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Vassen Kauppaymuthoo: «Nous sommes dans la décennie des extrêmes»
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Vassen Kauppaymuthoo: «Nous sommes dans la décennie des extrêmes»
Plus de cyclones ou d’inondations inattendues menacent Maurice. Et cela est dû au changement climatique, qui affecte le monde entier. «C’est le résultat du Amoc, soit le grand courant marin, qui part du Groenland», confie Vassen Kauppaymuthoo. Selon une étude scientifique, publiée le 5 août dernier dans la revue Nature Climate Change, ce courant montre des signes de défaillance. Il aide à réguler les températures de l’hémisphère nord. Ainsi, l’eau chaude est transportée des tropiques vers le nord. Pour être, par la suite, renvoyée refroidie vers le sud de l’Antarctique. «Le climat devient extrême actuellement. La chaleur reste. Et nous avons droit à de grosses pluies diluviennes. Comme c’est le cas à Tokyo et en Chine ou encore en Europe.»
Avec ce phénomène, Maurice risque d’avoir encore plus de pluies torrentielles. «Et cela risque d’être séparé par une sécheresse. Cela va devenir difficile pour l’agriculture ou encore l’approvisionnement en eau pour le pays. Car les nappes phréatiques ne sont pas réapprovisionnées quand il pleut intensément car l’eau ira à la mer. Les infrastructures ou encore les vies humaines risquent d’être perturbées. C’est le début de l’instabilité climatique. Les feux de forêts, les inondations ou encore les vagues de chaleur et de froid, entre autres, seront ressentis. Nous sommes dans la décennie des extrêmes climatiques.»
Cela peut expliquer que cette année, Maurice ait connu un hiver glacial. Et comme le soutient l’ingénieur en environnement, ce phénomène ressemble à ce qui s’est passé dans l’hémisphère nord en prenant pour exemple le Canada et la Russie, qui ont eu droit à un hiver très froid. «Et en été, ils ont eu très chaud, avec une canicule suivie de pluies torrentielles, puis re-canicule, et ainsi de suite. Il a même neigé au Brésil. Donc, Maurice ne devrait pas être épargnée entre la canicule et les pluies torrentielles.» Et Vassen Kauppaymuthoo soutient que comme les océans sont plus chauds, les cyclones risquent d’être puissants.
Et pour ce qui est de la situation des mers mauriciennes, le résultat du changement climatique peut même se voir à travers l’érosion que subissent les plages. «On se rend compte qu’il y a encore plus d’énergie stockée dans les océans, et cela résulte en des vagues plus fortes. Et avec le récif de corail abîmé, qui n’arrive pas à casser l’énergie des vagues, ces dernières viennent manger notre littoral. L’érosion et les vagues vont augmenter et le niveau de la mer va aussi monter encore plus vite. Et les nappes souterraines vont être contaminées par l’eau salée.» Selon lui, il existe des moyens pour éviter le pire au pays. «On peut essayer de ralentir le phénomène en essayant de diminuer nos émissions de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Ne pas construire dans les zones inondables, il faut prendre de bonnes décisions. Augmenter la résilience au changement climatique, les scientifiques abondent dans le sens que ce sont les solutions basées sur la nature, qui pourront nous aider. Comme les coraux qui protègent contre les vagues ou encore les mangroves, et aussi sauver les wetlands et replanter les arbres.»
En tout cas, les scientifiques croient en la collaboration de tous pour lutter contre ces phénomènes en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et cela de manière drastique.
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