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Justice et Ravann Koze revisitent Le Morne de Cassiya

23 août 2021, 12:20

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Justice et Ravann Koze revisitent Le Morne de Cassiya

Aujourd’hui 23 août, le monde observe la Journée Internationale de la traite négrière et son abolition. Si à Maurice ce n’est qu’en 1835 que l’esclavage a été aboli, le mouvement avait commencé dans la nuit du 22 au 23 août 1791 à Saint Domingue (aujourd’hui Haïti et République Dominicaine). Pour commémorer cette journée, le groupe Action Développement Le Morne (ADM) a demandé au chanteur Justice Lecoq et le groupe Ravann Koze d’interpréter un titre mythique du groupe Cassiya, la chanson Le Morne. (Cliquez sur la vidéo ci-dessus). L’express s’est associé au projet comme partenaire média pour une plus grande diffusion de cette nouvelle version de «Le Morne». 

Ci-dessous l’interview d’Agathe Desvaux de Marigny responsable d’ADM, reprise de l’édition papier de l’express de ce 23 août .



Agathe Desvaux de Marigny: «Je suis en faveur d’une réconciliation humaine et sociale»

Agathe Desvaux de Marigny, responsable de l’ONG Action Développement Le Morne, fondatrice du festival «Nou Le Morne».

Dans le cadre de la journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition célébrée aujourd’hui, l’ONG Action Développement Le Morne (ADM) a revisité la chanson «Le Morne». Avez-vous choisi cette chanson pour faire écho aux projets que vous avez à coeur pour la région du Morne ? 
Bien sûr… J’ai choisi cette chanson, car c’est vraiment un monument. C’est tout un symbole qui résonne. Je pense que tout est lié. Cette chanson fête cette année ses 20 ans (NdlR : Le Morne, paroles de Sedley Assone, musique de Gérard Louis et interprété par Désiré François est sorti en 2002). C’est un morceau légendaire qui fait partie de la culture mauricienne. Cette chanson met également en avant la géographie, la montagne du Morne qui est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008. Le projet de l’ONG ADM, Vision Le Morne a pour but de mettre en lumière cette région. C’était une évidence.

Parlez-nous de ce projet. Comment s’est effectué le choix de Justice Lecoq pour la reprise de cette chanson ? 
Pour ce projet, j’ai donné carte blanche à Jason Heerah, qui en est le directeur musical. Mais je suis contente qu’il ait choisi Justice Lecoq pour la reprise de cette chanson car c’est un artiste que j’apprécie beaucoup, tout comme Jason Heerah d’ailleurs. La chanson a eu le soutien de trois radios sur lesquelles elle sera diffusée. Cette reprise de Le Morne ne sera pas commercialisée.

Pourquoi est-ce important pour vous de célébrer la journée du souvenir de la traite négrière et de son abolition ? 
À Maurice on célèbre l’abolition de l’esclavage surtout en février, mais je pense qu’’il est aussi important de se souvenir de la traite négrière et de son abolition. Je suis très en faveur de tout le processus de réconciliation humaine et sociale.

Est-ce que ce projet vient remplacer le festival «Nou Le Morne» qui ne s’est pas tenu pendant deux ans à cause de la pandémie ? 
Ce projet ne peut remplacer le festival qui en lui-même comprend énormément de choses. Non seulement il y a de la musique, mais également de la danse, des activités sportives et culinaires. Mais cette reprise de Le Morne vient donner de la visibilité à la montagne et à l’ONG ADM. 

En cequi concerne le festival, nous sommes dans une phase de transition. Avec ce festival, nous sommes partis sur des chapeaux de roues. Je n’ai pas eu le temps de prendre du recul. Il s’agit maintenant de planifier les trois prochaines éditions. Idéalement, j’aurais aimé que ce festival se tienne sur deux à trois semaines, voire pendant tout le mois d’aout.

Justement en parlant de ce festival dont vous êtes la fondatrice, quel est le manque à gagner enregistré durant les deux ans durant lesquels il n’a pu se tenir ? 
Le manque à gagner a été surtout au niveau de la communauté. Quand le festival a lieu, les artistes sont logés dans la région, cela peut être l’équivalent de loger 100 personnes pendant trois semaines. À chaque fois que nous ratons une édition, nous perdons de la visibilité. Le but de ce festival est de mettre en avant la région, son histoire et sa culture. 

Une partie des fonds récoltés durant le festival va à ADM pour mener à bien des actions sociales dans la région du Morne. Comment l’ADM a-t-elle fonctionné sans cet apport financier durant ces deux ans ? 
Déjà en 2019 cela a été plus compliqué car le festival avait pris plus d’ampleur. Quand on a de grandes idées il est difficile de faire des profits. Les coûts étaient conséquents, toutefois ADM a d’autres ressources. Grâce aux dons d’individus et d’entreprises, nous avons eu plus de Rs 200 000. Nous avons pu offrir de la nourriture à plus de 250 familles. L’avenir est flou, mais nous avons des ressources, avec notamment le GreenVillage qui produit maintenant des légumes. 

Vous dites faire beaucoup pour Le Morne, toutefois en 2015 et 2019 vous avez été en conflit avec certains habitants de la région. Quel sont aujourd’hui l’état de vos relations avec ces derniers ? 
Je pense que cela ne cadre pas avec le débat du jour. Mais pour répondre à votre question, je dirais que les relations sont meilleures. Nous avons des réunions positives. Je n’en dirai pas plus à ce sujet. 

Avez-vous d’autres projets pour la région ? 
La pandémie est venue changer la donne pour beaucoup de choses. La visibilité est floue. Il faudra attendre et voir.