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Covid-19 | Troisième dose: la population à risque doit être prioritaire

25 septembre 2021, 09:47

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Covid-19 | Troisième dose: la population à risque doit être prioritaire

Le protocole pour l’administration de la 3e dose a été annoncé hier et celle-ci débutera demain. La campagne ne sera ouverte qu’à toute personne vaccinée au Sinopharm depuis quatre mois et plus dans un premier temps et, par la suite, une décision sera prise concernant celles ayant reçu d’autres vaccins. Comment se passe l’injection de la troisième dose ailleurs dans le monde ? Réponses…

Ailleurs dans le monde 

Depuis août, un peu plus d’un million de citoyens américains ont reçu une troisième dose de vaccin mRNA. Elle est destinée aux les personnes immunodéprimées. En France, quelque 18 millions de personnes sont concernées, et il s’agit toujours des plus vulnérables. En ce qui concerne les pays qui ont massivement utilisé Sinopharm, la campagne pour la troisième dose a déjà débuté. À Abu Dhabi, elle est obligatoire pour ceux inoculés au Sinopharm alors que ceux qui ont eu d’autres vaccins en sont exemptés. Tandis qu’à Bahreïn et ailleurs dans les Émirats arabes unis, le troisième vaccin concerne les personnes âgées et à risques. Elles recevront une dose du vaccin Pfizer après leur premier cycle de Sinopharm. 

Toujours est-il que Zhang Yuntao, le scientifique en chef du China National Biotech Group, une filiale de Sinopharm, a déclaré que la booster dose du vaccin développé par la firme doit être principalement réservé aux personnes à risques. Comme cela est fait en Chine. 

Pendant ce temps, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) maintient sa position de déconseiller aux pays d’aller de l’avant avec la troisième dose car non seulement il n’y a pas assez d’informations sur la perte d’efficacité des vaccins, mais il y a aussi le fait que les vaccins sont toujours rares et que plusieurs pays ont besoin de première et de deuxième doses. Quant à l’Agence européenne des médicaments (EMA), elle poursuit toujours des études avant de décider de la nécessité. 

Est-ce bien nécessaire qu’une troisième dose soit inoculée à toute la population ? Dans une étude intitulée «Considerations in boosting Covid-19 immune responses», publiée le 13 septembre, par l’OMS, les faits à prendre en considération avant l’administration de la troisième dose sont clairement listés. D’emblée, il est précisé que les vaccins sauveront plus de vies chez les personnes non-vaccinées que chez les vaccinées, même à long terme. 

La raison est que la baisse des anticorps agglutinants ne signifie pas forcément la baisse d’efficacité d’un vaccin. Le système immunitaire est complexe et le corps a d’autres types de cellules qui le défendent contre les virus. Ces autres types de défenses, grâce à l’effet mémoire du système immunitaire, durent plus longtemps mais nécessitent des analyses plus poussées pour être détectés. Donc, le but primaire du vaccin, qui est de protéger des formes graves de la maladie, dure toujours après la disparition des anticorps agglutinants. 

Pour mesurer les autres défenses octroyées par le vaccin, des analyses plus complexes et poussées sont nécessaires. L’étude fait aussi ressortir que même dans les populations avec un fort taux de vaccination, les transmissions sont toujours plus fréquentes à travers la population non-vaccinée. «Les données ne vont pas dans le sens d’une dose supplémentaire après un premier cycle dans la population en général car la protection contre les formes graves est toujours élevée», écrivent les scientifiques dans la publication. 

Donc, quelle est la solution ? «L’efficacité de la troisième dose contre les variants en circulation et les nouveaux variants sera plus forte si les booster doses sont conçues pour les variants», fait ressortir l’étude. Pour cela, il faut plus de données solides sur la population vaccinée. L’exemple cité est le vaccin contre la grippe. Chaque année, il est conçu selon le variant du virus de la grippe en circulation et, même s’il mute, le vaccin sera toujours efficace car les mutations ne seront pas aussi importants au point de le rendre inefficace. Cependant, pour l’heure, les variants en circulation n’ont pas suffisamment muté pour échapper totalement à la protection conférée par les vaccins. «Mais il y aura plus de positifs dans la population vaccinée si l’inoculation d’une majeure partie d’un pays apporte un changement dans les habitudes», prévient-on. 

La conclusion est que la campagne pour une troisième dose doit débuter seulement après une analyse profonde des données épidémiologiques et si le plan mis en place ne comporte pas de risques et est efficace. La dose de rappel peut donc être appropriée pour ceux dont le premier cycle vaccinal n’a pas été efficace, par exemple, ceux qui ont eu des vaccins à faible efficacité ou les immunodéprimés. Même si pour le moment, il n’y a que peu de données sur cette catégorie de personnes et une troisième dose. 

La situation à Maurice 

Et Maurice dans tout ça ? Les données concernant une troisième dose de Sinopharm sont assez rares, même si le fabricant a soutenu que les anticorps sont décuplés. Mais selon tous les experts indépendants, la stratégie d’inoculer toute la population avec le même vaccin que précédemment n’est pas la plus appropriée, car deux types de vaccins déclencheront deux types de réponses immunitaires, ce qui rendra le système plus efficace contre les variants. 

Par exemple, au lieu de vacciner les 12-17 ans avec les 76 050 doses de Pfizer que le pays recevra, il serait plus propice de le réserver aux personnes vaccinées au Sinopharm et qui sont à risques. Ou encore, aux frontliners des hôpitaux, surtout depuis que le test PCR n’est plus effectué de façon systématique et que les médecins côtoient les patients sans connaître leur statut. 

Concernant le mix vaccinal, les données les plus fiables pour l’instant concernent le mélange d’AstraZeneca et Pfizer, qui a donné une réponse immunitaire bien plus forte qu’un seul vaccin. ÀMaurice, c’est le comité de vaccination qui approuvera les mix. Si ce procédé est déjà utilisé pour d’autres maladies, à l’instar d’Ebola, il est toujours toutefois recommandé aux autorités de se baser sur des données et de bien veiller aux effets secondaires.