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Business de raies: les trafiquants ne veulent pas entendre raison
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Business de raies: les trafiquants ne veulent pas entendre raison
En un mois et demi, deux carcasses de raies ont été retrouvées à Palmar et Belle-Mare respectivement. Le corps de ces animaux marins ont été découverts avec les ailerons coupés. La première carcasse a été découverte par un habitant de la région et la seconde par les garde-côtes. À première vue, en découvrant les carcasses, plusieurs pensaient qu’il s’agissait de dauphins mais les deux côtés coupés ont fait comprendre qu’il s’agissait bien de raies, plus précisément de Eagle Ray Aetobatus, considérées comme une espèce en danger et que l’on trouve cependant dans les eaux mauriciennes, selon des sources concordantes.
S’agirait-il d’un trafic ? Les langues se délient. Si certains pêcheurs nient, d’autres avoueront qu’il y a bien un trafic de raies, qui ne date pas d’hier d’ailleurs. «Ena bokou dimounn asté sa bien ser pou fer la soup. Kav gagn ziska Rs 1500- 2000 ar enn sel nazwar si konn vander», soutient un pêcheur qui a voulu garder l’anonymat. Fait-il partie de ceux qui en pêchent ? Il ne le dira pas mais il avoue que le plus grand trafic se fait dans l’Est. C’est d’ailleurs dans cette région que les deux carcasses ont été retrouvées. Un autre pêcheur qui s’est confié après beaucoup de persuasion, donne plus de détails sur le profil des acheteurs. Il avoue que ce ne sont pas les Mauriciens qui en achètent mais des propriétaires de restaurants, entre autres, qui accueillent des étrangers. «Zot fer li pas kouma enn spesialité rar…» sans donner plus de détails.
Selon le scientifique Owen Griffiths de la Mauritius Marine Conservation Society, c’est un trafic très grave pour la biodiversité marine. Surtout que l’International Union for Conservation of Nature, a publié, pas plus tard qu’en septembre, un rapport mentionnant que les raies sont en déclin massif et considérées comme une espèce en voie d’extinction. «Les raies, en tant que prédateurs supérieurs, sont indispensables à un écosystème océanique sain et les océans sains sont des puits de carbone vitaux. C’est un crime contre l’environnement marin de tuer ces animaux et surtout d’en consommer car ce sont des animaux indispensables à l’écosystème marin.» Owen Griffiths ajoute que la pêche aux raies est en elle-même une pratique très cruelle car pour obtenir de ‘bons’ ailerons, on coupe les nageoires de l’animal vivant avant de le jeter à la mer pour le laisser mourir.
Du côté du ministère de la Pêche, on ne pipe mot de cela. Nous avons essayé de le contacter après la découverte de la deuxième carcasse de raie à Belle-Mare le dimanche 24 octobre, sans succès. Par ailleurs, les résultats des analyses ou encore l’enquête après la découverte de la première carcasse en septembre ne sont toujours pas connus non plus. On avait affirmé que l’identification de l’animal en lui-même n’avait pas été faite.
Pour la scientifique et activiste environnementale, Shaama Sandooyea, le manque d’intérêt et de communication du ministère de la Pêche, serait le problème car beaucoup de gens ne savent pas que cet animal est menacé d’extinction et que nous avons vraiment de la chance de les avoir dans nos eaux. «Est-ce qu’il y a vraiment des ressources sur place pour veiller à ce que cette espèce ne soit pas exploitée ? Si les gens arrivent à le pêcher sans problème c’est parce qu’il n’y a pas vrai- ment de projets pour les protéger.» En effet, un préposé du ministère de la Pêche a affirmé en septembre que la pêche aux raies était illégale mais quid des enquêtes ou de la surveillance du trafic ? Toujours pas de réponse…
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