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Changement climatique: ces dernières années la déforestation n’a jamais cessé
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Changement climatique: ces dernières années la déforestation n’a jamais cessé
«Perte de la biodiversité, érosion des sols, inondation, hausse de la température, pertes de services écosystémiques (par exemple, la séquestration de carbone), répercussion sur les activités humaines…». Telles sont les quelques conséquences liées au déclin de nos forêts que nous brosse l’écologue Vincent Florens. Rappelons-le, Maurice est un PEID, vulnérable aux enjeux climatiques.
Notre île figure parmi les signataires de la Glasgow Leaders Declaration sur les forêts et l’utilisation des terres. Ce document est un engagement pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, notamment de réduire la vulnérabilité aux impacts du changement climatique et maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C et poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C. Stopper et inverser la perte de forêts et la dégradation des sols sont les objectifs de ces signataires. Toutefois, durant ces dernières années, la destruction de la faune n’a pas cessé au niveau mondial comme à Maurice. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le draft report 2021 de la National Land Development Strategy, nous pouvions compter 56 600 hectares de forêts publiques et privées en 2003. Les dernières données de Statistics Mauritius indiquent qu’en 2020, la superficie a chuté à 47 011 hectares, soit 25 000 hectares privés et 22 011 appartenant à l’État. Déjà en 1997, il n’y avait que de 2 % de bonne forêt indigène à Maurice. Il est estimé qu’en 2021 le compte est de moins de 1,3 % malgré les projets de conservation et de préservation des forêts.
Vincent Florens estime que cela est étroitement lié à la politique locale qui néglige fortement les questions de protection de la biodiversité. «Depuis les années 1930, nous avons perdu 50% des grands arbres dans les forêts indigènes protégées. Il nous faut gérer ces forets ; contrôler les espèces envahissantes, des plantes comme les goyaviers principalement. Or, nous ne gérons que 5 % de la forêt qu’il nous reste. Les 95 % restants se dégradent davantage (…)» «Ces chiffres démontrent que nous perdons de la forêt à Maurice à une vitesse grand V et que la perte est alarmante», déclare de son côté Vikash Tatayah, directeur de la Mauritius Wildlife Foundation. D’une part, «sur les terrains privés, il y a de la déforestation pour des projets de chalet entre autres» et d’autre part, «le gouvernement fait des développements tels qu’élargissement ou construction de routes».
Restauration des forets
Mentionnant les dix règles d’or des scientifiques pour la restauration des forêts, parmi les premières règles, il cite qu’il ne faut pas abattre le peu de forêt que nous avons, mais de la préserver et empêcher qu’elle se dégrade. Soulignant que pour le reboisement, il faut mettre en terre la bonne plante au bon endroit.
Selon une étude menée par Vincent Florens, Maurice perd de la biodiversité même dans les forêts les mieux préservées et mieux restaurées de Maurice, malgré les efforts de conservation. Cela dit, «il faut que le pays fasse mieux et plus», soutient Vikash Tatayah. «Beaucoup des plantes mises en terre sont des espèces exotiques, envahissantes, soit qui vont amener autant ou plus de problèmes que de solutions (…) Il faut planter des arbres endémiques.»
En outre, le State of the World’s Trees Report indique que Maurice fait partie des îles ayant les plus fortes proportions d’arbres menacés, soit 57 %. La capacité de rétention de carbone se dégrade. «La biodiversité est hautement menacée. Il y a de beaux efforts de conservation mais quatre siècles de dégradation et de destruction de forêts qui continuent. Si on veut gagner la bataille de la conservation et climatique, les actions doivent être plus retentissantes que les discours. Soit planter plus d’espèces indigènes, restaurer encore plus de forêts.»
Selon le directeur de la Mauritius Wildlife Foundation, il faudrait faire une introspection de la direction que prend Maurice et revoir les stratégies et les politiques, comme la plantation, ou encore la politique d’abattage de chauve-souris. Car l’abattage de cette espèce a des répercussions sur la dispersion des fruits, des plantes endémiques et la pollinisation des arbres qui sont distantes.
Ceci a un impact important sur la capacité de nos forêts de se régénérer. Il faudra une concertation avec les partenaires, les organisations non-gouvernementales et le secteur privé. Les autorités doivent agir pour faire appliquer les lois et politiques. Au cas contraire, «nous perdrons la bataille contre l’adaptation au climat». Bien que le changement soit possible, il faut agir, dit-il. Précisant que la déforestation n’est pas un problème qui date d’hier.
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