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David Sauvage: «Changement climatique : c’est maintenant aux peuples d’agir !»

3 novembre 2021, 10:30

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David Sauvage: «Changement climatique : c’est maintenant aux peuples d’agir !»

«Si Glasgow échoue, tout échoue.» Pourquoi cette COP 26 s’avère plus cruciale que les précédentes ? Et quels sont ses principaux enjeux ?
Le dernier rapport du GIEC nous dit que nous avons dix ans pour changer de manière radicale le fonctionnement de nos économies, afin d’éviter d’atteindre un point de rupture de l'équilibre planétaire, qui conduira à la mise en péril des conditions même de la reproduction de la vie humaine. La science nous dit qu’une fois passé ce point de rupture irréversible, il est crucial d’agir. Cependant, la COP26 échouera, comme les 25 autres. Rien de nouveau sous le soleil. Les progrès de l'humanité ont toujours été le fruit des luttes, et c’est bien leurs victoires qui ont été traduites dans les Parlements et institutions internationales. 

Lorsque le Parlement néo-zélandais a voté en 2017 les droits de la Nature pour la rivière Whanganui, sous le gardiennage du Peuple Maori, ce n’est qu'après la victoire d’une lutte de plus de 100 ans.

La marée noire du «Wakashio» doit nous servir d’exemple. Ce n’est pas parce que le gouvernement échoue que tout va échouer. Nous avons agi, et mis en mouvement le pays tout entier, devant l’inaction de notre gouvernement. De même pour la crise écologique, après 25 ans d’immobilisme aux niveau du processus COP, c’est maintenant aux Peuples d’agir, sur les mêmes bases de l’écologie populaire et solidaire pratiquée au Waterfront de Mahébourg.

Le G20 a déçu le patron de l'ONU sur le thème de la lutte contre le changement climatique, alors que l'hôte de la cruciale COP26 lance un avertissement solennel. «Nous avons fait des progrès au G20 (...), mais ce n'est pas assez», a alerté le Premier ministre britannique. Les 20 pays les plus riches de la planète peuvent-ils encore influencer le reste du monde ?
Une des raisons de l'échec de la COP est justement parce qu'elle a été confisquée par les pays riches. Toutes ces fausses solutions, allant de la mise en place du droit de polluer avec le crédit carbone, les processus REDD (Reducing Emissions from Deforestation and forest Degradation) qui devaient mettre un frein à la déforestation sont des fausses solutions qui ont permis aux pays riches de continuer leurs sales besognes, mais avec un label vert en plus.

La dernière fausse solution en date est l’ESG (Environmental, Social Governance). Depuis 2016, elle suit les chemins des mécanismes foireux des pays riches, G20 compris, avant son déploiement dans les processus COP. Il faut à présent que les Peuples des pays du Sud reprennent la main et amènent des choix ambitieux et radicaux pour mettre fin à un statu quo qui dure depuis un quart de siècle. Le capitalisme n’apprend pas de ces erreurs, c’est bien ce que nous avons appris avec la pandémie du Covid-19. 

Le lobby des producteurs de pétrole et celui des énergies fossiles restent très puissants ?
Dès 1959, plus en profondeur dans les années 1970, et plus largement en 1980, les grandes compagnies pétrolières connaissent l’impact des énergies fossiles sur le climat. Depuis, elles n’ont rien fait et ont mis en place une stratégie du doute qui a consisté à nier l’impact des énergies fossiles sur le climat pour défendre leurs intérêts financiers (Complément d'enquête. La fin des rois du pétrole, France Televisions, 19/10/2021).

À une dizaine de jours de la COP, le Premier ministre mauricien a présenté un «Offshore Petroleum Bill». Est-ce un mauvais signal venant de Maurice ? Pourquoi ?
La République de Maurice a une occasion unique de contribuer à une meilleure planète. Notre histoire riche et pénible, notre diversité culturelle, notre situation géographique nous placent aujourd’hui sur le front de la lutte pour faire face à la crise écologique. Nous pouvons être un phare pour le monde, en amenant une démocratie participative, écologique et solidaire qui ferait de la lutte contre la crise écologique son nouveau pilier économiques, qu’on pourrait partager avec les peuples de la planète entière.

Ce gouvernement a pris l’habitude de faire régresser notre République, et cela dès 2019, avec sa volonté de maintenir un système communal. Nous ne pourrons pas résoudre la crise écologique si notre système démocratique reste englué avec le poison communal, dispersé par tant de crises et de campagnes électorales. La toute première action écologique est donc d’en finir avec le communalisme institutionnalisé.

La Zone d'océan sous notre responsabilité doit être déclarée patrimoine mondiale de biodiversité, et Zone de Paix démilitarisée. Les citoyens du monde entier pourront venir à l'île Maurice pour participer à ce nouveau pilier de l'économie planétaire, prendre soin de la Vie. 

L’objectif de créer un fonds de 100 milliards de dollars à destination des pays pauvres est-il tenable à Glasgow ?
100 milliards de dollars à destination des pays pauvres ne seraient que des miettes. Pour que la justice climatique se mettre en mouvement, il nous faudrait commencer par mettre les 11’300 milliards de dollars accumulés dans les Paradis fiscaux (cf. Pandora Papers) à la disposition des Peuples des pays du Sud.

Depuis 2015, Oxfam nous dit que 1 % des plus riches possède autant que les 99 % restants. Le drame de cette économie des 1 % amène aujourd’hui l'humanité à sa perte. 

L'écologie sans la lutte des classes, c’est du jardinage.