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Covid-19: La mutation des protocoles
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Covid-19: La mutation des protocoles
Protocole. Depuis le début de la pandémie, ce mot est devenu l’un des plus utilisés, pas seulement à Maurice, mais dans le monde. Gouvernements, OMS, compagnies privées, corps parapublics, compagnies de transport, opposition, experts, entre autres, chacun a son idée du meilleur moyen de gérer cette crise sanitaire. Plus les mois s’égrènent du calendrier, plus les protocoles sont modifiés et adaptés à la nouvelle réalité, parfois prétendant le contraire de ce qui a été énoncé avant. Retour sur ces changements et leurs raisons avancées.
Les funérailles
Le dernier protocole qui a changé concerne les enterrements. Mis en place le 24 mars 2020, quelques jours après le premier lockdown, les règlements stipulaient que les dépouilles des patients positifs décédés dans des cercueils scellés seraient remises aux familles directement au cimetière de Bigara pour l’inhumation ou la crémation. Plusieurs tombes avaient été identifiées pour ceux qui avaient été terrassés par le Covid-19. De plus, les consignes sanitaires limitaient le nombre de personnes qui pouvaient assister aux funérailles à 10. Ce proto- cole a pendant longtemps été critiqué et jugé inhumain car les proches ne pouvaient pas rendre un dernier hommage à leurs défunts.
La donne a changé depuis. Vendredi, lors de la conférence de presse, le Dr Kailesh Jagutpal a annoncé que désormais, les employés des pompes funèbres auront une formation pour préparer les dépouilles des patients positifs décédés, ce qui fait que les rites pourront se faire selon les coutumes. De plus, l’inhumation ou la crémation ne se fera plus uniquement à Bigara, mais dans n’importe quel cimetière. Avant l’annonce officielle du nouveau protocole, un préposé du PMO avait expliqué qu’au début de la pandémie, il n’y avait pas de données sur les risques de transmission des cadavres aux humains. Aujourd’hui, les informations disponibles rendent possible la dédramatisation de l’ancien protocole en toute sécurité. Mais mal- gré les annonces, les employés des pompes funèbres n’ont pas encore eu leur formation et les proches des défunts sont toujours dans la tourmente.
Sorties
Un cauchemar pour les parents et l’incompréhension pour les enfants. On se souvient tous à quel point le lockdown était pénible mais nécessaire. Lorsque les trois premiers cas avaient été annoncés à Maurice en mars 2020, un lockdown général a suivi. Sans crier gare, tout était fermé, sauf les services essentiels. Graduellement, les commerces ont rouvert six jours par semaine et étaient accessibles par ordre alphabétique. Les employés, eux, devaient postuler pour avoir un Work Access Permit (WAP) pour pouvoir faire le trajet entre leur domicile et leur lieu de travail si le télétravail n’était pas possible.
Au début de la deuxième vague, même scénario. Lockdown total. Mais il a fallu attendre moins longtemps pour la réouverture des commerces essentiels et des files d’attente interminables. Les employés, eux, ont eu le WAP rapidement. Même ceux qui n’en avaient pas fait la demande l’ont reçu. Puis, les commerces non-essentiels, fermés pendant pratiquement trois mois en 2020, ont aussi pu opérer. Malgré le confinement en cours et plus de la moitié de la population en possession de WAP, la vie normale avait vite repris. Les centres commerciaux ont alors pu commencer à accueillir le public. Cependant, il a quand même fallu attendre quatre mois cette année avant de pouvoir se rendre à la plage et ce, uniquement pour la baignade, pas les pique-niques. La raison avancée pour ce retour rapide à la normale était que l’économie du pays ne se remettrait pas d’une période de fermeture totale plus longue. De plus, la campagne de vaccination, qui avait déjà débuté, favorisait un retour au new normal. Malgré tout, les cinémas, bars et discothèques restent fermés.
La quarantaine, les tests et l’isolement
Au début de la pandémie, retrouver les cas contacts était primordial. Les proches des patients positifs et ceux avec qui ils ont été en contact étaient tous placés en quarantaine sans poser de questions. Les patients positifs, eux, étaient conduits vers l’hôpital ENT et les hôtels convertis en centres de santé pour les soins. Au début de la deuxième vague, le même protocole a été appliqué. Mais la fin du mois de juin a vu un premier changement au niveau du protocole et a sonné le glas de la quarantaine. Les cas contacts ont été priés de s’auto-isoler chez eux et les employés du ministère de la Santé se déplaçaient pour les tests PCR obligatoires sur eux.
Un deuxième changement est survenu le 20 août. Il a été décidé que même les patients positifs avec un schéma vaccinal complet âgés de moins de 65 ans ou sans comorbidités devaient s’auto-isoler. L’auto-isolement, qui dure au moins 10 jours – contre l’admission en hôpital de 14 jours auparavant – est étendu si des symptômes légers font leur apparition. L’hôpital ENT est désormais réservé uniquement aux personnes âgées positives, à risques ou avec des symptômes.
Un autre changement concerne les cas contacts. Alors qu’au début, la quarantaine était inévitable, l’auto-isolement ne l’est pas. Le médecin du ministère juge selon la durée et la proximité de la rencontre, si la personne est à risque.
Un troisième changement concerne les tests PCR. Au début, tous ceux qui pensaient avoir été en contact avec une personne positive pouvaient se rendre dans les flu clinics et faire un test PCR. Depuis le premier changement dans le protocole, le test PCR est réservé aux personnes âgées ou à risque. Les autres peuvent faire les tests rapides. La raison officielle derrière ce changement est la vaccination. Plus de 700 000 personnes sont complètement vaccinées, de ce fait, il y a peu de risque de développer la forme grave de la maladie et en cas de transmission, peu de virus actifs sont transmis, d’où le protocole moins strict.
Le travail
La fin de la quarantaine obligatoire a assoupli le protocole sur le lieu de travail. Au début, lorsqu’un cas était détecté, tout le département, voire tous les employés de la compagnie, étaient testés, isolés et suivis. Le 31 août, changement radical. Un «close contact» est désormais défini comme quelqu’un qui a été à moins de 2 mètres pendant plus de 15 mn sur une période de 24 heures avec une personne atteinte du Covid-19. Cela inclut ceux qui ont voyagé dans le même véhicule. Également celles qui ont eu une exposition directe (bisous, secrétions respirations, verre partagé), celles qui s’occupent d’un malade positif, celles qui ont eu un contact face à face de moins d’un mètre. Ceux-là sont priés de s’auto-isoler et sont soumis aux tests rapides.
Autre changement concerne la désinfection. Plus nécessaire de fermer les locaux pendant 48 heures pour le nettoyage. Deux heures, préférablement après les heures ouvrables, sont maintenant suffisantes. Le fort taux de vaccination est à l’origine de ce changement.
L’éducation
Tout a commencé par les classes en ligne sur la MBC, avec des jours et créneaux réservés aux différentes classes. Puis, il y a eu les classes par Zoom et un calendrier chamboulé. Depuis le premier juillet, les élèves et enseignants ont repris le chemin de l’école. Dé- pendant des classes, certains élèves vont à l’école deux jours et d’autres trois. Pour l’instant, c’est toujours cet emploi du temps alterné qui est en vigueur. À partir du 18 octobre, l’école retournera à la normale, avec des classes tous les jours pour tout le monde.
Cependant, un protocole qui reste inchangé est la fermeture d’un établissement pour désinfection après la découverte d’un cas positif. À noter que dans les écoles, il n’y avait pas de contact tracing strict.
Les traitements
En 2020, avant l’apparition des vaccins, tout le monde ne jurait que par la chloroquine et l’hydroxychloroquine. L’OMS et la Food and Drugs Administration avaient recommandé son utilisation pour le traitement des patients positifs. En parallèle, les études sur ce médicament, utilisé pour le paludisme, ont débuté. Mais les résultats étaient peu concluants. Il n’aidait pas les patients positifs à guérir, ne réduisait pas les risques de décès chez les patients à risques et ne faisait pas barrière à l’infection. À Maurice, suivant les recommandations de l’OMS, le traitement à l’hydroxychloroquine a été interrompu car jugé inefficace par plusieurs agences de santé. Les symptômes sont toujours traités et en cas de besoin, les patients reçoivent des anticoagulants.
En ce qui concerne les traitements offerts ailleurs, le Remdesivir figure parmi les plus connus. Si l’OMS déconseille son usage car les études n’ont pas démontré ses bénéfices dans les traitements, plusieurs pays, comme les États-Unis ou encore l’Inde, l’administrent aux patients.
Autre piste prometteuse est les traitements monoclonaux. Lorsqu’une personne est infectée, son corps développe des anticorps. Il est alors possible d’isoler les anticorps les plus forts et les reproduire en laboratoire. L’efficacité est optimale lorsque ce traitement est administré dans les jours suivant l’infection. Passé ce stade, le traitement n’est plus très efficace. Plusieurs traitements sont issus de cette technologie : Regencov, l’AZD 7442, Bamlanivimab et Etesevimab entre autres. Plusieurs pays, dont le Japon et les États-Unis, utilisent les anticorps monoclonaux, alors qu’en Europe, les études sont en cours. Cependant, ces anticorps ne sont pas efficaces contre les variants. De plus, le coût de production est tellement élevé qu’il est peu probable que cela devienne un traitement répandu.
La communication
En mars 2020, les conférences de presse du National Communication Committee se faisaient sur une base quotidienne. Le nombre de nouveaux cas, les cas actifs, le total des cas recensés et les décès des patients positifs dont la mort est liée au Covid-19 ou aux comorbidités, étaient annoncés. En mars 2021, la même stratégie était adoptée. Puis, les conférences de presse sont devenues plus rares et le ministère transmettait les informations à travers deux communiqués quotidiens.
Depuis le 23 juillet, lorsque le nombre de cas a commencé à exploser, il y a eu un changement radical dans la manière de communiquer. Désormais, seuls le nombre de cas recensés, le nombre de vaccinés et le pourcentage de la population contaminée depuis mars 2020 sont annoncés. Les cas actifs, total des cas recensés et guérisons ne sont communiqués qu’une fois par semaine lors du compte rendu des décisions du Conseil des ministres. Par la suite, à une date inconnue, il y a eu encore un changement, cette fois-ci, concernant l’annonce des décès. Désormais, seuls les morts liés au Covid-19 sont annoncés. Les patients positifs décédés des suites d’autres maladies ne sont plus annoncés.
Zones rouges
Après le deuxième lockdown, il était hors de question de baisser le rideau une nouvelle fois sur les activités du pays. Donc, à l’apparition de plusieurs cas dans une région, les autorités avaient décidé de mettre uniquement la zone concernée sous cloche. Ainsi, le 11 mars, les circonscriptions 16 (Vacoas – Floréal) et 17 (Curepipe – Midlands) ont été les premières zones rouges. Par la suite, à chaque découverte de cas, les régions devenaient zones rouges, avec interdiction d’entrer ou de sortir sauf avec un WAP spécial et les transports en commun ne pouvaient pas s’y arrêter.
Cependant, avec les cas en constante croissance, il était impossible d’isoler les régions pour contenir le virus. Fin juillet, lorsque les dortoirs des travailleurs étrangers n’étaient plus des zones rouges, il n’y en a plus eu. La gestion a pris une autre tournure.
Transports en commun
L’année dernière, pendant le lockdown, il n’y avait qu’un service squelettique d’autobus. Le métro, lui, était à l’arrêt. Puis, à la reprise un mois après le confinement, il fallait respecter la distanciation sociale à bord des bus et le métro ne transportait que 81 personnes. Il a fallu attendre début juin pour un retour à la normale.
Cette année, le même schéma a été appliqué, mais en accéléré. Lors de la deuxième phase de déconfinement le 1er juin, les bus et le métro ont pu rouler avec la capacité maximale.
Retour au pays
Nos frontières ont été rouvertes le 15 juillet. Ce virage majeur a été accompagné d’un protocole. Des hôtels ont été choisis pour les touristes et Mauriciens vaccinés. S’ils ne pouvaient pas quitter l’établissement pendant 14 jours, ils pouvaient toutefois profiter des facilités comme la piscine, le bar et les restaurants. Quant aux non-vaccinés, l’ancienne version de la quarantaine était applicable pour eux. Les séjours sont payants. À partir du 1er septembre, premier changement. Pour les touristes vaccinés, la quarantaine allégée a été réduite à sept jours et à partir du 1er octobre, il n’y aura aucune restriction pour les voyageurs complètement vaccinés.
Avant le 15 juillet et jusqu’au 3 octobre 2020, tous les voyageurs qui atterrissaient à Maurice devaient, sans exception, passer par une quarantaine stricte de 14 jours. Les frais étaient encourus par les voyageurs. De mars à octobre de l’année dernière, les frontières étaient fermées et il n’y avait que les Mauriciens rapatriés et les hommes d’affaires et autres diplomates qui avaient accès au territoire. La quarantaine obligatoire était alors aux frais de l’État.
Séquençage : Les retards rendent les informations obsolètes
<p>Vendredi, le ministre de la Santé a fait savoir que chaque semaine, Maurice obtient environ dix résultats de séquençage. Sans révéler combien sont réalisés à Maurice, Kailesh Jagutpal a fait savoir que les laboratoires où sont envoyés les échantillons à l’étranger font aussi les séquençages d’autres pays. De ce fait, les résultats sont obtenus avec du retard.</p>
<p>Une source confirme que les données pour Maurice sont mises à jour chaque semaine. Cependant, les résultats sont mis en ligne avec plusieurs semaines de retard. Ainsi, les derniers résultats mis à jour la semaine dernière datent du mois de juillet, et il s’agit toujours du B 1.1.318. S’il est important d’avoir un suivi à long terme sans interruption du variant qui a circulé, il est aussi primordial de savoir quel virus circule dans la communauté dans un passé récent, surtout après la propagation rapide des cas. Ces données aideront à adapter la stratégie et les protocoles. Sans résultats récents, il sera impossible de bien surveiller l’évolution de la pandémie au niveau local, surtout à la réouverture des frontières.</p>
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