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Covid-19: le personnel de santé au bout du rouleau

28 septembre 2021, 17:00

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Covid-19: le personnel de santé au bout du rouleau

Des patients, qui pointent du doigt les traitements au sein des institutions médicales ou encore les proches, qui parlent de négligence. Les exemples sont nombreux depuis le début de la pandémie du Covid-19. Et le personnel de santé est désigné coupable. Face à ces récriminations, le staff se défend et demande l’indulgence du public car le travail a augmenté et le stress aussi… 

C’est le cas de cette grand-mère de 88 ans, qui a touché plus d’un durant le week-end. Cette dernière, admise à l’hôpital ENT et qui y est toujours, a décrit son calvaire à ses proches. Son petit-fils, policier, a même fait une déposition au poste de police de Vacoas pour déplorer la situation dans laquelle se retrouve cette habitante de Camp-Levieux. 

Est-ce que les soignants - déjà éreintés par l’accumulation de travail - ne devraient pas avoir plus de temps pour souffler ? Beaucoup ressentent les effets d’un burn-out, soutient Amarjeet Seetohul, président de la Ministry of Health Employees Union (MHEU). Pour lui, il y a certes plusieurs problèmes, qui peuvent être énumérés, mais il existe aussi des solutions. 

Selon Amarjeet Seetohul, le ministère de la Santé ne cherche pas à remédier à la situation. Il s’explique. «Les ressources humaines s’épuisent, d’où le burn-out et le personnel se retrouve à faire des heures supplémentaires jusqu’à l’épuisement. On aurait pu recruter du personnel sur une base continue, soit chaque année et non comme c’est le cas actuellement. La Santé est un secteur dynamique, avec l’ouverture de dispensaires, de centres de santé, entre autres. Et à la suite de la pandémie, alors que le personnel s’est retrouvé en quarantaine, il a fallu faire le staff restant travailler pour compenser l’absence des autres. Et le burn out s’est produit.» 

Autre point soulevé par notre interlocuteur : le nombre de Health care assistants, qui exercent au sein des services de santé. «On n’en compte pas moins de 1 500. Pourtant, on a demandé au ministère, bien avant l’épidémie du Covid-19, si l’on pouvait former ces personnes pour qu’elles viennent prêter main-forte aux infirmiers. Depuis une dizaine d’années, on en a parlé mais à ce jour, toujours rien», déplore-t-il. 

Le président de la MHEU parle aussi de la démotivation du personnel. «Les conditions de travail méritent d’être revues. On ne peut pas mettre les fonctionnaires du service essentiel à pied d’égalité avec les fonctionnaires bureaucrates. Je parle des pompiers, des policiers et du personnel soignant. Il faut trouver un moyen pour les compenser.» 

Russid Golamaully, président de la Senior & other nursing Staff Association, abonde dans le même sens. Il avance que le personnel arrive néanmoins à tenir son rang et à relever les défis. Toutefois, il soutient que le gouvernement devrait revoir le côté financier pour maintenir la motivation. 

Interrogé, un infirmier de l’hôpital Victoria avoue que cinq salles ont été prises pour accueillir des patients positifs au Covid-19. «Il y a quelque temps, il n’y avait qu’une salle, et maintenant on est passé à cinq. Deux salles réservées aux hommes et deux autres aux femmes, et une salle d’isolement qui est mixte. Le personnel - qui y travaille - se retrouve à devoir gérer des conditions auxquelles il n’est pas nécessairement habitué. Certains s’adaptent et d’autres non.» 

Avec l’ouverture des frontières, prévue dans trois jours, Amarjeet Seetohul souligne que le personnel répondra présent mais à quel prix. «Déjà que ce sont les infirmiers, qui doivent assurer la vaccination, d’autres se retrouvent en quarantaine, le personnel continue à être en nombre inférieur, et les conséquences sont actuellement visibles.»

Face à cette situation, qui est de plus en plus difficile face à un virus mortel, Russid Golamaully demande aussi l’indulgence des autorités pour permettre aux personnels soignants de prendre un peu de recul et de profiter de quelques jours de repos. «Il faut leur accorder leur congé. Car le travail est loin d’être terminé», soutient-il. 

Les explications du ministère de la Santé sont attendues suite à toutes les interrogations du personnel soignant.