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Éclairage: Rails, autoponts et télétravail pour doper la productivité

18 août 2021, 15:35

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Éclairage: Rails, autoponts et télétravail pour doper la productivité

Après l’échangeur de Hillcrest à Sodnac et bientôt l’autopont de Phoenix pour relier les rondpoints de Jumbo, Phoenix et Dowlut, couplé à la dernière phase du Metro Express sur l’axe Curepipe-Port-Louis d’ici fin 2022, la boucle est presque bouclée pour un trafic fluidifié à l’entrée de la capitale pour le public voyageur et surtout pour les automobilistes. Spécialistes du transport, employés de bureaux, fonctionnaires ou encore dirigeants d’entreprises tentent d’analyser les retombées pour trouver le dénominateur commun.

Visiblement, il est appelé à changer profondément la donne et avoir un effet boule de neige sur la vie professionnelle et familiale de la population. Il s’agit de l’effet multiplicateur de la stratégie de décongestionner les principales artères sur la route M-1. Cela aura forcément une incidence directe sur l’état mental du public voyageur, sa productivité au travail, le temps additionnel disponible pour lui et sa famille ou encore l’économie d’argent sur sa consommation de carburant. «Le télétravail, ajouté au vaste plan de décongestion routière de l’État force mécaniquement l’employé à adopter un nouveau rapport, voire une nouvelle approche, face à son travail au quotidien. Moins de stress au volant ou d’heures passées dans l’autobus dans des bouchons infiniment longs lui offre forcément une meilleure disposition au travail, ce qui impacte positivement sur sa productivité», analyse le Country Senior Partner de PWC, Anthony Leung Shing.

Le programme de décongestion routière à hauteur de Rs 15 milliards, s’il est cohérent dans son exécution, pourrait changer la donne du paysage routier du pays et le propulser vers un autre palier de développement des infrastructures physiques. Car si on peut reprocher aujourd’hui tant de dérives au gouvernement Jugnauth fils, faut-il au moins lui reconnaître que, dans sa volonté de moderniser le réseau routier et de réduire les bouchons sur les principaux axes, il a visiblement donné des résultats.

Même si les dirigeants du jour peuvent être critiqués d’avoir repris et enclenché des projets de l’ancien régime comme le pont, qui reliera Coromandel à Sorèze. Un projet ambitieux, voire unique dans la région océan-Indien, selon des spécialistes, et qui viendra soulager substantiellement le trafic routier de Rose-Hill, Beau-Bassin, Chebel et Coromandel vers Port-Louis .

Certes, la réussite du plan de décongestion routière implique dans l’équation l’avènement du Metro Express, une réalité depuis septembre 2019 sur la ligne Port-Louis/ Rose Hill, déjà étendue vers Quatre-Bornes en juin et vers Curepipe l’année prochaine pour compléter la première phase en attendant le lien vers Ebène/Réduit dans un deuxième temps. Aujourd’hui, on compte plus de 10 000 voyageurs qui utilisent presque quotidiennement le métro de Quatre- Bornes pour se rendre au travail dans la capitale. Un chiffre qui donne satisfaction à Metro Express Ltd, traduisant dans la foulée une migration des usagers des transports en commun vers le métro pour son confort et sa rapidité. Georges Chung, qui a été associé étroitement à la mise en place de ce mode de transport, est catégorique. «Il est clair que le métro, par son horaire préétabli, permet à un passager d’avoir une bonne gestion de son temps, d’économiser en moyenne une trentaine de minutes quotidiennes pour un aller-retour Quatre-Bornes/ Port-Louis. De précieuses minutes qu’il peut utiliser pour améliorer sa productivité au travail et s’adonner à des activités de loisirs en famille.»

Certes, l’absence d’infrastructures jouxtant les principales gares de Metro Express à Rose-Hill, Quatre-Bornes et demain à Curepipe, à l’instar du Victoria Urban Terminal à Port-Louis, opérationnel l’année prochaine, offre peu de possibilités aux automobilistes de garer leur voiture pour prendre le métro vers la capitale. Résultat des courses : l’entrée de Port-Louis est toujours sous pression même si le concept du télétravail dans le sillage des deux confinements a allégé quelque peu le trafic routier.

Seuil intenable

Avec un parc de véhicules qui a plus que doublé en 10 ans, passant de 384 115 en 2010 à 605 115 en mai, dont 269 025 voitures, on compte chaque jour 100 000 véhicules qui entrent dans la capitale chaque jour. Alors que le nombre de voitures par kilomètre dans les années 70 était de 20, dans les années 90, il est passé à 50 ; en 2003 il a augmenté à 60 ; et l’an dernier, il était presqu’à 160. 60 voitures par kilomètre, c’est déjà critique, mais 160, ce sera intenable, préviennent des experts, qui soulignent que sans des aménagements pour des espaces de parking, il sera difficile de réduire sensiblement la congestion routière à Port-Louis comme à Ebène éventuellement en incitant les propriétaires à quitter leur voiture au garage pour privilégier le métro comme nouveau mode de transport.

Il va de soi que ceux souhaitant utiliser leur voiture pour entrer à Port-Louis – c’est leur droit légitime – devront mettre à l’avenir la main à la poche. Car on imagine mal des automobilistes, qui ont investi des millions de roupies dans l’achat d’une voiture de luxe – entendons par là une Porsche, une BMW, une Audi, un Range Rover ou une Jaguar – quittant leur grosse cylindrée à la maison pour voyager. En revanche, ils peuvent débourser quelques dizaines de roupies comme droit de péage, une fois celui-ci introduit pour rallier le centre-ville de la capitale. C’est une question de choix… et de classe.

Une étude singapourienne avait estimé le coût de la congestion routière à Maurice de Rs 5 à Rs 6 milliards par an. Elle avait proposé qu’un plan de décongestion bien structuré couplé au nouveau mode de transport de masse qu’est le Metro Express puisse réduire ce coût de 75 %. Reste à savoir si le gouvernement du jour est sur la bonne voie pour réussir cet objectif. Et si parallèlement les rails et nouvelles infrastructures routières, déjà visibles et tangibles, pourraient être un argumentaire politique de taille en 2024 lors du prochain scrutin électoral avec l’achèvement des gros chantiers.