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Salil Roy: «On a encore besoin de la canne à Maurice»

5 octobre 2021, 17:02

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Salil Roy: «On a encore besoin de la canne à Maurice»

On a noté que dans les communiqués de la Chambre d’Agriculture, c’est le «Crop Estmates Coordinating Committee» (CECC), regroupant plusieurs institutions, qui donne des prévisions sur la récolte sucrière. Pensez-vous que c’est mieux pour une plus grande transparence ?

Absolument. Je crois que la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) en fait partie et elle le mérite bien car c’est une institution qui chapeaute d’autres organismes. Elle doit être omniprésente quand on discute du secteur cannier. Et maintenant c’est un travail d’équipe et personne ne pourra dire que les prévisions ont été mal calculées. C’est bien que tout le monde soit consulté.

Cette année, ce comité prévoit moins de 270 000 tonnes de sucre, ce qui sera même inférieur à la récolte précédente qui a été la plus mauvaise d’ailleurs. Pensez-vous que ce secteur a encore sa raison d’être ?

Pour moi, il faut arrêter de poser cette question. Le pays a encore besoin de la canne. Souvent le climat joue un mauvais tour à la production. On ne peut rien faire contre la nature. Et cela a un impact sur le taux d’extraction de la canne. Mais il faut tenir en compte l’abandon des champs de canne, la cherté de la main-d’oeuvre. Tout cela est prévisible et ce n’est pas pour cela que ce secteur n’a pas d’avenir.

Pourtant, certains planteurs soutiennent qu’on se dirige tout droit vers la fin de la canne à sucre, car n’oublions pas, à un certain moment, on était à plus de 700 000 tonnes de sucre et aujourd’hui on ne produit pas 300 000 tonnes et il n’y que trois usines en roulaison.

Je ne suis pas de cet avis. Durant le premier lockdown dû au Covid, on avait encore du stock pour l’exportation. Savez-vous que cette pandémie a permis à de nombreuses personnes de retourner vers la terre ? Le prix du sucre est en hausse sur le marché mondial. Le pays a développé des niche markets. Et je dois dire que le gouvernement est venu en aide aux planteurs. Que ce soit les subsides sur la tonne de sucre ou les produits dérivés de la canne comme la bagasse et la mélasse. Je connais quelqu’un qui fabrique des bouteilles à partir de la bagasse avec évidemment d’autres produits. Nos sucres spéciaux sont très prisés. Le rhum agricole fait la fierté de Maurice à l’étranger. Nous privilégions le tourisme, mais il le faut également pour ces produits fabriqués à partir de la canne.

Donc selon vous, c’est un secteur d’avenir, malgré ce que disent d’autres planteurs ?

Tout à fait. Mais je dois dire que l’État doit faire mieux. Il faut, par exemple, venir avec un «replantation scheme», car dans des champs, les cannes n’ont pas été replantées. Je ne suis pas d’accord avec le travail de certaines institutions. Il faut «the right man at the right place». Il y a beaucoup de jeunes qui veulent prendre la relève de leurs parents. Des jeunes diplômés qui, comme ce pilote qui a été lauréat, souhaitent valoriser davantage le secteur cannier. On est arrivé à une nouvelle période. Autrefois, des parents ont investi pour faire de leurs enfants des professionnels et aujourd’hui, ces professionnels souhaitent investir dans le secteur agricole.

 

Il y a un rapport de la Banque mondiale sur le secteur cannier qui tarde à être rendu public. Pensez-vous que plus cela tarde, plus il y a un certain découragement parmi certains planteurs ?

J’ai appris que certaines des recommandations sont appliquées, mais c’est vrai, j’aurais souhaité que le rapport soit rendu public pour que tous ceux qui sont dans ce secteur puissent mieux connaître où il se situe.