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José Etive alias Mandel, 61 ans: «Mo enn humain transgenre»

29 juin 2021, 12:47

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José Etive alias Mandel, 61 ans: «Mo enn humain transgenre»

Elle aime qu’on l’appelle Mandela ou Mandel. José Etive (photo), transgenre de 61 ans, a livré un vibrant témoignage hier lors de la formation sur le LGBTQ Reporting, organisée par la Young Queer Alliance, le Collectif Arc, en Ciel en collaboration avec le Media Trust. Formation financée par l’Union européenne.

Vêtue d’un chapeau blanc et d’une blouse noire ornée de fleurs, elle a raconté son vécu avec franchise, tout en y insérant une dose d’humour. José a toujours su que son sexe biologique ne définissait pas sa véritable identité sexuelle. Depuis petite, elle se sentait fille et savait qu’elle aimait les garçons. A l’adolescence, elle a fréquenté un collège mixte où elle s’est fait des amies. Une étape qui l’a aidée à mieux se comprendre. «Mais c’est à partir de 22 ans que j’ai commencé à vraiment m’affirmer en m’entourant des bonnes personnes», confie Mandel. D’ailleurs, dans les années 90, elle a lancé une association: Visa G, pour aider et soutenir les personnes LGBTQ.

«Dan sa lepok là, pa bisin dir ou kouma li ti difisil detre aksepte.» Elle a expliqué que si maintenant, elle peut marcher librement en robe et en affirmant sa sexualité, ce n’était pas le cas auparavant. « Ziss dan bann fet entre amies dan bann campement tousala ki nou ti pe kapav mett nou bann jolies robes, et anplis mo ti alerte. Mo ankor alerte. Mo ti enn transgenre et mo enn transgenre, et pa selman kan fer nwar. Monn liter pou pa fer sanblan», dit-elle.

Ce qui lui fait dire que les mentalités ont évolué à Maurice. Pas totalement certes, mais il y a des progrès. Aujourd’hui, quand cette couturière-styliste à la retraite, prépare un bon curry de poisson «frai depi lamer» comme elle l’aime, il lui arrive de repenser à sa jeunesse. Même si jusqu’à présent, certains membres de sa famille ont encore un peu de mal à l’accepter telle qu’elle est, elle a tout de même vécu sa vie en faisant ce qu’elle aime, se consacrer à la mode. «Mo ti kontan saki mo ti pe fer.»

En se racontant ainsi, Mandel a bien fait comprendre que mis à part les agressions et les injures, entre autres violences que les personnes LGBTQ subissent, elles ne sont pas différentes des hétérosexuels. «Mo enn humain transgenre» et comme tous les humains, il faut savoir bien se comporter avec les autres dans la vie. «Respect ek compréhension enn gran zafer». Et même dans la lutte de tous les instants, «bisin amenn li couma bizin.»

Dans sa vie, elle a connu des échecs et des peines de cœur comme tout le monde. «J’ai partagé ma vie pendant 19 ans avec un homme mais cette relation n’a pas survécu à l’épreuve du temps. Le fait qu’on ne puisse se marier ou contracter une union civile y a contribué. Cela changera sans doute un jour», dit Mandel, avec le sourire.

 

Des journalistes formés au LGBT Reporting

Alors que le Pride Month tire à sa fin, hier, les organisations qui militent pour le respect des droits des personnes LGB- TQIA+, à savoir la Young Queer Alliance et le Collectif Arc-en-Ciel ont organisé un atelier de formation sur le LGBTQIA+ Reporting, en collaboration avec le Media Trust et à l’intention des journalistes des différents groupes de presse. Cette formation, qui s’est déroulée dans les locaux du Media Trust et qui a été financée par l’Union européenne, avait pour but de former les journalistes sur le traitement médiatique approprié à accorder aux personnes LGBTQIA+.

C’est sous le projet «The Strengthening of the inclusion and social acceptance of LGBTQIA+ persons» que la YQA et le CAEC ont organisé cette formation, également soutenue par l’Equality Rights in Action Fund (National Democratic Institute).

Pour des raisons sanitaires, Vincent Degert, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) à Maurice, qui inaugurait cet atelier de formation, s’est exprimé via la plateforme ZOOM. «L’UE maintient son positionnement dans sa lutte pour les droits humains afin que les personnes LGBTQIA+ aient les mêmes droits que les autres. Les progrès réalisés démontrent que les gens commencent enfin à accepter les personnes en minorité. Maurice est sur le droit chemin. Cependant il faudrait que le gouvernement respecte les conventions signées en les appliquant», a fait ressortir Vincent Degert.

De son côté, Najeeb Ahmad Fokeerbux, le fondateur de la YQA, a rappelé aux journalistes présents à quel point le rôle de la presse était important, en citant feu le Dr Philippe-Forget : «En tant que médecin, votre tâche est de soigner les gens, mais en tant que journaliste, vous essayez de guérir un pays».

Selon le fondateur de la YQA, la presse mauricienne joue un important rôle lorsqu’il s’agit de garantir les libertés et les droits de chacun grâce à ses couvertures médiatiques. «Les personnes LGBTQIA+ à Maurice font toujours face à un certain nombre de défis tels que la violence, les abus, discriminations, le manque d’égalité des chances, le non-accès à un certain nombre de services et d’inégalités et de droit à l’amour et à la vie.»

Najeeb Ahmad Fokeerbux estime indispensable la couverture de la presse et des médias sur les questions LGBTQIA+. Cependant, la presse doit pouvoir traiter ces personnes sans porter préjudice à leur identité et à leur orientation sexuelles. Ainsi, afin de mieux former les journalistes, Ross Murray, directeur de la Gay and Lesbian Alliance Against Defamation, organisation non gouvernementale américaine qui agit comme chien de garde des médias, fondée pour protester contre la diffamation dans la couverture médiatique à l’égard des personnes LGBTQIA+, est intervenu par ZOOM, expliquant les terminologies à utiliser et celles à éviter car elles renforcent la stigmatisation et exacerbent la violence envers les personnes LGBTQIA+.