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Promotion des boissons alcoolisées: mal de tête pour les entreprises
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Promotion des boissons alcoolisées: mal de tête pour les entreprises
Depuis l’entrée en vigueur des nouveaux règlements sur la promotion des boissons alcoolisées, les questions giclent tel le champagne sabré, surtout que la formulation est assez vague. La promotion sur les réseaux sociaux est-elle interdite ? Qu’en est-il des événements privés ? Autant d’interrogations qui restent, pour l’heure, sans réponses claires.
D’emblée, le directeur administratif d’une entreprise qui a pris de la bouteille dans le domaine, étant présente sur le marché depuis des décennies, parle d’un nouvel obstacle. Il rappelle que la vente d’alcool est en chute continuelle depuis une décennie. Puis, il y a eu l’arrivée de la pandémie qui n’a pas arrangé les choses. «Face à la conjoncture difficile, marquée par la fermeture des hôtels et la baisse du pouvoir d’achat, nous avons porté nos efforts sur l’innovation, la création de nouveaux produits pour rester à flot.» Mais ces règlements, qui interdisent la promotion de nouveaux produits alcoolisés, décourage l’innovation.
De plus, l’activité économique de tous les groupes va en pâtir car les produits, surtout les nouveaux, ne peuvent pas exister sans promotion. Ici, notre interlocuteur prend l’exemple du rhum, qui est en bonne voie pour donner un nouveau souffle à l’industrie cannière et développer un nouveau segment d’activité mais, sans promotion, il n’y a pas de produit. D’ailleurs, depuis l’entrée en vigueur des amendements à la Public Health Act, les pages Facebook de plusieurs marques et plateformes de distribution ont disparu. Pour être on the safe side, laisse-t-on entendre.
Mais encore une fois, les questions perdurent. La régulation fait mention de médias, sans plus de détails. Est-ce que les social media sites sont concernées ? Ou uniquement les médias traditionnels ? Ou l’âge des groupes de presse? Les explications se font attendre. Toujours est-il que par précaution, les influenceurs ont préféré mettre les contrats au frais.
«Tous les contrats avec les compagnies distributrices de boissons alcoolisées ont été mis en attente», avance Adarsh Gujadhur, fondateur de Konektwa, une plateforme regroupant les influenceurs selon leur audience cible. Le problème qu’il entrevoit est que désormais le budget conséquent de marketing de ces compagnies, qui se compte par millions, ne sera pas injecté dans l’économie. Autre point soulevé : «Je comprends la raison derrière, mais augmenter les taxes et bannir la promotion aussi drastiquement n’est pas la solution.»
Le directeur administratif mentionné plus tôt rejoint Adarsh Gujadhur dans ses propos. «Il y a une nuance que la loi devrait faire : elle devrait autoriser la communication sur le produit tant que la consommation d’alcool n’est pas encouragée. Au lieu d’interdire, ne pouvait-on pas mieux e n c a d r e r la promotion, revoir ses codes de pratique ?» Surtout que la compagnie faisait souvent appel aux influenceurs. Désormais, cette collaboration sera revue, mais aucun moyen clair n’a été défini.
«Là encore, il aurait été possible pour les autorités, à notre avis de poser le cadre en ce qui concerne le marketing des influenceurs sur les réseaux sociaux, pour que les créateurs de contenu aident à faire connaître leurs produits sans inciter à la consommation. Par exemple, interdire les formats qui s’apparentent à de la publicité, ne pas autoriser l’association à la fête, la convivialité, le sport pour que les jeunes n’associent pas alcool et plaisir ou alcool et bien-être, rehausser l’âge légal des influenceurs… Les créateurs de contenu auraient pu être autorisés à partager l’histoire des marques, l’origine des produits, leur composition, les recettes, en apposant la mention ‘’à consommer avec modération’», avance-t-il.
L’autre question qui se chuchote est : est-ce que poster une photo d’une boisson alcoolisée sur les réseaux peut causer des ennuis ? Que ce soit pour le citoyen ou un influenceur qui poste sans rémunération, sachant que souvent les devis sont faits pour «services sur les réseaux sociaux» et «création de contenu» sans que la marque ne soit précisée ? Comment se fera le contrôle, si l’interdiction touche aussi cet aspect ? Encore une fois, les réponses se font attendre.
Un autre secteur directement impacté est l’évènementiel car il est désormais interdit d’avoir tables, bars, tentes et autres mobiliers avec le logo et la marque d ’ u n e boisson. «Ces règlements ne nous permettront pas de soutenir les organisateurs d’événements et les artistes qui en vivent, comme nous le faisions. Ils risquent de compliquer encore leur situation, rendue difficile par la pandémie», fait encore ressortir le directeur administratif. Cependant, la formulation pose toujours un problème. Les règlements s’appliquent aux «lieux publics», qui incluent «workplace, health institutions, educational institutions, sports complex, public fairs, public concerts and public conveyance».
Et les événements privés ? «Nous sommes dans le flou sur certains aspects, notamment sur la définition de workplace, qui ne devrait pas à notre sens inclure les événements privés, qu’ils soient organisés par les entreprises, restaurants, hôteliers, entre autres. Dans ces événements, nous vendons un service à l’organisateur : nous installons, pour les invités, des bars et des petits salons branded pour servir les produits. C’est en quelque sorte notre équipement de travail. Est-ce que cela sera aussi interdit ?» se demande-t-il.
Le mot de la fin : la ville de Phoenix changera-t-elle de nom ?
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