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La semaine décryptée
Lundi 21 juin - Le colon et le club-house de Ganoo
L’express du 21 juin revient sur le qualificatif utilisé par le ministre Alan Ganoo au Parlement dans la nuit du samedi 19 juin quand il s’attaquait personnellement au leader historique du MMM.
Pour commencer, on se demande comment des débats sur le Budget pouvaient occasionner des attaques de nature politique et raciste et comment cela ait pu échapper à la vigilance du speaker ou de son adjoint. Il est vrai qu’en ce temps hivernal, le recours aux chopines-six constitue la recette par excellence pour sombrer dans la somnolence.
Dans la société mauricienne, on utilise bien des termes particuliers pour se livrer à des attaques racistes ou communales contre des adversaires. Colon, par exemple, désigne un membre d’une certaine communauté. En bhojpuri, on dirait «saheb-wa». Qu’un dirigeant de la trempe d’Alan Ganoo soit amené à se livrer à des attaques racistes contre Paul Bérenger reflèterait bien l’opportunisme cyniquement calculé et l’abandon des principes de base auxquels se seraient livrés des hommes politiques pour goûter aux privilèges et fastes du pouvoir.
Alan Ganoo, qui avait fait partie du groupe dissident MMM-Socialiste et Progressiste (MMM-SP) de Dev Virahsawmy, s’était présenté comme un lutteur maoïste ultrarévolutionnaire à ses débuts en politique. Mais après son retour au MMM, il était devenu un fidèle inconditionnel de Paul Bérenger. Entre l’utilisation de l’épithète colon et son parcours – surtout son «achat», sans doute facilité par son leader, du club house d’une très grosse entreprise – tout cela pourrait constituer le thème d’un doctorat en sciences politiques.
Mardi 22 juin - Weaker and weaker rupee? Good news for Pada
Lorsque la roupie dégringole, cela réjouit les exportateurs, les opérateurs du secteur touristique (pas tellement actifs en ce moment) et le ministre des Finances.
Les exportateurs obtiennent davantage de recettes en roupies mauriciennes de même que les propriétaires des hôtels fréquentés par des touristes étrangers. Que gagne le ministre des Finances de la chute de la roupie ? Il accroît ses revenus. En effet, quand la roupie baisse, les prix des articles massivement importés de l’étranger prennent l’ascenseur.
De ce fait, le ministre ponctionne davantage par la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ainsi, comme rapporté dans l’express du mardi 22 juin, le ministre Renganaden Padayachy mise beaucoup sur l’accroissement de la consommation, estimant que les Mauriciens vont dépenser au moins Rs 466 Mds dans l’année financière 2021-2022. De telles dépenses pourraient rapporter quelque Rs 39,5 Mds au gouvernement. Une somme énorme grandement facilitée par la dévalorisation de la roupie par rapport aux devises fortes, dont le dollar américain qui se vend actuellement à quelque Rs 41.
On comprendrait ainsi l’optimisme du ministre qui compte faire construire un immeuble de 50 étages à Côte.
Mercredi 23 juin - Quand un «cadavre» cherche à se faire applaudir
Le chairman solidement encastré de la State Trading Corporation et son tout nouveau directeur général se sont sans doute livrés à un exercice de mystification afin de créer l’impression qu’ils capables de ‘kass enn gran pake’,
En effet, le chairman de la STC, le Dr Ramchandra Bheenick, a tout d’abord voulu faire accroire que son organisme n’était pas capable dans l’immédiat de dédommager la compagnie Betamax en raison de l’indisponibilité de dollars dans le pays. C’est en solides dollars américains que le paiement devrait être fait, pas en roupies mauriciennes chancelantes.
Puis, il y a eu la demande de la STC pour que le délai du paiement soit étendu de six jours. L’express du mercredi 23 juin fait état de cette demande d’extension, gracieusement agréée par le grand patron de Betamax, Veekram Bhunjun. Puis on apprend que le paiement a été déjà effectué.
Pourquoi donc cet exercice de leurre sur le paiement ? La STC a dorénavant à sa tête deux acteurs de première classe. Bheenick a effectivement fait le tout nouveau ministre du Commerce, Soodesh Callichurn, avaler son chapeau. Le ministre avait annoncé qu’il allait nommer un nouveau board à la STC. Or Bheenick s’est avéré indécrottable.
Quant à Servansingh, ayant été chargé d’importantes fonctions par Navin Ramgoolam dans le passé, il a vire mam en 2014 tout en assistant à diverses réunions de stratégie politique et électorale au PMO de Ramgoolam. Sir Anerood Jugnauth très méfiant des traîtres et des vendeurs ne lui avait offert aucun cadeau de remerciements par la suite. Mais une fois le fils Pravind en selle, Servansingh a été récompensé. Il avait été même désigné comme chairman de la State Bank mais on avait vite découvert qu’il avait été déjà chairman d’une banque qui avait déclaré faillite.
Jeudi 24 juin - Approche intéressante de Duval
L’asphyxie parlementaire de l’opposition magistralement exécutée par le speaker Sooroojdev Phokeer a enfin amené le camp adverse à trouver de nouvelles armes de combat.
L’express du jeudi 24 juin rapporte que le leader de l’opposition, Xavier Duval, est parti hors du Parlement pour livrer bataille. Se focalisant sur les Rs 28 milliards que la Banque de Maurice (BoM) a avancées au gouvernement, Duval a sollicité le directeur de l’Audit et la firme d’experts-comptables KPMG pour leur intervention sur ce fameux mouvement de Rs 28 milliards.
En faisant appel au directeur de l’Audit, Duval mise beaucoup sur le professionnalisme et l’objectivité de ce dernier, qui, dans son dernier rapport, prend des initiatives qui prouveraient qu’il est loin d’être un favori de LaKwizinn. On peut comprendre pourquoi on lui avait refusé l’accès à des documents relatifs aux contrats alloués par la STC.
Quant à la firme KPMG, elle vérifie les comptes de la BoM. Il serait tout à fait irréaliste de penser que la branche locale d’une firme internationale aussi prestigieuse que la KPMG ait été noyautée par LaKwizinn.
La somme avancée par la BoM au ministre Renganaden Padayachy – soidisant une avance sur ses profits futurs – équivaut à des bénéfices que la banque centrale prendrait 200 ans pour réaliser.
Vendredi 25 juin - Work from home? We work from quarantine!
Excellent exercice de contact tracing du ministère de la Santé ou tentative de sabotage sur la capacité de production de la compagnie La Sentinelle ?
Le Mauricien lambda en apprenant que pas moins de 200 employés de La Sentinelle ont été dirigés vers des centres de quarantaine s’est sans doute demandé si la mesure n’aura pas été trop sévère. Par exemple, si un cas de Covid-19 avait été déclaré au Prime Minister’s Office, aurait-on pris tout ce beau monde, y compris le Premier ministre lui-même, pour les diriger vers des centres de quarantaine ? Ou si un membre du personnel de la MBC avait été découvert porteur du virus, aurait-on démobilisé 300 employes ?
Toujours selon les adeptes de théories de conspiration, le gouvernement profiterait d’un premier cas d’infection dans une unité de La Sentinelle pour désarticuler et paralyser tout le système de production de ce groupe de presse. En effet, en sus de publier des journaux et des magazines, la compagnie est aussi engagée dans l’imprimerie commerciale.
Ces nombreux cas de démobilisation forcée de ses employés constitue- raient néanmoins un excellent exercice d’adaptabilité et d’innovation de la part du personnel de la compagnie. Après s’être adaptés au régime de Work from Home (WFH), gageons que les employes de La Sentinelle trouveront bien vite leurs marques dans le nouveau mode de Work from Quarantine (WFQ).
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