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Vaccination anti-covid-19: Les autorités envisagent une troisième dose l’année prochaine

2 juin 2021, 20:06

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Vaccination anti-covid-19: Les autorités envisagent une troisième dose l’année prochaine

La première campagne de vaccination est toujours en cours et les autorités réfléchissent déjà à l’année prochaine. Est-ce un excès de précautions ou est-ce parce que les vaccins commandés dépassent la demande, le reste de la population ayant de plus en plus de réticence à se faire piquer ? 

Le 21 mai, le pays a reçu 500 000 doses du vaccin Sinopharm et le lendemain, 5 000 doses de Hayat Vax, le même vaccin mais produit aux Émirats arabes unis (EAU) – voir plus loin – ont débarqué. 200 000 de Covishield et 200 000 de Covaxin ont aussi été reçus et une bonne partie payée. Le pays attend aussi des doses commandées à travers la Covax Facility, d’autres doses d’AstraZeneca, de Sinopharm, de Spoutnik V et de Johnson & Johnson, mais il n’y a pas de dates pour la livraison. À vendredi dernier, 239 299 personnes avaient déjà reçu une première dose et 181 819, la deuxième dose. Selon la réponse du Dr Kailesh Jagutpal au Parlement le 23 mars, le but du gouvernement est de vacciner 879 056 personnes. Le Dr Zouberr Joomaye, président du Vaccination Committee, explique que ce chiffre devrait être atteint en septembre. «Avec les vaccins disponibles et les commandes en cours, nous sommes largement au-dessus des besoins de la population», ajoute-t-il.

Que fera le pays du surplus ? Le Dr Zouberr Joomaye avance que les autorités envisagent déjà une campagne de vaccination l’année prochaine pour la population déjà vaccinée. «On ne sait pas si ce sera un programme annuel, mais selon les données disponibles, l’immunité dure environ un an. Nous travaillons donc déjà sur la campagne de l’année prochaine», affirmet-il. Cependant, il précise qu’il faudra attendre encore d’autres études pour savoir si le programme deviendra récurrent chaque année ou pas.

Pour rappel, pendant les études cliniques, il a été établi que tous les vaccins procurent une immunité de six mois au moins. La vaccination a commencé à l’international en janvier, et, de ce fait, il faut attendre encore un peu pour déterminer l’effet observé dans la population vaccinée car les six mois ne sont pas encore écoulés. Pour avoir une idée plus précise sur la durée réelle de l’immunité de chaque vaccin, il faudra sélectionner un échantillon de la population vaccinée et tester leurs «neutralising antibodies» spécifiques au Sars-Cov-2.

Si la deuxième campagne commence après un an de la date de la deuxième dose, et vu que l’immunité dure au moins six mois, les personnes vaccinées ne sont-elles pas à risque entre le 6e et 12e mois ? Oui, selon le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des services de santé. Selon lui, les données sont toujours attendues. «On parle d’immunité de six mois. Mais généralement, la période de protection va au-delà. La question est de savoir si l’immunité dure un an», dit-il.

La solution, poursuit-il, est une étude locale sur les vaccinés. Cette étude n’est pas difficile à mener. «Il suffit de se procurer d’un appareil pour détecter les neutralizing antibodies et tester régulièrement les anticorps des vaccinés. Cela permettra de voir la qualité et la quantité des anticorps post-vaccination et ainsi déterminer jusqu’à quand ils sont présents.»

Toutefois, sollicitée, Houriiyah Tegally, doctorante en bioinformatiques, estime que la période de six à huit mois a été dite par un excès de précaution. «N’oublions pas que toutes les données sur une troisième dose, ni sur le temps que durent les anticorps, ne sont toujours pas disponibles», souligne-t-elle. De plus, la quantité et la durée des anticorps dépendront du vaccin administré. Elle rajoute que même s’il n’y a plus d’anticorps du vaccin, le corps sera toujours protégé grâce aux autres cellules blanches qui, elles, seront toujours présentes. Pendant la période d’attente, dans ce cas, le corps ne sera pas aussi exposé qu’avant la vaccination.

 La «booster dose»

Pfizer, Moderna et AstraZeneca ont déjà annoncé qu’ils travaillent sur des «updated booster doses» depuis l’apparition des variants. Les autres fabricants n’ont pas encore communiqué sur ce sujet. Cependant, aux Émirats arabes unis, la campagne pour une troisième dose de Sinopharm six mois après la deuxième a déjà débuté. Quant à AstraZeneca, les études menées par Oxford ont démontré qu’une troisième dose permet au corps de se protéger contre les variants connus. Cependant, l’étude elle-même n’a pas été publiée et le timing de l’administration de la troisième dose n’a pas encore été communiqué.

Houriiyah Tegally estime qu’il faut suivre l’évolution du virus de près avant de décider du booster à administrer. «Nous avons vu que certains vaccins sont moins efficaces contre les variants. Donc, si les autorités veulent que l’immunité soit prolongée, il faudra commander les versions mises à jour des vaccins. Sinon, cela ne servira à rien.» De plus, elle rappelle qu’il n’y a pas de règlement établi ni par l’Organisation mondiale de la santé ni par les fabricants pour les «booster doses» jusqu’à l’heure.

Le «timing»

Le Dr Vasantrao Gujadhur est plutôt sceptique. Il se demande pourquoi le gouvernement pense à l’année prochaine alors que la campagne de cette année traîne. «Les gens sont toujours méfiants. Il n’y a pas de campagne de sensibilisation. Le taux de vaccination, ne serait-ce que pour la première dose, est bien en dessous des prévisions. Pourquoi ne pas se concentrer sur cette année avant de penser à l’après ?» fustige-t-il. Selon lui, la communication sur la vaccination est trop légère et les doutes persistent dans la tête du public. De plus, la logistique en place n’a pas permis d’atteindre les 12 500 vaccinés par jour pour atteindre 74 % de la population vaccinée en août. «Selon les chiffres annoncés, le pays a eu 1 624 000 doses de vaccin. Donc, il faudra encore 737 600 doses pour atteindre les prévisions. Lorsque je vois la campagne depuis janvier, je me dis qu’il vaudrait mieux se concentrer sur cette année avant de penser à plus loin.»

La dose de la discorde

Alors que le débat sur la troisième dose est lancé, certains se battent toujours pour avoir leur deuxième dose, surtout que le temps requis entre les deux doses est déjà écoulé. C’est le cas de Vishal Singh Balluck, un habitant de Bonne-Terre, qui était en zone rouge du 8 au 29 mai. Selon cet enseignant au collège Medco de Cassis, il a eu sa première dose de Sinopharm le 27 avril à la Pandit Cashinath Kisto Aryan Vedic School, à Vacoas. Le rendez-vous pour la piqûre de rappel était le 19 mai. Mais il n’a pas pu s’y rendre car il était en zone rouge.

Comme le ministère l’a préconisé à plusieurs reprises, il a appelé les hotlines 141 et 8924. En vain. «Personne n’a pu me donner des renseignements. Ils ont dit qu’ils n’ont pas le nouveau calendrier», fustige-t-il. Cependant, ses voisins, vaccinés à l’AstraZeneca et au Covaxin, ont pu avoir leur deuxième dose au Solferino Multipurpose Hall. Depuis, il désespère face au manque d’informations. Hier, cela faisait 35 jours depuis sa première dose. «Est-ce que la deuxième sera toujours un booster après tous ces jours ? Est-ce que la première dose est toujours valide ?» se demande Vishal Singh Balluck.

Sollicitée, une source officielle du ministère affirme que le calendrier a été établi. «Il faut savoir que pour l’administration de la deuxième dose, il n’y a pas un jour précis. Il y a un laps de temps que nous respectons», dit notre interlocuteur. De plus, il affirme que le ministère fait un suivi de près des personnes vaccinées. «Lorsque quelqu’un rate son rendez-vous, les services du ministère l’appellent personnellement pour voir ce qu’il en est et pour caler un autre rendez-vous.» Pour l’heure, Vishal Singh Balluck dit ne pas avoir eu d’appel du ministère. Selon la documentation officielle de Sinopharm et les recommandations de l’OMS, les doses de ce vaccin doivent être espacées de trois à quatre semaines. «Si la deuxième dose est retardée, il est conseillé de l’administrer le plus vite possible», peut-on lire dans le Vaccine Explainer (Sinopharm) de l’OMS. Aucune information sur l’efficacité – ou la baisse d’efficacité – sur une administration du rappel au-delà du temps recommandé n’a été publiée.

Les origines du Hayat Vax

Si les questions se bousculent sur son origine, le Hayat Vax n’est pas si mystérieux. C’est simplement le nom commercial du vaccin de Sinopharm, qui est produit aux EAU, tout comme l’AstraZeneca produit en Inde est commercialisé sous la marque Covishield. Cette production est un partenariat entre Sinopharm, le groupe G42, spécialisée dans la technologie de pointe et Julphar, fabricant de médicaments basé aux EAU. Le but de ce partenariat est d’aider à pallier le manque de vaccins sur le marché mondial. Il est prévu que les EAU produisent 200 millions de doses à terme. Mais pour l’instant, l’usine a la capacité pour fabriquer 2 millions de doses par mois. Sinopharm a été approuvé par l’OMS pour une utilisation d’urgence le 7 mai.