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La semaine décryptée

3 octobre 2021, 16:02

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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du Lundi 27 septembre  au vendredi 01 octobre.

Lundi 27 septembre

L’hôpital des récriminations

Rapportant le cas d’une femme de 88 ans, qui refuse de s’alimenter à l’ENT de Vacoas afin de ne pas aggraver la situation au niveau de ses couches, l’express du lundi 27 septembre estime que cet établissement serait débordé dans sa démarche de venir en aide aux patients atteints de Covid-19.

Il ne serait pas correct de blâmer le personnel hospitalier pour le traumatisme que vivent les Mauriciens admis après avoir atteint une phase critique des complications causées par le Covid-19. Il faudrait toujours tenir compte du fait que nous avons une population vieillissante et que notre pays enregistre l’un des plus forts taux de diabète dans le monde et que cela entraîne aussi des maladies cardio-vasculaires. Il y a une part d’héritage génétique dans les problèmes de santé des Mauriciens mais il y va aussi de notre style de vie. Trop de sédentarité, abus d’alcool et de tabac. Et des aliments pas vraiment équilibrés.

Le Covid-19 étant un problème tout nouveau, Maurice est engagé dans un mode de trial and error et malheureusement, dans ce processus, les malades servent de cobayes.

Mardi 28 septembre 

Dégringolade à la Pagla Mamou

L’express du mardi 28 septembre annonce la démission de Madun Dulloo du MMM. Cette décision nullement inattendue de ce politicien hors du commun suivait sa sortie contre des alliés du MMM la semaine précédente. Signe qu’il était atteint de la bougeotte.

Madun Dulloo était destiné à un certain moment à succéder à sir Anerood Jugnauth comme leader du MSM et éventuellement come Premier ministre mais l’arrivée sur scène de Pravind Jugnauth après les élections de 1991 devait changer la donne. En tant que ministre de l’Agriculture, après avoir contesté l’autorité du PM Jugnauth sur la question de centralisation des usines sucrières et ses mamours avec Paul Bérenger, Dulloo fut révoqué en 1994. Il redevint ministre grâce à Navin Ramgoolam de 2005 à 2008 quand il fut encore une fois révoqué du gouvernement. Depuis, malgré un retour au MMM, il est resté dans karo kann.

Signe inquiétant pour lui. Les électeurs ont apparemment décelé des signes pas trop rassurants chez lui car aux élections de 2014, il se retrouva en 6e position comme candidat du MMM dans la circonscription de Mahébourg/PlaineMagnien. Et en 8e position aux dernières élections, toujours comme candidat du MMM mais cette fois au no 6. Cette 8e position était lourdement révélatrice pour un homme qui avait dominé cette circonscription depuis des décennies. C’est le candidat MMM, Jean Ignace Sébastien Lamy, qui occupa le 7e rang.

On se demande si après cette 8e position dans une circonscription rurale où il fut même battu par un parfait inconnu connu comme Lamy, un tel dead meat se retrouverait-il Attorney-General dans le présent gouvernement MSM ? Sera-t-il désigné pour remplacer Sooroojdev Phokeer comme speaker ? Ayant fait ses débuts au MMM pour se déclarer ennemi mortel de ce parti plus tard, Madun Dulloo attira un profond mépris de la part de Paul Bérenger qui devait lui décerner le sobriquet de Pagla Mamou par la suite.

Mercredi 29 septembre

UK, here I come!

Il est plus que probable qu’un bal de voyages ministériels s’ouvrira sous peu et le Premier ministre luimême a donné une indication des déplacements à venir. En effet, selon l’express du mercredi 29 septembre, Pravind Kumar Jugnauth ira assister du 1er au 12 novembre à Glasgow en Ecosse à une conférence sur le changement climatique.

Puisqu‘il n’existe pas de connexion aérienne directe entre Maurice et l’Écosse, le Premier ministre passera forcément par Londres ou Paris pour se rendre à Glasgow. Il se peut que le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano, et des officiels du ministère et des corps paraétatiques soient aussi de la partie.

C’est l’occasion maintenant pour les autres ministres de partir en ‘mission’, la formule magique qui cache une allocation per diem conséquente, des séjours dans des hôtels de luxe et des balades dans des voitures officielles. Chaque jour, avant le Covid-19, se tenait une conférence quelque part dans le monde. Le business de présence physique reprendra sous peu car les hommes politiques et les officiels à l’étranger ne sont pas moins friands de voyage que les Mauriciens.

L’absence du Premier ministre en titre donnera aussi l’occasion au vice-Premier ministre Steve Obeegadoo d’assurer un intérim marquant. Il serait intéressant de le voir fonctionner comme chef du gouvernement. Au fait, en tenant compte de son calibre intellectuel, de son héritage familial en termes de goodwill et de sa communication facile, Steve Obeegadoo dispose d’assez d’atouts pour pouvoir accéder à des fonctions encore plus importantes en temps voulu. Les Mauriciens sont d’ores et déjà assurés de voir de quel bois le fort articulé Steven se chauffe, bien qu’on serait déjà en été en novembre.

Jeudi 30 septembre

Maunthrooa réhabilité ? Pourquoi pas ?

Prakash Maunthrooa joue la vedette en ce jeudi 30 septembre après avoir été acquitté la veille dans l’affaire de bribe sollicité de la firme hollandaise Boskalis. Il était alors le grand boss dans le port et Boskalis devait remporter le contrat pour des travaux de dragage.

L’ancien ministre Siddick Chady était lui aussi impliqué dans cette affaire mais les deux hommes n’auront pas connu le même sort. Si Maunthrooa a été acquitté, Chady lui a vu sa peine de prison de neuf mois rallongée à 15 mois et va contester ce jugement auprès du Privy Council à Londres.

L’acquittement de Maunthrooa fait maintenant de lui un homme blanc comme neige, innocent comme l’agneau qui vient de naître. Dorénavant, la voie lui est ouverte pour step in au service de la nation mauricienne. Il avait dû step down comme grand patron au Prime Minister’s Office (PMO) dans le sillage de l’affaire Boskalis, bien qu’il soit resté comme un chef au Sun Trust. Succèdera-t-il à Ken Arian maintenant que ce dernier est devenu le grand patron du mastodonte nommé Airport Holdings au chiffre d’affaires de Rs 25 milliards ?

Il serait utile de faire remarquer que Maunthrooa a été la création de l’ancien ministre travailliste Hurryparsad Ramnarain, chargé par sir Seewoosagur Ramgoolam de gérer la Mauritius Marine Authority (MMA). Étant l’élément le plus pro-MMM de l’establishment travailliste, Ramnarain, qui avait pris Maunthrooa sous ses ailes, avait bénéficié du soutien des Mauves et du syndicat des employés du port.

Maunthrooa était MMM au départ mais plus tard il se rapprocha aussi du MSM. C’est sous ce double parrainage qu’il fut candidat de l’alliance MSM-MMM lors de l’élection partielle au no 7 le 21 décembre 2003. Il fut battu par le néophyte Rajesh Jeetah du Parti travailliste dans ce qui était considéré comme le bastion personnel de sir Anerood Jugnauth.

Vendredi 01 octobre

Pagaille à Plaisance

Les Mauriciens qui voyagent auront sans doute constaté que l’aéroport sir Seewoosagur Ramgoolam se démarque dans le monde par le grand nombre d’officiels, policiers et divers employés qu’on y voit à l’arrivée comme au départ. Ceux qui ont suivi sur la page Facebook de l’express le vendredi 1er octobre le reportage à la porte de sortie des passagers ont assisté à un véritable défilé d’officiels (de l’aéroport ? d’Air Mauritius ?) qui entraient à l’intérieur du hall d’arrivée ou qui en sortaient. Quel était leur véritable job, ces gens-là ?

La culture très mauricienne de mobilisation de tout un camion et d’une douzaine d’employés des travaux publics pour réparer deux mètres carrés de route endommagée est aussi présente à Plaisance. Ce qui explique la pagaille qui a régné à l’arrivée des passagers en ce vendredi 1er octobre. On ne savait pas qui faisait quoi en ce jour d’ouverture de nos frontières.

Le Covid-19 est venu compliquer davantage la culture de l’à-peu-près qui règne dans toutes les institutions du pays. On se rappellera la nomination de managers d’Air Mauritius qui n’avaient même pas de bureau à eux, ce qui les amenait à arpenter les couloirs. Avant le Covid-19, un passager mauricien débarquant à Changi à Singapour pouvait clear cet aéroport plus vite que celui de Plaisance à son retour dans son propre pays. Si Singapour n’est pas devenu une république bananière depuis le Covid-19, tel serait toujours le cas.