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Mort du Covid à l’hôpital Victoria: Les tribulations d’une non VVIP privée de soins en clinique
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Mort du Covid à l’hôpital Victoria: Les tribulations d’une non VVIP privée de soins en clinique
Un père atteint de Covid-19. Des cliniques qui lui refusent l’admission. Et un séjour à l’hôpital qui finit par la mort de Deoraj Ramheet, 77 ans. Sa famille, toujours affectée, revient sur leur semaine qui a pris une tournure inattendue.
Deoraj Ramheet, 77 ans, est décédé d’une pneumonie sévère due au Covid-19 (Covid pneumonia) à l’hôpital Victoria, à Candos, le mardi 7 septembre. La disparition subite de cet habitant d’Eau-Coulée, vacciné contre la grippe et ayant aussi reçu deux doses de Sinopharm depuis fin juillet, trouble toujours ses proches. Ceux-ci se sont confiés à l’express afin que les tribulations avant la fin de vie de leur être cher, un non-fumeur qui ne consomme pas d’alcool et qui, hormis un traitement pour l’hypertension, était en pleine forme et prenait toutes les précautions pour se protéger du virus, ne tombent pas aux oubliettes.
D’emblée, la famille de Deoraj Ramheet s’interroge si seuls les décès liés au Covid-19 au New ENT Hospital sont rapportés par le ministère de la Santé. «Nous nous posons la question car mon père est mort à l’hôpital Victoria, mardi, soit le même jour où le ministère de la Santé faisait état de trois décès avec des funérailles prévues au cimetière de Bois-Marchand, alors que mon père a, lui, été incinéré au cimetière Bigara le lendemain, mercredi, à 14 h 30», affirme un de ses enfants.
Mais par-dessus tout, la famille est toujours sous le choc depuis que le septuagénaire s’est éteint. Pourtant, un quart d’heure avant son décès, Deoraj Ramheet avait appelé chez lui de son portable, demandant qu’on lui apporte des sacs poubelle, pour ses vêtements sales.
Tout a commencé le mercredi 1er septembre. Deoraj Ramheet, qui habite Eau-Coulée, ne se sent pas bien. Il a des courbatures, notamment. Un de ses fils l’emmène chez un médecin du privé qui lui prescrit des antibiotiques. Sauf qu’aucune amélioration de la santé du patient n’est notée. Le dimanche matin suivant, c’est au tour d’un autre de ses fils de le conduire de nouveau chez le même médecin du privé qui l’avait ausculté.
Celui-ci change alors d’antibiotiques. Mais le père de famille est toujours mal en point. «Dans la nuit de dimanche à lundi, nous l’avons conduit à la clinique Darné. Toutefois, là-bas, on nous a fait savoir que l’établissement ne l’acceptera pas car il faisait une température de 38 degrés et on nous a demandé de l’emmener à l’hôpital de Candos», se désole notre interlocuteur.
Flagrante inégalité
Là-bas, toujours selon le fils, un premier test Covid rapide du malade est négatif. Mais la saturation artérielle en oxygène du patient est de 75 %, alors que pour une personne de plus de 70 ans, il aurait dû être de 95 %. Le personnel soignant à l’hôpital Victoria décide alors de faire un test PCR à Deoraj Ramheet. En attendant le résultat de son PCR, le malade est admis dans la salle d’isolement G7. Il est alors 5 heures du matin, lundi. «Vers 17 heures, nous avons reçu un appel du service de contact tracing qui nous a appris que papa est positif et a demandé à tout le monde de s’auto-isoler», poursuit le fils.
Mardi, en allant déposer des vêtements pour son père, la fille de Deoraj Ramheet, qui, contrairement au reste de la famille, habite, elle, le Nord de l’île, apprend que celui-ci n’est plus en salle d’isolement mais dans une salle normale, la 15B. «Le médecin qui était présent à cette heure ne savait pas que notre père était positif au Covid. » (NdlR, le fils précise que son père avait fait deux autres tests rapides dans la salle 15B qui se sont avérés négatifs).
Il l’a appris de sa sœur. La main sur la tête, il s’est demandé ce que faisait un patient positif dans cette salle. «Il est alors 11 heures lorsqu’ils ont commencé à chercher le résultat du test PCR. Mon père a finalement été transféré dans une autre salle d’isolement, la 10, à 14 h 30», raconte-t-il.
Le même jour, vers 14 h 10, le malade a appelé chez lui de son portable (qui se trouve d’ailleurs toujours à l’hôpital) et a demandé à parler à son épouse à qui il a demandé si elle viendrait lui rendre visite. Puis, à son fils, il lui a dit d’apporter quelques effets personnels. Avant de rappeler une nouvelle fois à 15 h 25 pour demander de lui porter aussi des sacs poubelle. On le lui aurait demandé à l’hôpital pour ses vêtements sales.
Cependant, à 16 h 45, un autre appel allait bouleverser les Ramheet. «L’hôpital nous a fait savoir que mon père est mort à 15 h 45. Apparemment, il a commencé à avoir des problèmes respiratoires à partir de 15 h 30. Nous avons aussi appris d’une belle-sœur qui est infirmière là-bas que papa devait être intubé. Un médecin a attribué son décès à une Covid pneumonia», regrette notre interlocuteur. Ce qui l’accable également : aux alentours de 15 heures le mardi avant la mort de son père, la famille a appelé l’hôpital Wellkin «mais ils ont dit qu’ils ne prennent pas de patient Covid», déplore-t-il.
En sachant que depuis le jeudi 2 septembre, Wellkin a été autorisé par le ministère de la Santé à traiter ces patients, pour reprendre les propos d’un membre du comité de haut niveau sur le Covid-19 dans notre édition du 5 septembre. Ce qui ne fait qu’amplifier la flagrante inégalité entre communs des mortels, y compris ceux en mesure de financer des traitements médicaux, et des VVIPs dans ce pays.
Mais cette famille affligée n’était pas au bout de ses peines. Le lendemain, jour de la crémation au cimetière Bigara, elle allait elle aussi, comme d’autres proches de défunts positifs au Covid avant elle, connaître la terrible souffrance de ne pas voir ne serait-ce que le visage de leur être cher une dernière fois.
Pourtant, l’hôpital a dit aux fils Ramheet que le protocole a changé pour que maintenant les proches puissent voir le visage du défunt à travers une vitre sur le cercueil, ou plutôt la caisse en plywood, qui quitte l’hôpital pour le cimetière. Sauf que la réalité est tout autre et affligeante. La vitre y est bel et bien mais à travers, les proches n’y ont vu qu’un plastique noir.
«Ma mère qui, selon les rites hindous, ne devrait pas être présente à l’incinération, s’est rendue au cimetière pour voir le visage de son mari une dernière fois. Savez-vous à quel point c’est dur pour quelqu’une qui vient d’être veuve ? Pourquoi donner de l’espoir aux gens ?» fait ressortir notre interlocuteur. Lui, qui a vu son père vivant, descendant de la voiture avant son hospitalisation, et qui jusqu’à présent a des doutes si c’est bien son père qu’il a incinéré.
Ce qui est encore plus aberrant : hier matin, il a reçu un appel d’un médecin du ministère de la Santé, lui demandant comment se portait son père. «Ils ne savent même pas que mon père est mort depuis mardi dernier… Je me demande comment ce ministère est géré !»
C-Care, dont fait partie Wellkin, réplique…
Interrogé hier suivant les interpellations de la famille Ramheet, le groupe C-Care a répondu que selon le protocole mis en place dans les cliniques du groupe, toute personne se rendant dans leurs établissements pour se faire soigner d’une pathologie autre que le Covid-19 passe d’abord par un examen d’entrée. Si cet examen démontre des signes que la personne est infectée au Covid-19, cette dernière est isolée et un test PCR est effectué. Dans le cas où le test PCR se révèle positif, le ministère de la Santé est tout de suite informé. Le patient sera isolé dans une unité spécialement aménagée à l’extérieur du bâtiment où il recevra les premiers soins en attendant la prise en charge des autorités concernées. Avant de conclure que dans la mesure où une personne les contacte en amont parce qu’elle a été testée positive, il lui est alors recommandé de se rendre directement dans les établissements de santé publics pour y être traité.
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