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Cas positifs: ce que nous coûte la fermeture des écoles

23 août 2021, 18:08

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Cas positifs: ce que nous coûte la fermeture des écoles

«Avec le retour en force du Covid-19, une quinzaine d’établissements scolaires du primaire et du secondaire ont dû fermer après des cas positifs. La fréquence de contamination est vraiment inquiétante. Aucune école n’est épargnée de ces risques», constate Bhoseparsad Jhugdamby, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE). Or, l’interruption des classes, déjà dispensées en alternance aux élèves, pèse dans la balance, tant en termes de ressources humaines que financières. Lesquelles au juste ?

D’abord, précise Annand Seewoosungkur, président de l’Association des maîtres d’écoles, l’apprentissage se fait en dents de scie et accuse le coup face à une fermeture de deux jours. «Déjà que plusieurs élèves s’absentent en temps normal, maintenant une fermeture, entamée le jeudi et vendredi par exemple, induit que petits et grands au cycle primaire manquent davantage les classes. Avec une détection positive au Covid-19, il se peut qu’ils restent à la maison malgré la réouverture scolaire.» Une préoccupation qui s’étend au cycle secondaire, avance le président de l’UPSEE. «Les élèves absents devront redoubler d’efforts pour rattraper leur retard. Ceci cause un débalancement avec les perturbations du calendrier scolaire. Plus de 75 % de la population estudiantine sont traumatisés par la pandémie.»

Hélas, la capacité de suivre les cours en ligne en temps de fermeture n’est pas donnée à tous. Et bien souvent, cette méthode ne trouve pas preneurs. Qu’estce qu’une fermeture scolaire coûte au personnel ? Personne ne vient à l’école, excepté le maître d’école ou recteur et les caretakers, répond notre interlocuteur.

Quant aux enseignants, également privés d’école, ils doivent obligatoirement assurer un suivi à distance. «Rien n’est déduit de leur salaire. Les jours de fermeture sont des jours de travail régulier. Cependant, si un enseignant contracte le Covid-19 sur son lieu de travail, il peut bénéficier de special leave. En cas de contamination hors de l’école, il peut alors prendre des congés maladie.»

Pour Bhoseparsad Jhugdamby, les enseignants doivent assumer le rôle de psychologue pour encadrer les étudiants face aux effets de la pandémie sur leur mental. D’ailleurs, Bhavish Jugurnath, économiste, qui est aussi ancien président et membre actuel de la PTA de l’école Aryan Vedic où un cas positif a été recensé lundi dernier, s’interroge sur la qualité de l’éducation face à la reprise scolaire. «De plus, malgré les premières détections, on ne sait si d’autres suivront à voir la multiplication des cas chaque jour. On ne sait s’il y aura une extension pour le rattrapage scolaire. D’ailleurs, dès maintenant, il faut prévoir une stratégie scolaire en cas d’amplification de la pandémie et des variants avec la réouverture des frontières et non attendre que le mal ne soit déjà fait.»

Côté ressources humaines, le basculement des cours en ligne en fermeture scolaire requiert des facilités technologiques pour enseignants et parents d’élèves. Pour Bhavish Jugurnath, il faut mieux structurer l’enseignement en ligne. «En France comme en Angleterre, cette méthode marche efficacement. Maurice doit emboîter le pas.» Devra-t-on recruter plus d’effectifs scolaires pour rattraper le retard ? «Nous souffrons du manque de psychologues en milieu scolaire. Je n’en ai jamais vu un arriver dans mon établissement. Sur le papier, on recrute des support teachers mais en réalité, ils prennent quelques enfants seulement pour les encadrer. C’est largement insuffisant», observe le président de l’UPSEE.

Décontamination

Bhavish Jugurnauth suggère une permanence de «cleaners» spécialisés et formés en désinfection au lieu d’attendre les équipes des autorités qui risquent d’être débordées en cas de nouvelles contaminations. Parallèlement, Bhoseparsad Jhugdamby évoque la possibilité d’instaurer des heures supplémentaires pour les enseignants ou de sacrifier quelques jours de vacances pour amortir le coup.

Mais les coûts risquent de prendre l’ascenseur. D’après l’économiste, ces fermetures d’écoles impliquent une hausse de 8 % à 12 % du budget mensuel d’une école qui nécessite une désinfection quotidienne. Au niveau de la décontamination des établissements scolaires touchés par le Covid-19 justement, l’exercice peut être entrepris par le département sanitaire du ministère de la Santé, soutient Darwin Ramasawmy, ancien directeur en santé publique et sécurité sanitaire des aliments. «Auparavant, on faisait exceptionnellement quelques désinfections de classes mais c’était rare en l’absence de pandémie. Quelquefois, le ministère de la Santé était sollicité de par son expertise et sa logistique. Aujourd’hui, cela peut être effectué par cette instance ou alors elle fait appel à des firmes spécialisées.»

Combien coûte une décontamination dans le privé ? Selon Rajiv Nuckchady, Managing Director d’Alpha Group, tout dépend de la surface qui nécessite l’intervention. Les tarifs varient à partir de Rs 4 000. Si l’exercice se fait la nuit, les coûts sont plus élevés. Une fois l’opération complétée, «attendants», «caretakers», «cleaners» et autres effectifs scolaires prennent le relais le lendemain, effectuent le lavage de l’école, déclare Annand Seewoosungkur. Ceci figure parmi les attributions des «caretakers» qui le font habituellement pendant les vacances, indique-t-il. Donc pas de rémunération supplémentaire pour ces opérations rendues nécessaires par les détections positives au Covid-19.

Par contre, si certaines écoles manquent d’effectifs, il faut en recruter. Dans ce cas, c’est la Parents-Teachers’ Association (PTA) qui s’en charge, ajoute notre interlocuteur. Or, la fermeture et la réouverture des écoles, suivies de nouvelles contaminations malgré les décontaminations, attirent les foudres des parents. «Après la détection positive de deux personnes au sein de l’école, les autorités en ont désinfecté une partie seulement. Nous avons pris sur nous pour financer une décontamination totale de l’établissement mais un autre cas positif est survenu. Que se passe-t-il avec le système sanitaire ? Dans divers cas, les écoles ferment pour plusieurs jours, d’autres rouvrent après un ou deux jours. On ne comprend pas quelle politique s’applique», soutiennent deux parents. Difficile donc pour eux d’envoyer leurs enfants à l’école dans de telles conditions, malgré la réouverture après désinfection.

 

 

Comment se passe la désinfection au privé

<p>Selon Ranjiv Nuckchady, <em>&laquo;Managing Director&raquo;</em> d&rsquo;<em>Alpha Group</em>, deux types de désinfection sont effectifs face au Covid-19. <em>&laquo;S&rsquo;il y a un cas positif au sein de l&rsquo;établissement, on fait la décontamination. Nos équipes comprennent six à sept personnes formées et déployées pour vaporiser un produit désinfectant. Il nous faut attendre quatre à cinq heures avant de pouvoir rentrer dans le bâtiment qui est intégralement décontaminé.</em>&raquo; Deuxièmement, il y a la désinfection des <em>&laquo;touch points&raquo;</em>, c&rsquo;est-à-dire les postes téléphoniques, poignées des portes, fenêtres, toilettes, robinets entre autres points d&rsquo;accès que l&rsquo;on peut toucher.</p>

<p>Notre interlocuteur affirme avoir été appelé à assurer les décontaminations au sein de certaines salles de classe et toilettes d&rsquo;écoles privées après des cas positifs. Ces services sont actuellement très sollicités par les entreprises. Selon lui, entre six et sept décontaminations peuvent être effectuées par jour.</p>