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Emploi: la triste réalité des skippers racontée par Jean-Alain Fanchette

20 septembre 2021, 18:00

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Emploi: la triste réalité des skippers racontée par Jean-Alain Fanchette

Dix-neuf mois. C’est la période pendant laquelle les skippers de l’Est n’ont pas travaillé. S’ils bénéficient d’une allocation de Rs 5 100 mensuellement, joindre les deux bouts s’avère être une étape délicate. L’un d’eux, Jean-Alain Fanchette, raconte son quotidien. Comme beaucoup, il compte sur l’arrivée des touristes, mais les données semblent être quelque peu brouillées… 

On l’a aperçu aux côtés des skippers qui avaient entamé une grève de la faim, en juin dernier. Élu porte-parole par ses pairs, Jean-Alain Fanchette ne mâche pas ses mots face à la pandémie qui empêche ses collègues de subvenir aux besoins de leur famille. «Vous imaginez que depuis mars 2020 nous ne travaillons pas. Et surtout quand vous avez l’habitude de vous entretenir seuls.» 

Père de famille – il a quatre enfants, tous encore à l’école – il a eu à économiser la moindre roupie pour accompagner les siens au quotidien. «Combien de sacrifices vous pouvez faire pour vos enfants ? Se serrer la ceinture encore et encore afin qu’ils puissent avoir de quoi se nourrir et qu’ils puissent aller à l’école.» 

Cette pression pèse sur sa santé. «Je suis stressé moralement, et endetté aussi. Vous empruntez auprès d’autres proches, et après il va falloir rembourser.» Une autre question qui le taraude concerne le travail. «Comment cela va se passer ? Je condamne l’État aussi, car il n’a pas fait correctement son travail. Je m’explique. Depuis 2014, nous avons fait comprendre qu’il y a beaucoup de personnes qui ont obtenu une licence pour travailler avec les touristes, et ces personnes font en sorte de payer les skippers sur une base mensuelle mais sans déclarer cela auprès du NPF. Donc, ces travailleurs ne sont pas employés.» 

Jean-Alain Fanchette fait comprendre que les retombées de cette entente entre propriétaire et skipper sont ressenties depuis mars 2020. «Juste pour les trois premiers mois, certains ont obtenu un salaire avec les propriétaires, puis plus rien… D’autant plus que le travail n’a toujours pas débuté.» Il se dit triste que le ministère du Travail ou encore la Tourism Authority n’aient pas réagi en apprenant cela. 

Outre les problèmes liés au Covid-19, l’échouage du MV Wakashio a aussi contribué aux malheurs des skippers de cette région. «Nous avons l’impression que tous ceux qui ont été touchés par ce naufrage n’ont pas été dédommagés d’autant plus qu’il y a un fonds qui a été créé pour cette cause.» 

Quid de la venue des touristes à partir d’octobre ? «Nous sommes encore dans le flou, et nous sommes inquiets. Cette pandémie est mondiale et on se demande si les touristes vont opter pour la destination Maurice. Avec les quelques étrangers qui seront sur l’île, il me semble qu’il y aura trop de plaisanciers pour peu de monde. Donc, notre problème de travail reste entier. Il se peut qu’un plaisancier ne puisse travailler qu’une seule fois par mois…» 

Cela fait 30 ans que Jean-Alain Fanchette évolue dans ce secteur. Il n’aurait imaginé une telle situation. «Pour l’échouage du Wakashio, plusieurs plaisanciers attendent toujours d’obtenir leur compensation. On espère que cela sera fait le plus vite possible.» En effet, la Tourism Authority a demandé que les propriétaires rédigent une lettre pour certifier que les skippers travaillent pour eux ou que d’autres jurent un affidavit prouvant qu’ils travaillent comme skipper et de mentionner le nom du propriétaire du bateau.