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Cas dans la population vaccinée: l’impossible calcul au niveau local
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Cas dans la population vaccinée: l’impossible calcul au niveau local
Depuis quelques semaines, les cas explosent. Maurice a dépassé la barre des 300 cas par jour et ce week-end, le décès d’une personne complètement vaccinée a été enregistré. Cela signifie-t-il que la vaccination ne marche pas ? Dans tous les pays, le même schéma est noté. Mais à Maurice, les chiffres sont jalousement gardés… Tout d’abord, il faut faire ressortir que partout, les chiffres des nouveaux cas dans la population vaccinée et non-vaccinée sont communiqués clairement par les autorités, ce qui donne la possibilité de voir clairement à quel point les vaccins sont efficaces.
À Maurice, ce chiffre n’est pas disponible. De plus, les informations disponibles dans d’autres pays où la vaccination est avancée concernent principalement les vaccins Pfizer, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson. Les données par rapport à Sinopharm et Covaxin sont très limitées. Face à cela, il devient compliqué de cerner la situation à Maurice, ce qui renforce davantage la psychose. Toujours est-il qu’il faut faire très attention par rapport au calcul…
L’exemple le plus cité est Israël. Après une vaccination de 85 % de sa population, ce pays avait enlevé toutes les restrictions jusqu’à ce que les cas recommencent à grimper. En juin, le directeur général du ministère de la Santé israélien avait déclaré que la moitié des cas recensés figuraient dans la population vaccinée. Il faut faire la différence entre ce qu’il a dit et ce que plusieurs groupes militant contre le vaccin ont compris, c’est-à-dire que la moitié de la population vaccinée est infectée. Cette nuance se nomme le base-rate bias et incite à effectuer un calcul plus complexe pour comprendre la situation.
Le cas d’Israel
Par exemple, hypothétiquement, si un pays compte 100 % de sa population vaccinée, un cas enregistré signifierait que 100 % des cas figurent dans la population vaccinée. Pour en revenir à Israël et à d’autres pays avec un fort taux de vaccination, il faut d’abord définir comment sont partagés les cas entre les vaccinés et nonvaccinés. L’exemple simple est : quatre cas sont enregistrés sur 100 personnes dont 85 % sont vaccinés. Deux sont parmi le premier groupe avec un cycle vaccinal complet, et deux dans l’autre groupe. Ce qui fait que 50 % des contaminés sont vaccinés. Cependant, ce sera deux personnes sur 85 vaccinés et deux personnes sur 15 non-vaccinées. La différence est énorme et prouve l’efficacité des vaccins. D’ailleurs, en janvier, Israël enregistrait en moyenne 8 624 nouveaux cas par jour, 2 387 hospitalisations et 48 décès alors qu’en juillet, il y avait 976 cas en moyenne par jour, 178 hospitalisations (dont moins de 60 % vaccinés) et deux décès.
L’Islande est un autre exemple souvent utilisé car 86 % de la population éligible est vaccinée et 67 % des cas figurent dans la population vaccinée. Si le calcul du 9 juillet au 10 août est fait, il ressort qu’il y a 2 055 cas positifs sur un total de 255 310 personnes vaccinées, ce qui fait que six personnes sur 100 vaccinées sont contaminées. Pour la même période, le pays a enregistré 684 cas sur 38 885 personnes non vaccinées, ce qui fait une moyenne de 18 personnes sur 100, soit trois fois plus. Les chiffres des hospitalisations et des décès sont tout aussi éloquents. Aux ÉtatsUnis, par exemple, ce sont les États les moins vaccinés et avec peu de gestes barrières qui enregistrent le plus de décès pour l’instant.
Et Maurice dans tout ça ? Sans les chiffres du nombre de cas positifs et de décès parmi les vaccinés, il sera impossible de calculer l’efficacité des vaccins localement. Si on se fie aux pays qui ont massivement utilisé le même vaccin que nous, à l’instar du Bahreïn et des Seychelles, ils sont dans la même situation, c’est-à-dire, qu’ils enregistrent un nombre croissant de cas après la vaccination et la réouverture partielle sans trop de restrictions. Dans les chiffres bruts, il ressort que 30 % des cas sont parmi les vaccinés aux Seychelles et six personnes avec des comorbidités sur les 101 décès enregistrés étaient vaccinées. Quant au Bahreïn, peu d'informations sont disponibles sur les breakthrough cases, mais les autorités ont déjà commencé l’administration d’une troisième dose aux personnes immunodépressives.
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