Publicité
Ouverture des frontières: les hôteliers respirent, les autres font grise mine
Par
Partager cet article
Ouverture des frontières: les hôteliers respirent, les autres font grise mine
Alors que l’ouverture totale des frontières est pour aujourd'hui, les sentiments sont mitigés, suscitant à la fois inquiétudes et espoirs tant du côté des spécialistes de santé et des observateurs que de celui des hôteliers. Et ce n’est certainement pas faire acte d’antipatriotisme que d’aborder les enjeux de cette ouverture.
Sans nul doute, les craintes exprimées par certains professionnels de santé et des économistes ne peuvent être balayées d’un revers de la main. Si certains craignent une recrudescence de cas avec la levée des restrictions le 1er octobre, des hôteliers, eux, estiment que c’est la seule planche de salut pour redonner des couleurs à une industrie au bord de l’asphyxie, même avec un schéma vaccinal et en s’appuyant sur l’expérience de certaines destinations touristiques comme les Seychelles et les Maldives.
De plus, après 18 mois de fermeture, les hôtels déclarent avoir une trésorerie à sec, étant contraints de dépendre sur l’assistance financière de l’Etat, d’un montant de plus de Rs 22 milliards depuis mars 2020, et sur la Mauritius Investment Corporation, pour maintenir la tête hors de l’eau.
Pour autant, il existe d’autres variables à l’équation qu’il ne faut surtout pas occulter. D’abord, les projections pour le moins optimistes des autorités gouvernementales par rapport aux arrivées touristiques, soit plus de 325 000 touristes d’ici la fin 2021, relayées d’ailleurs par certaines institutions privées.
Mais les réalités des chiffres sont têtues et ne plaident pas en faveur de cet ambitieux objectif. Car avec 8 000 visiteurs depuis le début de l’année, malgré une réouverture partielle, on est loin du compte.
Le consultant en tourisme, Sen Ramsamy, qui s’est associé au lancement de l’AHRIM, a peut-être raison. «Je pense que nous n’atteindrons pas l’objectif visé, même avec 60 vols prévus à partir du 1er octobre», confiait-il à l’express, lundi. Ses statistiques, doublées de son expérience, lui indiquent qu’on comptabilisera entre 100 000 et 150 000 touristes pour l’ensemble de l’année calendaire 2021. Une approche réaliste car viser plus haut requiert que tous les acteurs concernés «fassent montre de plus de talents pour attirer 300 000 touristes».
Analyse nuancée
Ensuite, les expériences de certaines destinations touristiques appellent à la prudence. Le cas des Seychelles est révélateur. Après une réouverture en trombe, les autorités de l’archipel ont dû momentanément refermer les frontières en raison d’une multiplication de cas, pour rouvrir en ciblant des touristes largement dépensiers.
Arnaud Lagesse est plus nuancé dans son analyse. Dans l’interview accordée à l’express mercredi, il trouve que «nos compétiteurs dans la région n’avaient pas vraiment le choix et le luxe de ne pas rouvrir déjà depuis 2020. Ce sont des économies basées essentiellementsur le tourisme, ce qui est moins le cas pour l’Île Maurice, même si près de 25 % de nos revenus en sont issus. Ces destinations n’ont jamais vraiment refermé …» et «… ont eu un fine balancing act entre l’économie et le sanitaire».
Certes, d’autres destinations, qui peuvent concurrencer Maurice sur ce front, ont voulu la jouer safe en repoussant leur ouverture. C’est le cas de la Thaïlande, qui a fixé l’échéance à 2022 alors que l’Inde décidera prochainement des modalités de sa réouverture.
Certes, le succès commercial de la réouverture des frontières aux Maldives, avec une augmentation de 30 % des arrivées touristiques pour le premier semestre 2021, tient beaucoup plus à sa politique d’accès aérien. Ce qui fait réfléchir les hôteliers souhaitant dépoussiérer ce débat en engageant un dialogue avec une Air Mauritius restructurée et avec l’Aviation civile. D’ailleurs, le CEO du groupe Sun, François Eynaud, a proposé, dans la presse dominicale, l’institution d’un comité d’experts public-privé pour prendre une décision à cet effet. «Jusqu’à maintenant, les décisions sur ce sujet n’étaient pas transparentes et on ne savait pas sur quels critères on accepte que certaines compagnies aériennes puissent desservir Maurice et pas d’autres», a-t-il dit dans les colonnes de Week-End. Tout en invitant les décideurs politiques et économiques à la réflexion par rapport à la compagnie aérienne nationale, «si Air Mauritius doit être une compagne commerciale profitable ou un instrument de soutien à l’économie mauricienne».
Une problématique que le CEO d’Airport Holdings, Ken Arian, devra analyser, ayant la responsabilité maintenant de réinventer MK pour en faire un transporteur national financièrement sain et capable de voler en toute agilité pour se livrer à une compétition féroce dans un ciel troublé par les effets du Covid-19.
Publicité
Les plus récents