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Réduction du méthane: pourquoi Maurice doit s’y atteler

4 novembre 2021, 16:03

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Réduction du méthane: pourquoi Maurice doit s’y atteler

Diminuer l’émission de méthane de 30 % d’ici 2030 : 103 dirigeants du monde s’y sont engagés à la COP26 à Glasgow, le 2 novembre. Or, 30% du réchauffement climatique est imputable à ce gaz. Bien que Maurice ne fasse pas partie des pays signataires, selon le service de presse de la conférence internationale, divers facteurs accélèrent la production du méthane. Pourquoi et comment réduire cette émission de gaz localement ?

«Mieux vaut prendre des décisions difficiles aujourd’hui que de se casser la figure plus tard. Une action prioritaire contre le méthane et les gaz à effet de serre est d’améliorer notre alimentation. Nous mangeons énormément de viande, ce qui est très néfaste», déclare Vincent Florens, professeur agrégé en écologie à l’Université de Maurice. Pourquoi une telle pratique alimentaire est-elle lourde de conséquences ? Cela contribue à la déforestation et aux émissions de méthane. «Hélas, tout discours en faveur d’une réduction de la consommation se heurte aux tabous», ajoute-t-il. Pourtant, celle-ci améliorerait la santé humaine et par extension les émissions de gaz à effet de serre ainsi que le gaspillage alimentaire dont le seuil est de 40 %.

Parallèlement, une autre mesure est de s’atteler à la restauration des forêts. «Maurice demeure une destination des plus sujettes à la déforestation au monde. Retourner ces forêts dans la mesure du possible sur les terres abandonnées entre autres ne peut qu’être bénéfique pour l’île. Non seulement cela contrera les inondations mais on réduira aussi de huit à onze fois le ruissellement de surface», soutient Vincent Florens, qui travaille sur un projet de restauration des forêts indigènes financé par l’Agence française de développement en collaboration avec Business Mauritius. L’usage de mangroves plutôt que du ciment, matériau qui rajoute une couche aux émissions de gaz ainsi que les énergies renouvelables constituent une autre piste d’intervention contre le méthane. Selon lui, Maurice figure également parmi les 10 % des pays les plus surpeuplés au monde, ce qui nous pousse dans «l’extrême des extrêmes».

Alimentation moins carnée

De son côté, Claudia Baider, écologiste et membre des associations Friends of the Environment et Nature Yetu, évoque la nécessité d’identifier les changements au niveau des sols, émetteurs de méthane. «Lorsque les individus reconvertissent des zones humides à d’autres usages, cela peut engendrer la production de méthane. De plus, il faut se demander comment Maurice dispose de ses déchets qui émettent ce gaz. On doit penser de manière plus cohérente pour trouver des solutions technologiques et naturelles.» Cette dernière appelle également à privilégier une alimentation moins carnée à la fois produite localement mais surtout pas issue d’importations.

En fait, indique Pamela Bappoo Dundoo, National Coordinator de l’United Nations Development Programme (UNDP) Global Environment Facility Smalls Grants Programme, à Maurice, le plus gros émetteur de méthane provient des déchets, surtout ceux d’ordre organique. «On ne calcule pas la quantité de méthane émis mais plutôt son pouvoir de gaz à effet de serre par rapport au CO2 . Pour Maurice, on est dans 1,9 million de tonnes par an en équivalant de CO2. Loin derrière, tout ce qui est combustion du fioul pour la production énergétique est également contributif à l’émission de méthane. Nous devons considérer ce que nous consommons à travers l’importation.»

L’agriculture n’y échappe pas non plus. Par exemple, lorsque des équipements manipulent la terre, ce gaz est relâché dans l’atmosphère. C’est pourquoi la permaculture ou l’agriculture biologique favorisent un maniement minimal de la terre.

Cela dit, il faut relativiser la position de Maurice par rapport aux autres pays comme l’île est à 0,01 % de contribution de CO2, tous gaz confondus, comparée à la Chine avec plus de 25 %. D’ailleurs, cet état ainsi que la Russie et l’Inde, comme Maurice, ne sont pas signataires de l’accord à réduire le méthane de 30 % d’ici les neuf prochaines années.

Pour sa part, le Dr Adeelah Kodabux, Senior Lecturer in International Relations de la Middlesex University Mauritius, affirme que le méthane est un contributeur majeur au réchauffement global, possédant une incidence plus élevée que l’oxyde de carbone d’après l’International Panel on Climate Change. Cela dit, globalement, les concentrations en méthane ont plus que doublé et cela dû à la production de riz, l’élevage bovin et la combustion du fioul notamment. «Maurice peut réduire son émission de méthane d’ordre agricole et animal ainsi que de la combustion des déchets agricoles. À ce stade, il y a peu de détails sur comment l’île peut atteindre cet objectif», estime-t-elle.

Les petits états comme Maurice doivent investir dans des pratiques pour innover et mesurer les émissions de méthane associées aux productions agricoles, entre autres activités liées à la terre.