matin, elle se portait bien selon son époux. Elle arrivait à parler et à marcher pour aller prendre son bain, toutefois sa tension était élevée. «Elle ne cesse de penser à ce qui va lui arriver. En plus nous ne sommes pas une famille riche, elle et moi travaillons tous les deux pour subvenir à nos besoins. Nous lui avons tous dit, ainsi que les médecins, de ne pas se stresser mais elle a peur pour le futur, surtout que nous avons une fille de 15 ans qui est toujours au collège.» La prochaine étape, selon l’époux, c’est un rendez-vous avec un neurologue, pour connaître la suite de son traitement.

Pour rappel, la quadragénaire s’est fait injecter sa seconde dose d’AstraZeneca le 24 mai au Lycée polytechnique de Flacq. Tout de suite après, elle a commencé à se sentir mal. Elle est allée faire des courses et en fin d’après-midi son état s’est aggravé et elle a été transportée d’urgence à l’hôpital Dr Bruno Cheong à Flacq.

Le sort des rapatriés

Par ailleurs, rentrés au pays durant le confinement par des vols de rapatriement, des Mauriciens qui ont déjà fait leur première dose de vaccin à l’étranger, ne savent pas s’ils pourront recevoir la seconde piqûre sur le sol mauricien. Nombre limité des vaccins ? Ou mauvaise planification des autorités ? Le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal a indiqué hier, lors de la conférence de presse du National Communication Committee, que les Mauriciens concernés sont priés d’appeler la hotline 141 ou 8924. Ainsi les autorités vont prendre connaissance de la période qu’il faut pour leur seconde dose et «si Moris ena, biensur pou fer vaccin la...»

Un couple d’une soixantaine d’années fait face à cette incertitude. Mari et femme sont rentrés de Londres en avril dernier. Ils étaient bloqués en Angleterre pendant sept mois. Concernant la vaccination, leur nièce indique qu’ils avaient averti les autorités mauriciennes qu’ils étaient en attente de leur seconde injection. «Ils ont dit que cela n’était pas un souci.»

Les deux personnes âgées ont reçu leur première dose d’AstraZeneca en mars dernier, au Royaume-Uni. «Ce qui veut dit qu’ils devraient, en principe, avoir leur seconde dose maintenant», déclare leur nièce. Mais la communication avec les autorités est difficile. «Sur la hotline, impossible d’avoir une réponse claire. Il faut désormais presque supplier pour avoir une explication», fait ressortir la famille.

Durée de la protection

Pendant combien de temps le vaccin protège-t-il ? Aucune donnée n’est disponible sur la question, qui revient pourtant souvent. Il faudra attendre un peu et après des études plus poussées pour pouvoir déterminer à quelle fréquence il faudra se faire vacciner. Plusieurs fabricants de vaccin ont commencé des études afin de déterminer si une troisième dose est nécessaire pour une protection optimale. Surtout avec la prévalence des variants. Oxford publiera une étude prochainement, selon l’équipe de chercheurs, recommandant une troisième injection d’AstraZeneca pour protéger contre tous les variants connus. La seule autre société qui a évoqué cette possibilité est Pfizer. Il y a un mois, le Chief Executive Officier, Albert Bourla, a annoncé qu’une troisième piqûre – entre six mois et un an – après la deuxième, suivie d’une vaccination annuelle, augmenterait la protection. Dans le cas de Sinopharm, l’administration d’une troisième injection six mois après la deuxième a déjà débuté aux Emirats arabes unis. Les autorités ont affirmé qu’elle booste considérablement les effets protecteurs.

La vaccination des enfants est-elle envisageable ?

Depuis le début de la seconde vague à Maurice cette année, plusieurs cas de contamination concernent des enfants. Pas plus tard que la semaine dernière, un bébé de huit mois a été infecté. Alors que le ministère de la Santé encourage le maximum de personnes à se faire vacciner, est-ce qu’une campagne pour les enfants est prévue? Dans les autres pays comme les États-Unis et le Canada, les autorités ont autorisé la vaccination des mineurs à partir de 12 ans, avec le vaccin Pfizer/BioNTech. Et selon le journal en ligne de BBC News: «Les États-Unis ont déjà vacciné environ 600 000 enfants âgés de 12 à 15 ans. Ils espèrent disposer de suffisamment de données de sécurité pour vacciner encore plus de jeunes l’année prochaine.» Lors d’une question hier, le ministre Jagutpal a soutenu qu’il est vrai que les enfants sont parmi les plus infectés lors de cette seconde vague mais qu’il faudra attendre encore avant d’envisager les vaccins aux mineurs.