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La semaine décryptée

30 mai 2021, 14:45

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La semaine décryptée

Lundi 24 mai

Vallée-Pitot particulièrement ciblée ?

Quand la région de Vallée-Pitot a été décrétée zone rouge le lundi 24 mai, de nombreux Mauriciens ont émis des doutes sur le mobile réel derrière cette décision draconienne du gouvernement. En effet, on n’a pas assisté à une flambée de cas d’infection au Covid-19 à Vallée-Pitot comme cela s’est produit dans le Sud, par exemple. Aussi, ce même lundi 24 mai, quand on a évoqué les cas de contamination à Dreamton Park, dans le quartier exclusif de Sodnac, à Quatre-Bornes, on comprenait que ce complexe d’appartements de luxe avait échappé à un confinement classique avec les résidents conduits vers des centres de quarantaine.

Le ministre Bobby Hurreeram, qui réside à Dreamton Park, a-t-il été l’élément déterminant qui a permis aux résidents d’échapper au régime rigoureux qu’on impose généralement sur des gens pouvant être potentiellement infectés. Autant qu’on le sache, aucun ministre ou backbencher vocalement puissant ne réside dans la région de Vallée-Pitot. Toujours sur la question des décisions controversables, on n’arrive pas toujours à comprendre comment le quartier de Bonne-Terre, à Vacoas, est toujours maintenu en zone rouge. Quelle est la source de ce grave danger auquel s’exposent les habitants qui sont généralement des planteurs, des opérateurs économiques, des professionnelles et des fonctionnaires ?

Mardi 25 mai

Comment contrôler l’Internet

Le mardi 25 au Parlement, il a été surtout question de l’intention du gouvernement de contrôler les réseaux sociaux dont l’accès à l’Internet, cela dans le but sans doute de consolider les assises d’un régime autocratique. Deux obstacles se dressent devant cette mise en place d’un gouvernement autocratique.

Il y a d’une part les publications et le site Web de l’express de même que quelques rares journaux et sites Web qui soutiennent la cause de la liberté d’expression. Autrement, le pouvoir contrôle tout, y compris les médias électroniques générés à partir de Maurice. Ce qui échappe encore au contrôle du pouvoir, c’est l’Internet avec tous ses médias sociaux dont Facebook, WhatsApp et Twitter.

Tout le cinéma de l’ICTA se résume à cette finalité. Déjà de puissantes organisations internationales, dont Facebook, s’opposent à cette initiative du gouvernement, mais il ne faudrait pas exclure la possibilité que les transactions financières à l’intérieur du pays de même qu’avec l’étranger soient compromises quand on va réaliser que des nominés politiques du gouvernement pourraient avoir accès à des données sur des comptes bancaires tout en se voyant offrir la possibilité d’une manipulation digitale.

Mercredi 26 mai

De Pierre Poivre à Siambhoo Sungkur

L’express du mercredi 26 mai consacre un article sur la gestion du jardin de Pamplemousses qui jouit d’une renommée mondiale et dont s’en souviennent les centaines de milliers de touristes qui ont eu l’occasion de le visiter et d’apprécier ses atouts. Conçu et crée par Pierre Poivre en 1770 sur une superficie de 37 hectares, soit 91 arpents, ce jardin a émerveillé Indira Gandhi, la reine Elizabeth et le prince Philip, les princesses Margaret et Alexandra, Robert Mugabe, Julius Nyerere, Cheddi Jagan, Albert René, Kenneth Kaunda, François Mitterrand, bref tous les visiteurs de marque. Évidemment, toutes les écoles du pays organisent à un moment ou à un autre ces fameuses excursions qui conduisent les enfants à Pamplemousses afin qu’ils puissent admirer les charmes de ce jardin mondialement apprécié. C’est aussi le plus vieux jardin dans l’hémisphère Sud.

251 ans après Pierre Poivre, sa version 2021 s’appelle Siambhoo Sungkur, un super protégé de Lakwizinn. Sous son administration, le jardin est devenu une vitrine de ce qu’il y a de pire dans une République bananière. Les attractions ne sont plus entretenues, les déchets s’accumulent, les espèces meurent graduellement. Le Pierre Poivre version 2021 est aussi accusé de harcèlement sexuel. Pourtant, bien que le jardin accueille une large collection d’espèces du monde entier, il n’abrite pas de coco-fesse des Seychelles.

Jeudi 27 mai

Yogi, a hard nut to crack?

Ce jeudi 27 mai a été un jour heureux pour l’ancien ministre Yogida Sawmynaden, compagnon d’armes du Premier ministre (PM) dans la circonscription de Moka–Quartier-Militaire (no 8). En effet, le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) a mis fin ce jeudi 27 à la deuxième private prosecution intentée à l’ancien ministre relativement à l’affaire d’emploi fictif de Simla Kistnen comme constituency clerk. Après cette victoire, l’ex-ministre a retrouvé la parole et il a aussitôt déclaré qu’il est oppressé et harcéle par les avocats de la veuve de l’activiste MSM Soopramanien Kistnen, dont l’assassinat fait l’objet d’une enquête préliminaire avec des révélations sensationnelles au tribunal de Moka. Sawmynaden constitue un cas exceptionnel, à en juger par les normes de Lakwizinn, car pour moins de soupçons de maldonne que ça, des ministres comme Raj Dayal, Ravi Yerrigadoo et Rubina Jadoo-Jaunbocus avaient été rapidement débarqués et Étienne Sinatambou et Sudhir Seesunkur privés de ticket. Lakwizinn n’a lâché Sawmynaden que quand la situation est devenue intenable. Le colistier du PM ne cesse d’invoquer la protection divine dans ses tribulations, mais il ne faudrait pas sous-estimer la force des «enn-tigit-pli-tipti-ki-bondie» dans la sauvegarde de son bonheur.

On ne sait pas si le bookmaker Lee Shim a ouvert des paris sur l’avenir de Sawmynaden. Si ce dernier est totalement blanchi et retrouve son poste ministériel, les dommages en termes de crédibilité professionnelle et politique des «Avengers» seraient tellement considérables qu’on assisterait à des scènes de «galoup touni lamé dan pos».

Vendredi 28 mai

Ça va couler côté CWA

Toute la population dépend de la Central Water Authority (CWA) pour sa fourniture d’eau. C’est une institution cruciale dans la vie de chaque Mauricien. Un fait qui intéressera tout Mauricien. Le vendredi 28 mai, trois Principal Engineers de la CWA ont été suspendus. Quand une décision majeure est annoncée dans un ministère ou un corps para-étatique, un vendredi, cela indique clairement que l’affaire a été portée devant le Conseil des ministres et que le ministre concerné a obtenu l’aval du Premier ministre et le soutien de ses collègues pour pouvoir prendre l’action qui s’impose. La suspension des ingénieurs constitue un deuxième événement qui est venu bouleverser le train-train habituel des employés d’institutions publiques. L’autre événement a été la noyade, le 18 mai, à Mare-aux-Vacoas, de l’ingénieur Graham Watkins, un sous-contractant de la Water Resources Unit, cette dernière étant une entité sous le contrôle de la CWA.

Cet ingénieur d’origine britannique venu du Zimbabwe a perdu la vie en raison d’une négligence criminelle d’une extrême gravité. On n’avait tout simplement oublié de fermer la vanne d’alimentation au lieu où l’ingénieur travaillait. Ce serait comme si on entreprend des travaux sur le système électrique à la maison sans «couper le fusible».

Le laisser-aller dans les institutions publiques a pris des dimensions alarmantes ces dernières années comme le témoigne d’ailleurs toute l’affaire du naufrage du Wakashio. La suspension des ingénieurs de la CWA pourrait être utilisée à des fins de propagande pour faire accroire que le gouvernement est loin d’être «mollo-mollo» et qu’il sait prendre des décisions fermes et radicales.