Publicité
La semaine décryptée
Lundi 16 août
La culture du don de sang à Maurice
Il s’appelle Pierre-Yves Kistnen et ce donneur de sang a sauvé 477 personnes à Maurice, le témoigne l’article que lui consacre l’express de lundi. Au cours de ces 38 dernières années, Pierre-Yves Kistnen a donné 159 pintes de son sang au service hospitalier du pays, sauvant ainsi la vie de pas loin de 500 personnes. La culture même du don de sang fait de notre pays un cas particulier. Depuis des décennies, la banque de sang n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme sur la précarité de ses ressources et cela a donné lieu à diverses initiatives à différents niveaux pour recueillir ce fameux fluide. Avec l’arrivée du HIV et de la consommation de drogue, évidemment sa collecte, à Maurice comme ailleurs, a pris une autre dimension, avec toute une série de précautions.
Un fait particulier à Maurice aura été le business du précieux liquide autour de certains hôpitaux. En effet, des vendeurs potentiels se plaçaient sous l’arbre de letchi tout près du laboratoire de sang de Candos ou vis-à-vis de l’hôpital Jeetoo pour soulager des familles désespérées à trou- ver du sang pour un membre devant subir une intervention chirurgicale. Ce commerce a maintenant disparu. Toutefois, bien que la collecte et l’administration du sang se fassent gratuitement dans les hôpitaux, les cliniques privées réclament de leurs clients un paiement de Rs 1 800 par pinte parfois. Pourtant, elles obtiennent ce sang plus ou moins gratuitement de l’État. Comme parlementaire dans le passé, le Dr Satish Boolell du MMM avait plaidé en faveur d’un service gratuit de sang dans les cliniques privées aussi, nonobstant quelques frais mineurs, comme c’est le cas pour les vaccins aujourd’hui.
Mardi 17 août
Un Sungkur junior après le pandit ?
Un constat unanime tant des Mauriciens que des étrangers : le mythique jardin des Pamplemousses n’a jamais été aussi malade durant ses 250 années d’existence. Ce jardin honoré du nom de Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) a fait l’objet depuis plusieurs décennies de récits des plus flatteurs des visiteurs tant locaux qu’étrangers.
Ce qui est aberrant, c’est que non seulement on a détruit et souillé les magnifiques œuvres de Pierre Poivre mais on n’arrive même pas à gérer la récente présence en ces lieux de Sir Anerood Jugnauth (SAJ). Dans un article publié le mardi 17 août, l’express rapporte que des fêlures se sont produites sur une baie vitrée construite autour du lieu où SAJ a été incinéré. On croit savoir que cette baie vitrée – temporaire en attendant l’érection d’un vrai Samadhi – aura coûté plus d’un million de roupies.
Le Mahé de Bourdonnais de 2021 régnant à Pamplemousses s’appelle Siambhoo Sungkur. Pas de lien quelconque avec le fameux pandit Sungkur qui fut pourchassé par les médias dans le passé parce qu’il avait bénéficié de quelques mètres carrés d’espace sur le littoral de Trou-aux-Biches. Le pandit était probablement trop naïf, croyant pouvoir exploiter la restauration rapide avec des minn-bwi-touni et autres dipin-frir. Quelqu’un d’autre à sa place aurait exploité les filons de l’astrologie et de la sorcellerie – des professions qui attirent même l’attention de l’ICAC. On se demande maintenant si le «pandit Sungkur» junior du jardin SSR sera plus productif dans la mission que lui a confiée un boss de LaKwizinn.
Mercredi 18 août
En mode combat municipal
Il y a des signes qui ne trompent pas. Ministres et PPS rehaussent actuellement leur profil dans les villes du pays. On renoue avec le style inauguration de petit arrêt d’autobus avec un maximum de fla-flas, et des cameramen de la MBC, plus fébriles que jamais. D’après un article publié dans l’édition de l’express de mercredi, le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), se fait de plus en plus présent avec des sorties publiques. On devrait s’attendre à la médiatisation de plusieurs cérémonies dans les semaines à venir car le gouvernement ne pourrait échapper à l’épreuve des élections municipales.
Le contrôle actuel des cinq villes par le MSM avec son allié PMSD et des groupuscules-croupions avait été largement assuré par la défaite de l’alliance PTr-MMM aux élections générales du 10 décembre 2014. Quand les villes furent invitées le 14 juin 2015 à choisir leurs administrateurs, les Travaillistes avaient été ébranlés par des humiliations successives infligées à leur leader et aussi par la fronde d’Arvin Boolell. Les Rouges ne se présentèrent pas aux municipales de 2015 et le MMM fut grandement affecté par le ralliement au MSM de nombreux éléments, dont Ivan Collenda- velloo lui-même. Dans le contexte actuel, les données pour le MSM ne sont pas aussi pro- metteuses qu’en 2015. Depuis, il y a eu le départ du PMSD. Les municipales 2021 pourraient provoquer de profonds bouleversements sur le plan politique.
Jeudi 19 août
Le concept d’un gouvernement «d’unité nationale»
Beaucoup de crimes politiques ont été commis, à Maurice comme ailleurs, au nom du fameux concept appelé «unité nationale». Un gouvernement d’unité nationale implique la participation de toutes les forces politiques du pays dans un élan commun face à un danger commun. Cela se pratiqua, par exemple, dans les pays civilisés pendant la dernière guerre mondiale. Dans le contexte d’une république bananière, le concept prend une autre tournure car «unité nationale» veut que la principale force au pouvoir invite les opposants à venir à table pour goûter eux aussi aux délices que leur procurent les ressources de l’État et de celles des pays donateurs d’aide.
À Maurice, l’exemple le plus frappant de la mise en œuvre de cette philosophie d’unité nationale remonte à 1969 quand Gaëtan Duval sortit son PMSD de l’opposition pour rejoindre Sir Seewoosagur Ramgoolam. Et, dans la foulée, la Constitution fut amendée pour renvoyer les élections générales. Le vide dans l’opposition fut vite comblé par un mouvement marxiste-léniniste, le MMM d’alors, qui ébranla les fondations mêmes de ce gouvernement d’unité nationale Ramgoolam-Duval. C’est à travers une implacable répression que ce gouvernement put se maintenir au pouvoir.
Après la fameuse rencontre koz-kozé entre PKJ et Navin Ramgoolam dimanche dernier, la question de gouvernement d’unité nationale est revenue sur le tapis, comme évoquée dans l’express de jeudi.
Vendredi 20 août
When (A/g) CP goes the whole hog
Le mois d’août ne lui est vraisemblablement pas propice. Révélation de taille dans l’édition de vendredi de l’express : le commissaire de police (CP) par intérim, Anil Kumar Dip, fraîchement nommé le 6 août, fait l’objet d’une enquête de l’Independent Commission against Corruption (ICAC). Le patron actuel des forces de l’ordre aurait bénéficié d’un séjour suspecté d’être gratuit à l’hôtel Club Med d’Albion du 3 au 5 août 2018. Le fait que l’ICAC ait initié une enquête indiquerait que le témoin, qui a dénoncé l’officier Dip, jouit d’une certaine crédibilité.
Le CP par intérim détient déjà un record en termes de la rapidité avec laquelle il fait face à un gros problème de corruption moins d’un mois après sa nouvelle nomination. Selon le dénonciateur, l’officier Dip aurait loué pas moins de six chambres, dont trois suites. Et cela, deux ans avant le phénomène d’hôtels vides causé par le Covid-19. Apparemment, l’appétit pour le grandiose n’avait pas de limite… Une autre histoire de séjour gratuit à l’hôtel avait conduit à sa perte l’assistant commissaire de police Oozageer Suneechara en 2003. Il fut condamné à trois mois de prison pour avoir séjourné gratuitement à l’hôtel Oberoi du 2 au 4 août 2002. L’ICAC l’avait poursuivi sous une charge de corruption.
Il existe quelques similarités entre les cas Dip et Suneechara. Dans les deux cas, le facteur déclenchant aura été un problème de sécurité à l’hôtel. Il y a eu par la suite le côté gratuit de l’hébergement. Ensuite, le côté vantardise. Si dans le cas de Suneechara, il était question de séjour gratuit pour plusieurs membres de la famille et d’autres proches, Dip lui a choisi le style prince arabe avec pas moins de trois suites et trois autres chambres.
Reste la dernière question sur les similarités : si Suneechara a été condamné à trois mois de prison, quel sort attend l’officier Dip ? Il se peut toutefois que toute l’affaire présente ne soit qu’une tempête dans un verre d’eau. Car un parent extrêmement riche, établi à l’étranger, aurait effectivement payé pour le séjour de l’officier Dip avec trois suites en sus de trois chambres. Donc, no case to answer.
Publicité
Les plus récents