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La semaine décryptée

13 septembre 2021, 15:19

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La semaine décryptée

Lundi 6 septembre

Des pêcheurs exceptionnellement doués

À l’étranger, on admire des gens qui se distinguent comme étant plus aptes que les forces de l’ordre. À Maurice, on devrait commencer par porter en haute estime les pêcheurs de Grand-Gaube et de Rivière-Noire qui sont capables de battre tous les systèmes de surveillance territoriale mis en place par une puissance nucléaire du calibre de la France. Et évidemment aussi de Maurice, une république bananière.

L’express du lundi 6 septembre rapporte que deux pêcheurs, Francesco François et Sacha Duval, partis en mer, n’ont pas donné signe de vie depuis six jours. Ce Francesco François, un habitant de Grand-Gaube, se serait rendu à La-Gaulette pour aller pêcher en compagnie d’amis. On se demande comment un habitant de Grand-Gaube est parti aussi loin que La-Gaulette pour découvrir les joies de la mer. Sacha Duval de Baie-du-Tombeau serait lui aussi parti pêcher sans revenir à la maison.

Depuis quelques années maintenant, il semble que des pêcheurs de Grand-Gaube et de la côte de Rivière-Noire arrivent facilement à naviguer dans cette partie de l’océan Indien, atteignant même Madagascar sans être inquiétés par les autorités de ce pays. Mais ce qui est encore plus flatteur pour la dextérité de ces pêcheurs, c’est qu’ils parviennent facilement à battre tout le système de surveillance de la France, pourtant une puissance nucléaire, qui gère l’île de la Réunion.

On ne dirait pas que l’armée française ne dispose que d’un système de radar maritime tellement archaïque qu’il n’arrive pas à capter l’arrivée sur sa côte d’un bateau équipé de puissants moteurs hors-bord. Inutile de parler du système de vigilance à Maurice. Entendu parler de Wakashio ? Tout pêcheur mauricien ayant battu la vigilance d’une puissance nucléaire mériterait d’être employé comme lectu- rer pour assurer la formation de nos gardes-côtes et même des effectifs de la SMF

Mardi 7 septembre

Le cas Hurdoyal au no 10

Il serait toujours recommandable d’entreprendre quelques années d’études politiques et sociologiques pour comprendre comment des Mauriciens parviennent à tirer avantage du gouvernement central et des administrations régionales.

Voici un cas d’école. L’express du mardi 7 septembre rapporte qu’une réunion, regroupant les députés et les responsables régionaux du MSM des circonscriptions nos 8, 9 et 10, a eu lieu sous la présidence de Joe Les- jongard. Ce qu’on retient de cette réunion, c’est que les représentants d’un important village du district de Flacq l’ont boycottée pour protester contre les agissements du ministre Vikram Hurdoyal. On lui reproche de trop s’immiscer dans les affaires du conseil de district.

Ces protestataires soutiennent aussi que des partisans rouges sont favorisés aux dépens des activistes du MSM. Ces accusations portées contre des responsables accusés d’aider l’ennemi et non pas noubann sont classiques car elles font partie de la quête perpétuelle d’enn bout. Le fait que la ligne de démarcation entre Rouges et authentiques MSM est souvent floue favorise ces allégations. Dans le cas particulier de Vikram Hurdoyal, on dit que son investiture comme candidat du MSM au no 10 aux élections générales de 2019 est tombée du ciel alors qu’il était un fervent travailliste.

Mercredi 8 septembre

Enfin, l’évacuation médicale

Quand l’avion-ambulance de SpiceJet a pris son envol dans le ciel de Plaisance ce mercredi 8 septembre, ce fut un ouf ! de soulagement tant côté gouvernement qu’à la direction du Parti travailliste et chez les partisans rouges.

La leçon principale qu’on retient de toute cette affaire de déplacement vers l’Inde du leader travailliste, c’est que Maurice est encore très loin de pouvoir se donner des soins médicaux de pointe. Sinon, il n’aurait pas été nécessaire pour l’ancien Premier ministre d’aller se faire soigner à l’étranger.

Depuis l’éclatement de la pandémie de Covid-19, les Mauriciens ont eu l’occasion de prendre la mesure de toute l’inefficience de notre service médical. À commencer par le cas de Sonia Dip, une jeune fille de 20 ans, morte dans des conditions qui fendent encore le cœur des Mauriciens. On n’oubliera pas de sitôt les cas du Dr Bruno Cheong, de l’activiste Habib Unjore et tant d’autres encore, dont les dialysés qui ont perdu la vie dans des circonstances vraiment outrageantes.

On ne dirait pas que le pays manque de moyens pour se doter des équipements médicaux les plus sophistiqués tout en se payant les meilleures compétences dans le domaine. On a trouvé de l’argent pour le projet Safe City et le stade de Côte-d’Or qui a mobilisé plus de Rs 4 milliards et qui ne sert pas à grand-chose sinon d’accueillir pigeons et martins.

Jeudi 9 septembre

Safe City : qui a «tapé» quoi ?

L’express du 9 septembre publie un article fort intéressant sur le projet Safe City, c’est-à-dire l’installation de milliers de caméras supposément hautement performantes dans le pays et la gestion des images captées.

Les Mauriciens se demandent encore si on a eu value for money pour un projet coûtant Rs 19 milliards ou davantage quand on réalise que, dans l’ensemble, le dispositif mis en place s’est avéré inefficace. Notamment dans le cas de Soopramanien Kistnen dont les déplacements dans des lieux pourtant couverts par les caméras de Safe City n’ont rien donné dans l’enquête judicaire au tribunal de Moka. Dans ce cas particulier, si on ne retient pas la thèse de l’inefficience, on ne pourrait ne pas croire dans des théories du complot.

Ces caméras ayant coûté si cher ne sont pas capables de détecter des excès de vitesse, rapporte le journal. À quoi sert le système ? Les équipements de Safe City ne parviennent pas non plus à assurer la reconnaissance faciale des gens s’engageant sur la voie publique.

Les caméras de Safe City ne couvrent pas la région du port, ni l’enceinte de l’aéroport, deux des points les plus névralgiques à la sécurité du pays. Quand on sait que de nombreux types de trafic se déroulent dans le port et à l’aéroport, pourquoi ces deux lieux ne sont-ils pas sujets à la surveillance des caméras de Safe City ? Parce que ces équipements sont destinés à surveiller les routes.

Clairement le projet de Safe City constitue l’un des plus gros scandales dans l’histoire du pays. Verra-t-on surgir des whistle-blowers qui viendront aves des renseignements sur qui a «tapé» quoi ?

Vendredi 10 septembre

Le cas Keira

De quoi est morte Keira Esther, 15 mois, et officiellement la plus jeune victime de Covid-19 à Maurice ? L’absence de transparence dans la gestion de cette pandémie à Maurice est parfaitement illustrée par l’émission de deux certificats de décès dans le cas Keira Esther. Un certificat attribue sa mort à aspiration pneumonia, un autre au Covid-19.

On se demande si la formule aspiration pneumonia veut en fait dire aspiration of regurgitated stomach contents. Quoi qu’il en soit, il semblerait qu’il y ait eu négligence médicale quelque part. Car il fallait tout entreprendre pour garder le bébé en isolement après que sa mère a été testée positive au virus ou exercer la plus grande vigilance dans son cas en partant de la probabilité qu’elle risquait d’être infectée à son tour.

Le ministre de la Santé devrait jouer la carte de la transparence dans la façon dont il gère la pandémie. Le fait qu’on sorte deux certificats médicaux entame grandement la crédibilité du système. Il faudrait instituer une enquête avec des audiences publiques sur le cas Keira et situer les responsabilités. Il faudrait dans le cadre de cette enquête solliciter l’expertise du Dr Satish Boolell, ancien chef du service médico-légal, et la police pour tirer cette affaire au clair. Le ministère devrait à tout prix reconquérir la confiance de la population.