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Covid-19: nombreux cas, medicaments chinois, Delta, Tracas…
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Covid-19: nombreux cas, medicaments chinois, Delta, Tracas…
Chaque jour, un nouveau record du nombre de cas est franchi. Si le ministère tente de minimiser la pandémie en ne communiquant que les nouveaux cas et le nombre de vaccinés, force est de constater que de semaine en semaine, les chiffres ne font que grimper. Qu’est-ce qui explique cela ? Est-ce que le mix vaccinal est la solution pour protéger la population ? Réponses.
Le 6 août, le pays avait enregistré 4 849 cas positifs au Covid-19 et comptait 1 501 cas actifs. Une semaine après, les chiffres avaient considérablement augmenté. On recensait 5 902 cas positifs et 2 007 cas actifs. Et vendredi, les chiffres sont passés à 7 573 et 3 073 pour les cas positifs et actifs respectivement. Au niveau des autorités, cette explosion est expliquée par un relâchement des gestes barrières. «Les personnes pensent qu’après la vaccination, elles sont en sécurité et, de ce fait, ne font plus attention», déplore le Dr Zouberr Joomaye, le porte-parole du National Communication Committee.
Un autre facteur est l’agglutination des foules. «La contamination est indirecte. Par exemple, dans les bus ou les voitures, les vitres sont fermées. Donc, il y a un manque d’aération», fait-il ressortir. D’ailleurs, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une bonne aération est primordiale pour limiter la propagation du virus. Le Dr Zouberr Joomaye est rejoint dans ses propos par le Dr Deoraj Caussy. «La contamination se fait dans les endroits clos. Il faut savoir que le vaccin protège principalement la personne vaccinée», rappelle le virologue.
Est-ce qu’il y a une solution ? Le Dr Caussy est catégorique : les chiffres continueront à grimper, comme partout ailleurs. «Il faut simplement renforcer les gestes barrières et s’assurer que le masque est porté correctement, en toutes circonstances.»
Le nouveau protocole : un risque de saturer le système ?
Malgré l’explosion des cas, le ministère de la Santé a annoncé un nouveau système de dépistage. Désormais, ceux qui se rendent dans Les flu clinics n’auront plus droit à un test PCR, comme c’était le cas auparavant. Les tests seront réservés uniquement aux personnes âgées de 65 ans et plus, celles du même âge présentant des comorbidités ou celles qui ont eu des symptômes et qui ne sont pas vaccinées. Quant à ceux qui ont été en contact direct avec une personne testée positive, ils seront soumis à un «assessment» (une évaluation de leur condition) avant de subir un test.
Pour rappel, au début de la seconde vague, les autorités s’enorgueillissaient de la capacité de Maurice de tester les patients par rapport à la première vague. L’augmentation des cas, à l’époque, était expliquée par le fait qu’il y avait plus de tests. Dans la même logique, avec moins de tests, le nombre de cas baissera car les patients âgés de moins de 65 ans et asymptomatiques ne seront pas testés. Dès lors, le risque est une propagation plus rapide.
Est-ce un signe que le système est saturé ? À vendredi, 81 patients étaient admis à l’ENT. Au niveau du ministère, on réitère que même à présent, il n’y a que la catégorie de patients testés qui y sont admis. D’ailleurs, des 2 936 patients asymptomatiques, 2 812 sont vaccinés et en auto-isolement.. Donc, le système ne souffrira pas tellement. Mais dans la semaine écoulée, sur 17 089 tests, 1 661 étaient positifs, ce qui fait un taux de positivité de 9,71 %. La réduction des tests présente un autre problème : l’infection des patients atteints de comorbidités par les asymptomatiques. Ce qui fera grimper le taux de positivité et représentera, dans la foulée, un risque de saturer le système.
Mix vaccinal : la solution idéale… théorique pour l’instant
C’est le nouveau sujet qui domine, entre autres, l’actualité : le mix vaccinal. Alors que l’OMS a précisé que cette décision doit être prise par les agences à la lumière des informations disponibles dans les études, plusieurs pays se lancent déjà dans cette direction. À Maurice, cette option a été validée par le comité vaccinal en cas d’allergies à la première dose et les discussions sont en cours pour une troisième dose différente du premier cycle vaccinal, alors que les seules données disponibles pour le moment concernent le mélange de vaccins à base d’adénovirus et mRNA. Estce vraiment la solution miracle ?
Les données disponibles
La pandémie fait toujours rage. Alors que le variant Delta déferle à travers le monde, les données concernant les vaccins continuent à affluer. Ainsi, il a été noté que l’immunité de plus de 90 % que conférait le vaccin mRNA Pfizer chute d’environ 6 % chaque deux mois et descend à environ 84 % six mois après l’inoculation de la deuxième dose. En outre, au début, il protégeait contre l’hospitalisation à 100 %, mais ce taux est descendu à 80 %, et la virulence du Delta (voir encadré) explique partiellement cette chute.
Quant à l’AstraZeneca, l’immunité du début est plus faible, mais dure plus longtemps. Il a alors été décidé de démarrer des non inferiority studies sur le mix vaccinal pour prouver que le mélange n’est pas pire que deux doses du même vaccin. Pour l’instant, trois études complétées donnent les mêmes résultats. Une dose d’AstraZeneca suivie d’une dose de Pfizer après quatre semaines donne une meilleure réponse immunitaire que deux doses du même vaccin. Les études concernant un intervalle de 12 semaines sont en cours et les résultats seront bientôt publiés. De plus, si aucun effet secondaire grave n’a été noté, il faudra attendre encore un peu pour avoir des certitudes scientifiques.
Qu’en est-il de Maurice ?
À Maurice, les vaccins utilisés sont l’AstraZeneca et le Covishield, Johnson & Johnson, le Sinopharm et le Covaxin. Le pays a déjà commandé des doses de Pfizer qui seront réservées aux ados. Pour rappel, l’AstraZeneca, le Covishield et Johnson & Johnson sont des vaccins à vecteur viral, alors que le Sinopharm et le Covaxin sont à base de virus inactivé. Comment se fera le mix, surtout que les données disponibles ne concernent pas les vaccins inactivés qui ont été largement utilisés à Maurice ?
Houriiyah Tegally, doctorante en bio-informatiques, est confiante. «La communauté scientifique s’accorde à dire que le mélange est une bonne chose. En théorie, ça marche. L’éthique veut qu’on attende la fin des études pour se lancer», dit-elle. La décision du comité vaccinal est-elle précipitée, donc ? Il faut en discuter et bien comprendre ce qui se fera et quel vaccin sera mélangé avec quoi, ajoute-t-elle, précisant que depuis le début, il a été établi que l’efficacité du Sinopharm et du Covaxin est inférieure à celle de l’AstraZeneca et de Pfizer. Donc, avec le temps qui passe, il faudra certainement une booster dose.
Cependant, même si en Thaïlande, il a été noté que l’efficacité du Sinovac est constante suivant les 60 premiers jours et diminue de moitié chaque 40 jours suivants, il faudra attendre d’autres études pour bien cerner l’efficacité dans le temps des deux vaccins à virus inactivé. C’est là que la situation se complique. De plus, il n’y a qu’une seule étude sur l’efficacité de l’AstraZeneca et du Covaxin. Quant au mélange des vaccins mRNA et ceux à virus inactivé, il n’y a pas de données. Que faire dans ce cas ? Encore une fois, en théorie, cela ne devrait pas poser problème. «Le vaccin à virus inactivé confère la même immunité qu’une infection naturelle. Et il a été prouvé qu’une dose de vaccin mRNA à ceux qui ont déjà été infectés confère une forte immunité», avance Houriiyah Tegally. À partir de là, le mix vaccinal devrait se dérouler sans problème car tout porte à croire que les vaccins utilisant la même technologie auront le même effet lors des mélanges.
Le mix vaccinal ailleurs
Dans plusieurs pays, une troisième dose a été autorisée. Par exemple, en Israël, face au variant Delta, les personnes âgées et celles souffrant de comorbidités ont reçu une troisième dose de Pfizer. Au Bahreïn et aux Émirats arabes unis, qui ont utilisé le Sinopharm, les booster doses de Pfizer sont administrées aux personnes à risques. La Thaïlande a été le premier pays à autoriser le mélange des vaccins à virus inactivé Sinovac et AstraZeneca et les données sont attendues. Pfizer sera aussi proposé comme booster dose. L’Indonésie suit le même protocole. Les Philippines ont démarré une étude sur le mélange d’AstraZeneca et de Sputnik V et une autre sur le Sinovac et l’AstraZeneca.
«Lianhua Qingwen», un nouveau médicament pour réduire les symptômes ?
Depuis mercredi, un nouveau médicament, présenté comme un traitement contre le Covid-19, est en vente en pharmacie. Il s’agit du Lianhua Qingwen, médicament chinois à base de plantes qui est vanté pour ses mérites anti-inflammatoires. Petit tour d’horizon.
Lors de la cérémonie de lancement, mercredi, 400 boîtes de ce médicament ont été offertes au ministère de la Santé. Généralement, le Lianhua Qingwen est utilisé pour traiter les infections pulmonaires, mais depuis l’apparition du Sars-Cov2, il a aussi été utilisé pour réduire les symptômes légers. Selon les informations médicales disponibles, il semble que ce traitement soit efficace.
En effet, selon une étude, publiée ce mois-ci par des médecins et universitaires chinois et réalisée sur 245 patients positifs au Covid-19, le Lianhua Qingwen réduit les symptômes comme la fièvre, la fatigue et la toux. La condition des patients s’est aussi améliorée, note-t-on. Une autre étude, datant de mai et réalisée sur 245 patients, a démontré les mêmes effets.
Cependant, ces deux études comportent une note importante : elles ont été conduites avec des informations limitées. Il est nécessaire d’avoir des études plus poussées avant de pouvoir en tirer des conclusions définitives. De plus, l’une des études précise que le traitement ne concerne que les symptômes légers et n’a pas eu d’effets notables sur les personnes atteintes de la forme grave.
La mise en vente de ce médicament dans les pharmacies mène vers une autre question. «Si tous les patients positifs sont pris en charge par le ministère, pourquoi vendre un médicament qui soigne les symptômes ?» se demande l’ancien directeur des services de santé, le Dr Vasantrao Gujadhur. Est-ce en prévision du nouveau protocole d’auto-isolement pour les patients positifs vaccinés ? Pour l’heure, il n’y a rien qui prouve que le Lianhua Qingwen protège contre l’infection, déplore notre interlocuteur. Et pourtant, le public peut se procurer ce médicament sans prescription, craint-il. Sachant que le médicament a été présenté comme un traitement contre le Covid-19, le Dr Gujadhur se demande, par ailleurs, si l’aval du comité en charge des traitements a été obtenu avant le lancement sur le marché.
Des questions ont été envoyées au ministère de la Santé et au représentant du Lianhua Qingwen à Maurice. Les réponses sont attendues.
L’Ivermectine toujours pas une option
<p>Cela fait des mois que l’ivermectine, un médicament anti-parasitaire, est plébiscité à l’international par ceux qui sont contre la vaccination, arguant que ce médicament miracle traite les symptômes du Covid-19 et peut même être pris en prévention. Cependant, aucune étude crédible n’a démontré son efficacité contre le Sars-Cov2. </p>
<p>Dans l’un des groupes militant contre la vaccination, entre deux répliques sur les humains qui seront transformés en cyborgs dans le NewWorld Order, le Grand Reset, des idées de <em>«Met 1 bom dan parlman» </em>et rappeler qu’en France, des manifestants ont pris d’assaut les centres de vaccination et détruit les vaccins, il ressort que des médecins prescrivent l’Ivermectine aux patients positifs ayant des symptômes et qui seront en auto-isolement. Qu’en est-il de la prévention ? Si certains persistent à dire qu’ils en prendront, d’autres prodiguent des conseils : la pandémie n’existe pas et les moins virulents conseillent des remèdes comme la vitamine C. </p>
<p>Sollicitée, une source au ministère de la Santé affirme que l’Ivermectine ne figure pas sur la liste des médicaments approuvés pour le traitement contre le Covid. D’ailleurs, ce traitement est largement utilisé comme antiparasitaire chez les chevaux et les chiens. Chez l’humain, il est utilisé pour le traitement de vers intestinaux, poux et irritations de la peau. </p>
<p>Comment est-ce que l’ivermectine s’est retrouvé dans le débat ? L’efficacité de ce médicament a été prouvée dans le traitement de la dengue, qui est aussi une maladie virale. Cependant, elle n’est pas causée par un coronavirus. De plus, deux études publiées sur l’Ivermectine ont été rétractées par la suite pour falsification de données. </p>
<p><strong>Qu’est-ce qu’on sait ? </strong></p>
<p>Pour l’instant, l’OMS, l’Agence européenne des médicaments (EMA) et d’autres agences ont autorisé l’ivermectine uniquement dans le cadre d’études en laboratoire. Cependant, des pays comme la République tchèque, la Slovaquie ou le Mexique l’ont intégré à leur programme de traitement. En ce qui concerne les données, pour l’instant, l’étude la plus complète a été publiée en juin. Les données de plusieurs autres études sur ce médicament et le Covid-19 ont été analysées et le résultat est clair : l’ivermectine ne réduit pas mortalité, ni ne baisse la charge virale ; il ne réduit pas le temps d’hospitalisation et n’a pas d’effets sur les symptômes. D’autres études en laboratoire sont en cours. Quant à la prévention, aucune étude, même rétractée, n’a été faite à ce sujet. </p>
<p><strong>Le danger </strong></p>
<p>Aux États-Unis, un homme a été hospitalisé pour empoisonnement à l’Ivermectine après en avoir acheté dans une animalerie. Mais même dans la version utilisée chez l’humain, il est fortement déconseillé de l’utiliser pour autre chose que les usages primaires, à savoir les vers et les poux. De plus, le dosage doit être scrupuleusement respecté car au-delà du dosage prescrit, l’ivermectine est toxique. Un surdosage peut être mortel pour l’homme. D’où le fait que l’automédication est déconseillée. Les effets secondaires rapportés sont des irritations cutanées, la diarrhée, des convulsions, la baisse de la tension artérielle et des lésions au foie, entre autres.</p>
Le variant Delta, «le virus le plus contagieux de l’histoire»
<p>Des scientifiques estiment que le Delta est le virus le plus contagieux de l’histoire de la médecine. De plus, dans plusieurs études, il a été démontré que les personnes infectées au variant Delta ont une charge virale nettement supérieure à celles infectées par d’autres variants ; et les infections sont plus sévères. Ce qui explique la situation actuelle. Les vaccins disponibles ont été conçus pour le virus original et ont été efficaces sur les variants moins virulents. Avec une charge virale plus lourde, l’efficacité des vaccins s’érode, ce qui explique une hausse du nombre de patients hospitalisés et de décès chez ceux souffrant de comorbidités. Face à cette situation, il est toujours fortement conseillé de se faire vacciner car peu importe le niveau de protection, le système immunitaire ne sera pas totalement dénué d’anticorps.</p>
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