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Variant «mauricien»: kot sapé ?

8 août 2021, 09:02

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Variant «mauricien»: kot sapé ?

Depuis que la presse bangladaise a évoqué l’existence d’un variant mauricien, vendredi, c’est devenu le talk of the town. D’où vient ce variant ? Comment a-t-il atterri au Bangladesh et comment est-ce qu’il a été découvert  là-bas ? D’ailleurs, a-t-il été découvert là-bas ? Voyage sous le microscope.

Sur le séquençage de 300 échantillons da- tant du 29 juin au 30 juillet, réalisé par la Bangabandhu Sheikh Mujib Medical University au Bangladesh, 98 % des patients étaient infectés au variant Delta. Par la suite, le rapport précise que les chercheurs ont trouvé «one patient with the Mauritius variant or Nigerian variant, which is still under investigation». S’agit-il du variant under Investigation B 1.1.318, évoqué par le ministère de la Santé, et qui circule massivement à Maurice ?

Tout porte à croire que oui, surtout que selon le rapport SARS-Cov2 Variant Data Update du Public Health England, datant du 18 juin, il est confirmé qu’un cas lié à ce virus a été détecté au Bangladesh le 14 juin. Pour rappel, ce variant, qui est toujours à l’étude, est à l’origine de la majorité des cas à Maurice. Au Parlement le 27 juillet, le ministre Kailesh Jagutpal avait fait savoir qu’entre avril et juillet, sur 239 échantillons locaux séquencés, 209 cas ont révélé la présence du B 1.1.318, ce qui représente 87 % des cas... L’information est confirmée par le site Outbreak, qui classe les pays selon la prévalence des variants. Maurice figure toujours en tête de liste du taux du B 1.1.318 dans les cas locaux…

Est-il dangereux ?

Le B 1.1.318 a été détecté pour la première fois au Nigéria en décembre 2020 et a été séquencé pour la première fois en Angleterre. Le 24 février 2021, il a été classé comme un variant under investigation car, parmi ses mutations, figure l’E484K, détecté sur le variant Beta et qui a une incidence potentielle sur l’immunité aux vaccins. Donc, il est sous surveillance par les agences. Peu d’informations sont disponibles sur ce variant, vu sa faible prévalence à l’international, mais contrairement aux autres variants qui ont eu un nom, celui-ci n’a pas encore été baptisé ou classé comme variant of concern car il n’est pas encore prouvé qu’il se transmet plus rapidement ou cause des pathologies plus sévères.

Comment ? Pourquoi ?

«Tou bann ka lokal sé enn varyan ki tipikman a Moris», a dit le Dr Kailesh Jagutpal lors de la conférence de presse du NCC vendredi. Il faisait référence au B 1.1.318. Dans la foulée, il ajoute qu’il s’agit peut-être d’un travailleur étranger qui est rentré dans son pays. Cependant, selon le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des services de santé, il peut sortir de n’importe quel pays où il circule. Mais s’il est originaire du Nigéria et a été séquencé en Angleterre avant le début de la deuxième vague à Maurice, pourquoi la presse bangladaise mentionne-t-elle un variant mauricien ? Et pourquoi le ministre lui-même parle de variant typiquement mauricien ? Est-ce qu’il aime le séga et les cocktails sur la plage ? Non.

L’explication la plus plausible est que Mau-rice est le pays où le B 1.1.318 circule le plus massivement. Il est présent dans 38 autres pays et circule très peu. Par exemple, le deuxième pays qui a recensé le plus de cas de B 1.1.318 est le Bénin, avec 17 % des cas (11 cas sur 165 résultats de séquençage). La différence avec les 87 % de Maurice est énorme. Le terme variant mauricien a donc été utilisé de manière non-officielle. D’ailleurs, la presse bangladaise précise bien Nigerian variant dans le rapport préliminaire, faisant référence au pays où il a été détecté pour la première fois. Thèse corroborée par le Dr Gujadhur.

Finalement, existe-t-il ce variant mauricien ? Il faudra attendre que les résultats complets du Bangladesh soient rendus publics pour confirmer que le cas mentionné est bien un B 1.1.318, mais déjà, avec les informations disponibles des différents rapports des agences internationales, il semble que ce soit le cas…