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Sauver des vies: Le don de sang et le vaccin anti-Covid-19 ne font pas bon ménage pendant 28 jours

17 juin 2021, 16:54

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Sauver des vies: Le don de sang et le vaccin anti-Covid-19 ne font pas bon ménage pendant 28 jours

Si vous appelez l’hôpital pour donner votre sang en remplacement de la pinte qui sera donnée à un de vos proches et qu’on refuse votre proposition parce que vous êtes vaccinés contre le Covid-19, c’est franchement interpellant, voire paniquant. Pourquoi les personnes vaccinées ne peuvent-elles pas faire don de leur sang ? La campagne de vaccination ne risque-t-elle pas de faire diminuer les réserves en sang à la Banque de Sang ? Réponses…

Chaque jour, la Banque de Sang doit avoir au moins 160 pintes à portée de main en matinée. «Il en faut pour les patients dialysés, pour ceux souffrant des thalassémies, ceux en traitement pour le cancer et les autres urgences», explique Sarah Thandrayen, membre de la Blood Donors’ Association (BDA). Or, les personnes vaccinées ne peuvent pas donner leur sang juste après la vaccination. Selon le protocole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ceux à qui on a administré des vaccins de types disponibles à Maurice, soit les viral vector et inactivated, doivent attendre 28 jours avant de donner leur sang.

Pour l’instant, la confiance est affichée. Même si la situation est difficile à la Banque de Sang. «Vous savez, par temps de pandémie, on ne peut s’attendre à ce que la situation soit pareille comme en temps normal. Pour être franc, nous sommes toujours en manque de sang, pandémie ou pas», avance la Dr Janaki Soonoo, responsable de la Banque de Sang. Ce qui la rassure, c’est qu’aucun patient n’a manqué de sang jusqu’ici. «Nous avons pu gérer, que ce soit pour les patients souffrant de thalassémies, que pour les dialysés ou les cancéreux.»

28 jours plus tard

C’est justement la bonne gestion des stocks, qui a fait que le manque ne se soit pas fait sentir. Rohit Teeluckdharry, responsable de la communication à la BDA, explique comment il a fallu s’adapter à la nouvelle donne pour s’assurer que le minimum requis chaque jour soit disponible. Tout d’abord, il a fallu s’accommoder du délai de 28 jours. «Nous avons demandé à tous nos donneurs de venir donner leur sang avant d’aller se faire vacciner. Cela a beaucoup aidé.» Puis, il y a aussi eu une communication aux donneurs qui ont reçu le vaccin Covishield (AstraZeneca). Comme leur deuxième dose est adminis- trée après 12 semaines, «on leur a demandé de faire un don entre les deux doses». Pour ceux qui ont reçu le Covaxin et le Sinopharm, un don avant la vaccination ou un don deux mois après avoir été vaccinés, a été programmé.

De plus, les événements se sont multipliés. «Même les dimanches, nous organisons des collectes de sang. Dimanche dernier, nous avons obtenu 67 pintes. En ce moment, les caravanes sillonnent l’île et sont mobilisées tous les jours», ajoute Sarah Thandrayen. Ou encore, des membres et des volontaires s’organisent, au niveau de leur localité, pour effectuer des collectes. Rien que la semaine dernière, 500 pintes ont été obtenues. «Certains organisent des collectes dans les lieux de culte. D’autres demandent à leur voisin la permission d’utiliser leur cour à cet effet. Tout ça pour vous dire que nos membres et les donneurs font tout pour que la situation ne devienne pas critique.»

Éviter une pénurie à tout prix. C’est avec cela en tête que la BDA a aussi multiplié les collectes. «Par exemple, pour la Bood Donor’s Day, nous collectons généralement plus de 100 pintes à Port-Louis. Cette fois, nous n’en avons eu que 16», déplore Sarah Thandrayen. Mais il n’y a pas que la vaccination en cause.

La Dr Sonoo rappelle qu’il y a eu le confinement et que de facto, les gens ne sortaient pas. Mais tout espoir n’est pas perdu. Les chiffres du confinement de 2021 sont parlants. En 2020, pendant le confinement, 131 collectes de sang ont été organisées et 4 824 pintes ont été collectées. Cette année, depuis le début du confinement à ce jour, il y a eu 106 collectes d’organisées et plus de 5 000 pintes recueillies. «Malgré les zones rouges et la vaccination, la campagne de sensibilisation a porté ses fruits. Je remercie tous les donneurs qui se sont mobilisés», déclare Sarah Thandrayen.

Les anticorps : pas de risque

Après le don, personne ne sait qui va recevoir le sang collecté. Avec la campagne de vaccination en cours, d’autres questions sont soulevées. Par exemple, il se passe quoi si le sang d’une personne vaccinée est administré à une autre à qui la vaccination est contre-indiquée ? La réponse se trouve dans le protocole de l’OMS où il est question d’éviter la transmission des agents infectieux à la personne qui reçoit le sang. Mais encore ? Houriiyah Tegally, doctorante en bio-informatiques, décode et explique que les anticorps ne posent pas problème vu qu’ils sont produits naturellement par le corps. «La contre-indication concerne le virus lui-même, ou la partie du virus utilisée pour le vaccin ou encore, d’autres composants du vaccin», dit-elle. D’où l’imposition des 28 jours pour laisser le temps aux agents du vaccin de disparaître du sang.

Le Dr Catherine Gaud, conseillère au ministère de la Santé, ajoute que le transfert d’anticorps d’une personne à une autre ne peut qu’être positif. «Si une personne a les anticorps, cela ne peut que la renforcer», ditelle. Pour rappel, le temps d’attente entre le vaccin contre le Covid-19 et celui de la grippe saisonnière est de 14 jours.

Le flou à propos du protocole en milieu hospitalier

À partir du 21 juin, toute personne qui se rend dans les hôpitaux, devra être vaccinée ou être m unie d’un test PCR da- tant de moins de sept jours. Qu’en sera-t-il de ceux qui veulent donner leur sang ? Le même protocole sera-t-il appliqué pour eux ? Et s’ils sont vaccinés, devront-ils attendre 28 jours avant de pouvoir se rendre à l’hôpital ? N’est-ce pas là le cas du serpent qui se mord la queue ? La question a été posée et pour l’heure, personne n’a de réponse… «Le PCR ne sera obligatoire que pour les personnes qui seront admises. Quant aux donneurs, il y aura aussi des caravanes mobiles hors des hôpitaux vers lesquels ils peuvent se tourner», nous a-t-on fait comprendre.