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John-Erich Nielsen: «Mes lecteurs sont mes seuls patrons»

12 août 2021, 22:00

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 John-Erich Nielsen: «Mes lecteurs sont mes seuls patrons»

Si Agatha Christie avait son Hercule Poirot, John-Erich Nielsen a son Archibald Sweeney. L’écrivain français, qui s’inscrit dans la tradition du polar britannique, et son personnage vivent désormais à Maurice, dans un pittoresque coin, niché entre l’Ouest et le Sud. Nielsen et Sweeney participent au Festival du Livre de Trou-d’Eau-Douce (1-3 octobre). «L’express», partenaire-média de l’événement littéraire, est allé à leur rencontre. Entretien.

Vous êtes un auteur à succès et vous participerez au Festival du Livre à Trou-d’Eau-Douce. Qu’attendez-vous de ce festival ?

Ce festival, c’est déjà l’histoire d’une belle rencontre avec son organisateur, Barlen Pyamootoo, dont l’énergie est communicative ! Du vendredi 1er au dimanche 3 octobre prochain, il s’agira de donner accès au plus grand nombre au Livre et à la Culture – les familles sont les bienvenues – dans le cadre enchanteur de Trou-d’Eau-Douce. Puis, au-delà, nous essaierons de faire de ce Festival une véritable «tête de pont» pour, peut-être, devenir à terme le «grand» rendez-vous littéraire de Maurice.

Ensuite, vous allez lancer votre propre programme «Anou Lir Ansam». Quels en sont les objectifs et pourquoi est-il important de lire ?

Le dimanche 10 octobre, nous lancerons à Baie-du Cap notre caravane d’auteurs Anou Lir Ansam. Dans tous les genres littéraires, dans toutes les langues, les livres et leurs auteurs viendront chaque mois (une seconde date est déjà prévue le 20 novembre à Rivière-Noire) à la rencontre de leurs lecteurs. Avec des échanges, des dédicaces, un partenariat avec les écoles pour que chaque enfant se rende compte que, lui aussi, il est un «auteur», cette caravane aura pour objectif de rapprocher auteurs et lecteurs, tout en rendant vivante la littérature mauricienne.

Car nos lectures sont comme nos voyages : ce sont autant de richesses qui nous construisent et que personne ne pourra jamais nous prendre. Nos lectures sont autant de clés pour ouvrir ces portes qui, parfois, nous semblent fermées.

Lire mène-t-il à écrire ? Pourquoi et pour qui écrivez-vous ?

Si lire peut constituer un enrichissement préalable, comme un terreau fertile, la principale graine à semer, c’est avant tout de… vivre ! Échanger, partager, partir à la découverte du monde et des autres, la littérature n’est que cela : vie et partage. Ou bien, comme dit le célèbre écrivain brésilien Paulo Coelho : «Pourquoi la littérature ? Parce que la vie ne suffit pas !»

Vous étiez prof d’allemand, puis officier (capitaine) pendant 12 ans, dans des unités de combat et de renseignements du système militaire français, et ensuite pédagogue, auteur, éditeur. Plusieurs vies ou une vie en plusieurs «moi» ?

Il me semble que si l’on a un certain appétit pour la vie, alors on doit s’efforcer d’en découvrir les multiples facettes et tous les goûts. Découvrir des univers aussi divers m’a surtout permis de découvrir les Hommes qui les animaient. Ces différences m’ont nourri et elles m’enrichissent.

«Le premier livre que j’ai lu en arrivant à Maurice, s’appelait «Cabri, c’est fini» de Pascal Lagesse. Un roman policier authentiquement mauricien, drôle et pittoresque. Il m’a tellement plu que j’ai voulu en lire un autre. Mais… il n’y en avait pas !»

En quoi Maurice influence-t-il l’écrivain Nielsen et son détective Sweeney ?

Maurice est un carrefour des cultures asiatique, africaine et européenne. Quel bonheur ! Mon inspecteur écossais ne pouvait y rester insensible. Dans le prochain tome, qui paraîtra en novembre, il mènera donc une première enquête à Maurice, au cours de laquelle il rencontrera une toute nouvelle héroïne, inspectrice de la CID mauricienne. Cette jeune femme deviendra ainsi le personnage récurrent d’une toute nouvelle collection de romans policiers mauriciens !

Le roman policier, est-ce un genre qui est méconnu à Maurice, selon vos recherches ?

Je suis originaire de Bretagne, la région qui a donné naissance au roman policier «de terroir». Chaque village breton, ou presque, y possède son intrigue ! Or, le premier livre que j’ai lu en arrivant à Maurice, s’appelait Cabri, c’est fini, de Pascal Lagesse. Un roman policier authentiquement mauricien, drôle et pittoresque. Il m’a tellement plu que j’ai voulu en lire un autre. Mais… il n’y en avait pas ! D’où mon idée de lancer une véritable collection de romans policiers consacrés à la culture mauricienne.

En quoi le roman policier diffère-t-il du roman classique ? Quels sont les autres genres littéraires que vous avez tentés ?

Le roman policier ne diffère en rien du roman traditionnel. Pour l’auteur, les exigences et les techniques à maîtriser sont les mêmes. Pour preuve, de très nombreux auteurs de romans policiers célèbres ont également écrit des romans classiques, et réciproquement, comme JK Rowling par exemple. Pour ma part, je suis aussi l’auteur de deux autres romans basés sur des histoires vraies, Les roses de Sarajevo, qui relate le siège de la ville dans les années 90, puis Blue Baby, qui évoque le premier acte de résistance en France en juin 1940.

Comment devient-on un romancier à succès ?  Quel est le seuil critique du «succès» ?

Tout d’abord, ce n’est pas l’auteur qui décide de devenir romancier à succès, ce sont ses lecteurs. Pour plaisanter, je dis souvent que mes lecteurs sont mes seuls patrons… Par ailleurs, même si le best-seller parmi mes 20 ouvrages s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires depuis 2005, je n’ai pas osé me qualifier d’«écrivain» tant que je n’ai pas réussi à vivre de ma plume. Ce qui est le cas depuis cinq ans dorénavant. Mon seul vrai «succès» : la fidélité des lecteurs !

Suivez-vous les actualités mauriciennes ? Que vous inspirent-elles ?

Bien sûr, je suis ces actualités avec beaucoup d’intérêt. La lecture des informations contribue à mon acclimatation de jeune résident mauricien. Elles me permettent aussi de découvrir le pays et de mieux le comprendre. Ce qui est indispensable si l’on prétend en parler dans ses livres ! Enfin, mon œil neuf sur Maurice me permet de dire aux Mauriciens : soyez fiers de qui vous êtes et de ce que vous avez construit. Même s’il est essentiel de voyager pour comparer, l’herbe n’est pas forcément plus verte dans le pré du voisin. Par sa culture et son histoire exceptionnelles, Maurice est un grand pays !