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Covid-19 | Des experts: «Pfizer sera plus utile chez les personnes vulnérables»

25 septembre 2021, 11:59

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Covid-19 | Des experts: «Pfizer sera plus utile chez les personnes vulnérables»

Maurice a reçu 76 050 doses de vaccin Pfizer jeudi et la semaine prochaine, la vaccination des 12-17 ans débutera. Or, jeudi dernier, une autre campagne a démarré : la troisième dose pour ceux qui ont été inoculés au Sinopharm et il a été établi que les plus fragiles seront prioritaires. Dès lors, la question se pose : le vaccin le plus efficace jusqu’à présent ne devrait-il pas être réservé aux personnes vulnérables plutôt qu’aux jeunes ? Réponse des experts… 

Le 9 septembre dernier, une cargaison de 500 000 doses de Sinopharm a atterri à Maurice. Une partie de ces vaccins sera utilisée pour la troisième dose. «Les personnes vulnérables et exposées au virus seront prioritaires», avait déclaré le Dr Zouberr Joomaye sur les ondes de Radio Plus mercredi dernier. C’est là que les débats sur la stratégie débutent. Pourquoi ne pas mettre toutes les chances de leur côté et booster leur système avec le Pfizer ? C’est du moins ce que pense Houriiyah Tegally, doctorante en bio-informatique et chercheuse. «Il a été prouvé que le vaccin Pfizer diminue non seulement les risques de formes sévères et d’hospitalisation, mais aussi les risques d’infection.» Raison pour laquelle elle estime que le lot de Pfizer devrait être administré comme booster dose aux personnes avec des comorbidités et qui ont un système immunitaire affaibli. 

Les jeunes et le risque 

Qu’en est-il des jeunes ? Certes, il faut une protection, et pour l’instant, Pfizer est le seul vaccin approuvé pour les adolescents. Dans plusieurs pays, à l’instar d’Israël, les États-Unis et plusieurs pays européens, des millions d’ados ont été vaccinés. Mais la situation est différente à Maurice. «Nous avons commencé notre campagne vaccinale avec les vaccins disponibles, ce qui est très bien. Mais maintenant que nous commençons à avoir des vaccins de meilleure efficacité, il faut évaluer les risques et bénéfices avant d’aller de l’avant», avance la chercheuse. 

Même si les jeunes ne sont pas à l’abri, leur système immunitaire est plus réactif. «Lorsqu’on compare le risque encouru par les jeunes à ceux encourus par les personnes âgées ou avec d’autres maladies, il devient clair que cette dernière catégorie a besoin de plus de protection», ditelle, surtout face au nombre de décès de personnes vulnérables ces dernières semaines. Si on doit apprendre à vivre avec le virus, protéger les plus faibles est primordial, affirme-t-elle. 

Toujours citant ce qui se passe ailleurs, Houriiyah Tegally rappelle qu’au début de la campagne de vaccination à l’international, l’AstraZeneca avait été suspendu pour les jeunes justement en évaluant les risques et bénéfices. «Par exemple, si le risque de formation de caillot de sang est aussi bas avec la vaccination qu’avec l’infection, le vaccin ne présentait aucun avantage sur ce point. Par contre, chez la population vulnérable, dont 100 % présente des complications après une infection, le risque de formation de caillot après la vaccination ne pesait pas lourd dans la balance car le même risque était bien plus élevé avec une infection», ajoute Houriiyah Tegally. Le même principe doit s’appliquer lorsque le choix doit être fait entre les jeunes et la population à risque. 

Décès des patients avec comorbidités 

Sur la question, le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des services de santé, rappelle que dans tous les pays, les agences ont validé le booster dose pour les personnes âgées et celles avec d’autres maladies en priorité car l’immunité conférée par les vaccins baisse plus vite chez elles. Mais pour arriver à cette conclusion, il faut une analyse poussée des anticorps neutralisants des vaccinés car un simple test d’anticorps agglutinants ne suffit pas. Pour l’heure, à Maurice, ces données concernant les sept vaccins utilisés ne sont pas encore disponibles. C’est ce qui fait dire à l’ancien membre du National Communication Committee que lancer la campagne pour la troisième dose au Sinopharm n’est pas la meilleure idée. «Comment saura-t-on si leur immunité sera boostée ?» se demande-t-il. 

Autre point abordé concerne les décès des patients positifs, dont le nombre a augmenté de 67 en deux semaines. À hier, le pays comptait au total 146 décès de patients positifs, dont 12 totalement vaccinés et un avec une seule dose. Puis, il y a aussi eu 81 patients positifs dont la mort n’a pas été liée au Covid-19. Parmi eux, 10 avaient un cycle vaccinal complet et deux avaient une dose. Le Dr Kailesh Jagutpal a confirmé qu’ils sont tous morts des suites de leurs autres maladies. Il serait plus judicieux d’administrer le vaccin Pfizer, qui octroie une meilleure protection à cette catégorie de personnes. «De plus, au lieu de vacciner 38 025 personnes et faire grimper le taux de vaccination pour le marketing, nous parlons là de sauver potentiellement 76 050 vies», affirme le Dr Vasantrao Gujadhur. Il cite l’exemple de Bahreïn, où une étude a démontré que l’administration de Pfizer après un cycle vaccinal de Sinopharm donne une meilleure protection. 

Le taux de mortalité 

Les données concernant la troisième dose de Sinopharm n’ont pas encore été officiellement établies. Cependant, celles relatives à l’efficacité d’un vaccin mRNA administré après un vaccin à virus inactif (Sinopharm, Covaxin) ou à base d’adénovirus (AstraZeneca, Johnson & Johnson) sont très prometteuses, rappelle Houriiyah Tegally. Donc, les personnes immuno-compromises auront plus de chance de survie malgré leurs autres maladies. La chercheuse rappelle que le nombre de décès augmente et les cas recensés baissent. Donc, le pourcentage de décès par rapport à la population infectée s’élèvera. «En protégeant les personnes qui sont les plus à risque, il est évident que ce taux baissera.»